Britannicus Jean RACINE 1669
Pour cette tragédie en cinq actes à sujet romain, Racine a choisi, à la fin de la dynastie julio-claudienne, le moment où le jeune empereur Néron, parvenu au pouvoir en 54 après J.-C., s’engage dans la voie du crime où sa mère, la terrible Agrippine, l’a d’ailleurs précédé en faisant périr l’empereur Claude, son époux.
La pièce porte le nom d’une victime, Britannicus, fils de Claude et demi-frère de Néron, qu’Agrippine a écarté du trône et que Néron va faire empoisonner. Cependant, le vrai sujet est le conflit entre une mère ambitieuse et possessive et un fils qui veut conquérir sa liberté (I, 1). Pour braver sa mère, Néron a fait enlever Junie, la fiancée de Britannicus, et maintenant, par caprice d’esthète, il voudrait la séduire ; pourtant il redoute les réactions d’Agrippine malgré les encouragements de l’affranchi Narcisse, gouverneur de Britannicus (II, 2). Sommée d’éloigner son fiancé (II, 3), Junie lutte avec dignité pour le sauver de la jalousie de Néron (II, 6), mais Britannicus, par son aveugle maladresse (III, 7), en déchaîne la colère (III, 8). Devant les reproches d’Agrippine qui protège désormais Britannicus et Junie pour sauver son autorité, Néron semble plier (IV, 2); en réalité, il songe déjà à assassiner son rival. Burrhus, son ancien gouverneur, réussit momentanément à l’en détourner (IV, 3), tandis que Narcisse, son mauvais génie, l’entraîne dans le crime (IV, 4). Au moment où Agrippine se réjouit de sa victoire, on verse du poison à Britannicus (V, 3-4). Agrippine prévoit le jour où son fils s’en prendra à elle-même (V, 6). Tout en peignant avec force une période dramatique de l’histoire romaine, Racine explore les régions obscures du cœur humain.