Bouvard et Pécuchet Gustave FLAUBERT 1881 (posthume)
En 1872, Flaubert écrit : «Je médite une chose où j’exhalerai ma colère Je vomirai sur mes contemporains le dégoût qu’ils m’inspirent.» Cette «chose» est Bouvard et Pécuchet, sorte de roman philosophique d’un comique grinçant. Deux employés parisiens vieillissants, qui se sont rencontrés par hasard, se prennent de sympathie l’un pour l’autre. Un héritage étant échu à Bouvard, ils s’installent dans une propriété normande pour vivre à leur guise. Avec un enthousiasme naïf, toujours intact malgré leurs échecs constants, ils étudient et tentent de mettre en pratique sur leur domaine et dans leur village toutes les techniques, toutes les sciences, tous les systèmes. Le récit s’interrompt avant le terme prévu par Flaubert : Bouvard et Pécuchet, dégoûtés de tout — «Tout leur a craqué dans les mains» —, devaient reprendre leur activité de copistes. La signification de l’œuvre a été parfaitement dégagée par Maupassant : «C’est une revue de toutes les sciences, telles qu’elles apparaissent à deux esprits assez lucides, médiocres et simples. C’est [...] surtout une prodigieuse critique de tous les systèmes scientifiques opposés les uns aux autres, se détruisant les uns les autres [...]. C’est l’histoire de la faiblesse de l’intelligence humaine, [...] de l’éternelle et universelle bêtise. »