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Albiach Anne-Marie

Albiach Anne-Marie (1937). Dès Flammigère (Siècle à mains, 1967), son premier recueil, Anne-Marie Albiach a choisi d’égarer son lecteur dans le labyrinthe spiralé de lectures partielles et superposables, où le sens est maintenu en suspens. Défiant la prosodie, le poème progresse selon un rythme syncopé, à coups de répétitions, d’union et de désunion de termes simples. Avec Etat (Mercure de France, 1971) dont le E en italique rend délibérément le mot imprononçable, il s’agit toujours de lier, par le cadrage de la représentation poétique, une énergie désirante mais le lyrisme repose essentiellement sur l’intensité des ellipses qui « déportent » le souffle. La respiration est l’indice de la présence du corps, matière textuelle où se joue le devenir des signes. Un présent neutre gomme les catégories temporelles au profit de la dimension spatiale de la page et de la « nudité blanche de la lettre », à la fois volume, surface et prisme. Ce travail sur la césure et le blanc culmine, à la limite de l’effacement, dans Mezza Voce (Flammarion, 1984). La désarticulation typographique du vers et la syntaxe violentée introduisent la notion d’« entropie » : la poésie est conçue comme un « acte de destruction qui se régénère ». Figure vocative ((Lettres de Casse, 1985), Le Chemin de l’ermitage (Première Saline, 1986) et Travail vertical et blanc (Spectres familiers, 1989) poursuivent le projet global d’une élucidation de « l’énigme » : l’exercice de la langue est avant tout affrontement non résolu avec l’impensable.

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