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Amrouche Jean El-Mouhoub (1906-1962)

Amrouche Jean El-Mouhoub (1906-1962). Né en Algérie d’une famille berbère de Kabylie. Ses parents, convertis au christianisme et mal à l’aise parmi leurs proches, se résolvent à l’exil, la misère aidant. La famille Amrouche s’installe à Tunis, où Jean commence de brillantes études secondaires, qu’il poursuit à Paris. Introduit assez tôt dans le milieu littéraire, il écrit des poèmes d’inspiration catholique, personnelle et tragique. Par sa mère et sa grand-mère maternelle, il connaît la littérature orale traditionnelle des berbères de Kabylie, des chants (toute poésie étant chantée), des contes, des proverbes. À l’aide de sa sœur Taos, grâce aux talents et à la mémoire de leur mère Fadhma, il transcrit en français des Chants berbères de Kabylie, publiés à Tunis en 1939. Le livre comporte une préface en forme de manifeste. C’est le début de ce qu’on pourrait appeler une renaissance berbère. Pendant la guerre, Jean Amrouche rencontre à Tunis André Gide, grâce auquel il rejoint le général de Gaulle à Alger. Il y fonde en 1944 une revue littéraire, L’Arche. En 1945, il s’installe à Paris et réalise des entretiens radiophoniques consacrés à Gide, Claudel, Mauriac, Giono, Ungaretti, Jouhan-deau. Au début de la guerre d’Algérie, en 1954, il réclame la reconnaissance de l’identité algérienne dans des articles (publiés dans Le Monde, Témoignage chrétien, Afrique-action), des meetings, des conférences et rencontre des membres du FLN, dont il est le porte-parole auprès du général de Gaulle. Prêt à jouer un rôle dans le gouvernement d’une Algérie bientôt indépendante, il meurt d’un cancer le 16 avril 1962. Des militants jettent un peu de terre algérienne sur son cercueil.
L’œuvre littéraire de Jean Amrouche n’est pas très abondante. Outre les Chants berbères de Kabylie et de nombreux articles, elle comprend deux recueils de poèmes, Cendres (1934) et Étoile secrète (1937), ainsi qu’un court texte en prose, Portrait de Jugurtha, essentiel pour la définition de l’identité berbère. Il est désormais reconnu comme le véritable fondateur de la littérature algérienne francophone parce qu’il symbolise le drame de l’exil et du déchirement, dont sa sœur Taos Amrouche donne une version féminine dans ses romans, et dont leur mère Fadhma Amrouche raconte l’origine dans son récit autobiographique, Histoire de ma vie. Kateb Yacine a souligné la place exemplaire de la famille Amrouche aux origines de la littérature algérienne.



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