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apologue aposiopèse apostrophe apothéose arbitraire du signe

apologue (n. m., du grec apo, « sur », et logos, « discours »). Exposé d’une pensée morale sous la forme d’un récit qui peut être allégorique, et qui s’inscrit dans un ensemble plus large. Exemple : l’apologue des ailes en or forgé par Bardamu au début de Voyage au bout de la nuit de Céline (1932) : Un Dieu qui compte les minutes et les sous, un Dieu désespéré, sensuel et grognon comme un cochon. Un cochon avec des ailes en or qui retombe partout, le ventre en l’air, prêt aux caresses, c’est lui, c’est notre maître. Embrassons-nous !

aposiopèse (n. £, du grec aposiopeïn, « se taire »). Figure de construction autant que de pensée qu’on appelle aussi réticence. C’est l’interruption totale d’un propos qui reste suspendu, mais dont l’implicite se fait clairement entendre. Exemple de Sylvie de Gérard de Nerval : Je me dis : « Là était le bonheur peut-être ; cependant... » apostrophe (n. f., du grec apo, «sur», et strophe, « tour »). En rhétorique, figure par laquelle l’orateur, s’interrompant tout à coup, adresse la parole à quelqu’un ou à quelque chose : « Ecoutez-moi bien, camarade, et ne le laissez plus passer sans bien vous pénétrer de son importance, ce signe capital dont resplendissent toutes les hypocrisies meurtrières de notre Société : “L’attendrissement sur le sort, sur la condition du miteux... ” Je vous le dis, petits bonshommes, couillons de la vie, battus, rançonnés, transpirants de toujours, je vous préviens, quand les grands de ce monde se mettent à vous aimer, c’est qu’ils vont vous tourner en saucissons de bataille. [...]. » (Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932) (M.A.)

apothéose (n. f.). On parle d’apothéose lorsque, dans le tableau final d’un opéra, d’une féerie, apparaissent les dieux, ou lorsque le décorateur ou le metteur en scène déploient un luxe surprenant d’effets. Mais l’apothéose dramatique est aussi, à la fin du XVIIIe siècle et pendant la Révolution, un genre dramatique : c’est une petite pièce de circonstance (ou la scène finale d’une pièce) en l’honneur d’un personnage célèbre dont on proclame l’immortalité. Exemples : L'Apothéose de Bara, La Mort de Marat suivie de son apothéose. C’est encore, parfois, une cérémonie improvisée au théâtre comme la célèbre apothéose offerte à Voltaire par les Comédiens-Français en 1778.


arbitraire du signe. On dit depuis F. de Saussure (1857-1913) que le signe linguistique est arbitraire pour rappeler le fait qu’il n’y a aucun lien de nécessité entre le signifiant et le signifié d’un mot : il n’y a aucun rapport entre les sons du mot « arbre » et la chose « arbre » ; on dira que la relation signifiant/signifié est immotivée. La meilleure preuve du caractère arbitraire du signe, c’est qu’au même signifié correspondent des signifiants différents selon les langues : tree, albero, Baum, ki... Seuls les signes à base mimétique sont pleinement ou partiellement motivés : onomatopées (« dring »), ou composés d’onomatopées (« chuchoter »), mots enfantins (un « ouaoua »)... Ce n’est que par réinvestissement secondaire, projection du signifié sur le signifiant, que nous trouvons que le mot « caresser » est doux, « casser » violent. Certains, dont les symbolistes français, ont pourtant fixé pour but au discours littéraire, et particulièrement au discours poétique, de briser l’évidence de l’arbitraire du signe : la matérialité sonore du texte, le rythme du vers, etc. doivent parvenir, sinon à manifester, du moins à doubler le contenu sémantique de l’énoncé.






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