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BARRÉS Maurice 1862 - 1923

BARRÉS Maurice 1862 - 1923
Romancier et homme politique, né à Charmes-sur-Moselle. Né poète, il se rebelle d’abord contre son milieu, trop conformiste et trop préoccupé d’argent à gagner. C’est l’époque de son premier cycle de trois romans (Sous l’œil des Barbares, 1888 ; Un homme libre, 1889 ; Le Jardin de Bérénice, 1891), réunis sous ce titre collectif : Le Culte du Moi. Une écriture somptueuse, un rythme tour à tour nonchalant et nerveux, chargé de « morbidesse » fin-de-siècle, le signale dès cette époque à l’attention du public ; ou tout au moins, des lettrés. Mais, justement, il va changer de public : les préoccupations personnelles du jeune Lorrain, humilié par la défaite militaire de 1871, passent au premier plan, et vont amener bientôt le poète Barrés à la Chambre des députés (1889). Là, sur les bancs de la droite nationaliste, militariste (et, de plus, antisémite, en ces temps de l’affaire Dreyfus), il sera le chantre de Bellone aux côtés du général Boulanger, l’homme de la « Revanche ». Volte-face plus apparente que réelle, en définitive, puisqu’il rendait un culte à son Moi, désormais, à travers sa « terre natale » et la race de ses aïeux. Au surplus, il va hésiter un instant encore entre ces deux sollicitations opposées de l’esthétisme et de la lutte politique : L’Ennemi des lois (1892) et Du sang, de la volupté et de la mort (1894), d’une part; de l’autre un deuxième « cycle » romanesque, dit de l'Énergie nationale, en trois parties : Les Déracinés (1897), L’Appel du soldat (1900), Leurs figures (1902).
Au seuil de la guerre il donne un étonnant et, plus encore, émouvant chef-d’œuvre : La Colline inspirée (1912), C’est l’histoire d’une expérience mystique en Lorraine, condamnée in fine par le Saint-Siège ; œuvre riche et presque ambiguë parfois, qui le montre encore attentif, fasciné presque, devant les « irréguliers ». La guerre, par contre, le verra s’abaisser à tenir le rôle de journaliste héroïque à l’arrière ; ainsi le 18 novembre 1915, L’Écho de Paris publiait sous sa signature ces lignes qui ont été trop célèbres et trop louées : Aujourd’hui, dans le monde entier, chacun connaît cet épisode [...] Les Allemands ont envahi une tranchée et brisé toute résistance ; nos soldats gisent à terre, mais soudain de cet amas de blessés et de cadavres, quelqu’un se soulève et saisissant à portée de sa main un sac de grenades, s’écrie : Debout, les morts! À cet appel les blessés se redressent. Ils chassent l’envahisseur. Le mot sublime avait fait une résurrection. Toutefois, un an avant de mourir, il donne la plus sereine et, tout à la fois, la plus poétique de ses œuvres. Un Jardin sur l’Oronte (1922). Le monumental ensemble, posthume, des Cahiers (quatorze volumes) apporte davantage au compte des idées du penseur Barrés que du poète, mais c’est sans aucun doute celui-ci qui reste le plus vivant.

■ Œuvres - En poche : Le Culte du Moi. - La Colline inspirée. - Autres : Huit jours chez M. Renan (Rouvert, coll. Libertés). - Un jardin sur l'Oronte (Plon). — Cahiers (1896-1923), éd. par G. Dupré (Plon).

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