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cabale cadence cadence majeure cadence mineure calligramme cantilène canzoniere caractère carré sémiotique Cartel des Quatre catachrèse cataphore

cabale. Ce nom, emprunté à l’hébreu, signifie manœuvres secrètes et concertées d’un groupe de personnes qui souhaitent faire réussir ou, le plus souvent, échouer une personne, un livre, une pièce de théâtre, une idée, un projet, mais il désigne aussi le groupe de personnes qui se réunissent dans ce dessein. Dans le domaine du théâtre tout particulièrement : « Conspiration ourdie dans le but de préparer et provoquer la chute d’une pièce de théâtre » (Pougin).
cadence (de l’italien cadenza, « chute d’une phrase, rythme »). Désigne une proportion entre constituants de phrase, syntagmes, propositions, ou encore entre mètres, pour produire des effets de rythme, en particulier dans les clausules. cadence majeure. On parle de cadence majeure quand le rapport entre les groupes est croissant. Par exemple, une phrase périodique a une cadence majeure quand une protase brève est suivie par une apodose longue. cadence mineure. On parle de cadence mineure quand le rapport entre les groupes est décroissant : une phrase périodique a une cadence mineure si la protase est nettement plus longue que l’apodose.
calembour (XVIIIe siècle ; peut-être du néerlandais kallen, « bavarder », et de l’ancien français bourde, « mensonge, plaisanterie »). Jeu de mots qui rapproche des signifiants semblables correspondant à des signifiés différents. Par exemple, Raymond Queneau, au début de Zazie dans le métro, évoque plaisamment le parfum de Gabriel : Barbouze, de chez Fior. Le mot Barbouze est un calembour : il signifie en argot « agent secret », et rassemble les mots barbe et bouse. calligramme (n. m.). Forgé par Apollinaire en 1918 en agglutinant calligraphie et idéogramme (grec kallos, «beau», et gramma, «lettre») pour nommer certains poèmes du recueil qui porte ce titre. Poème qui, par l’agencement de l’écriture, forme un dessin. Le calligramme s’inscrit dans une tradition très ancienne qui remonte à Théocrite et aux poètes alexandrins et qui a ressurgi à la Renaissance sous le nom de « vers figurés » (carmina figurata). Exemple : le calligramme d’Apollinaire en forme de tour Eiffel.

canon (du grec kanôn, « tige de roseau », « règle longue et droite »). Ensemble des livres de la Bible dont on admet qu’ils ont été inspirés par Dieu ; pour les philologues d’Alexandrie, ensemble des œuvres authentiques d’un auteur à qui sont parfois également attribués des textes apocryphes, mais aussi ensemble des auteurs que l’on considère comme des modèles. C’est ce dernier sens qui prévaut dans le domaine littéraire où le canon désigne les œuvres que chaque époque définit tacitement comme majeures en en faisant un objet de commentaire critique et d’enseignement. Le canon recoupe donc à peu près l’ensemble des œuvres « classiques » au sens large, c est-à-dire consacrées par l’admiration. canso (n. f.). Forme poétique de base des troubadours, avec à chaque fois une mélodie nouvelle, et qui a pour thème l’amour courtois. Elle comporte des couplets sans refrain, parfois sur des rimes diverses, parfois sur des rimes identiques pour toutes les strophes (coblas uniso-nans), suivis d’une sorte d’envoi (tornada). Voici le premier couplet d’une canso attribuée à Jaufré Rudel :



cantilène. Terme employé par la critique en médiévis-tique pour désigner des poèmes qui auraient été composés en langue vulgaire, aux époques mérovingienne et carolingienne, dans une forme de type lyrique sur des sujets épiques, et où se seraient exprimées, selon G. Paris (fin XIXe siècle), les premières manifestations populaires du sentiment national. Elles auraient été les ancêtres des chansons de geste. Cette hypothèse est aujourd’hui abandonnée. Des chroniques carolingiennes en latin emploient le terme de cantilena pour désigner une activité poétique en langue vulgaire qui n’a par ailleurs pas laissé de traces écrites.

canzoniere (n. m., de l’italien canzone, « chanson » et canzoniere, « recueil de chansons » ; on traduit parfois par « chansonnier »). Le terme a été employé très tôt (dès le XVe siècle) pour désigner l’œuvre poétique en italien de Pétrarque consacrée à Laure, et c’est le titre sous lequel le recueil est publié au XVIe siècle. En fait le recueil de Pétrarque s’intitulait Rerum vulgarium fragmenta (fragments en langue vulgaire) ou rime sparse (vers épars), ce qui indiquait l’idée de dispersion et aussi de recueil de fragments antérieurs. De plus, ces poèmes n’étaient pas destinés à être chantés, quoiqu’ils l’aient été très tôt, et la chanson {canzone) n’est qu’une des nombreuses formes qui constituent le recueil de Pétrarque. Ce qui prévalait était le fait que des pièces disparates fussent rassemblées dans une totalité ordonnée a posteriori. La critique, eh Italie et en France, l’utilise dorénavant pour désigner un recueil de poèmes d’amour composé comme un tout autour de la célébration d’une seule entité féminine ou d’une seule femme. Les définitions sont plus ou moins larges (recueil de poèmes d’amour, ou recueil de poèmes de résonance pétrarquiste et néoplatonicienne, ou recueil de poèmes de tonalité mélancolique, etc.). Le plus souvent les canzonieri français (qui ne portent jamais ce titre) sont des recueils de sonnets, même s’ils contiennent quelques poèmes parfois intitulés « chansons ».

caractère. Ensemble de traits psychologiques et de comportement qui distinguent un personnage, d’où personnage de théâtre. L’avare, le misanthrope, le jaloux sont des caractères. Le mot, originaire du grec ancien {kharakter) où il signifie « entaille », « signe marqué », est vieilli dans ce sens, mais lexicalisé aussi en anglais, en allemand et en espagnol. Il est utilisé pour traduire ethos dans la Poétique d’Aristote, où il reçoit une définition qui n’est guère précise : selon une opposition discrète avec muthos, la « fable », le caractère est soumis à l’action qu’il manifeste. C’est un ensemble de déterminations, liées aux paroles et aux actions, qui caractérisent celui qui agit, le personnage. Par extension, caractère est synonyme de personnage et le terme, de plus en plus nettement à partir du XVIIe siècle, désigne le contenu psychologique et moral distinctif de chaque personnage. Dans le système dramatique des xviie et xviiie siècles, le mot correspond cependant aussi à une façon d’élaborer les personnages à partir de traits distinctifs accentués qui les individualisent dans la tragédie et en font des types généraux dans la comédie, qui opposent les personnages élevés de la tragédie, avec leurs passions hypertrophiées, aux personnages bas de la comédie. La comédie de caractère : ce système dramatique est analysé et critiqué par Diderot, puis par Lessing.

Diderot oppose les caractères aux conditions (le juge, le commerçant, le financier) et aux relations (le père de famille) qui définissent le personnage par son état social. Aux XIXe et XXe siècles, le caractère prend une dimension psychologique de plus en plus nette et la notion se démode avec le théâtre auquel elle est liée.

carnavalesque. Registre caractérisé, au Moyen Age et à la Renaissance, par des structures mentales, thématiques et rhétoriques caractéristiques de l’institution du Carnaval et, plus anciennement, de la fête des Fous et de la fête de l’Ane. Le terme est emprunté aux traductions françaises des œuvres de M. Bakhtine consacrées aux formes populaires du rire à la Renaissance, et en particulier chez Rabelais. Le principe du carnavalesque est l’inversion systématique du haut et du bas, du devant et du derrière, le détrônement bouffon, la promotion des valeurs du corps contre celles de l’esprit : nourriture, boisson, sexualité. Le but de ces inversions et de ce retour au « bas corporel » est de détruire symboliquement un ordre sclérosé pour le régénérer : il n’a rien de révolutionnaire. Le maniement de ce concept est particulièrement délicat et suscite toujours des controverses.

carré sémiotique. Le carré d’Aristote ou carré sémiotique est une représentation des relations logiques qu’entretient toute proposition avec des propositions contraires ou complémentaires. Ainsi, une proposition A (exemple : « Tous les hommes sont mortels ») s’oppose à une proposition B (« Aucun homme n’est mortel »), mais entretient aussi des relations logiques avec non-A (« Il est faux de dire que tous les hommes sont mortels » = « Certains hommes ne sont pas mortels ») et non-B (« Il est faux de dire qu’aucun nomme n’est mortel » = « Certains hommes sont mortels »). Ces quatre propositions forment un carré A, B, non-A, non-B, qui constitue la structure élémentaire des relations logiques. Les textes littéraires parcourent souvent chacun des quatre pôles du carré pour mettre en jeu un dynamisme dialectique ; c’est le cas par exemple de la tragédie classique quand elle est construite sur une structure du type : avoir le droit d’aimer / ne pas avoir le droit d’aimer / avoir l’obligation d’aimer / ne pas avoir l’obligation d’aimer.


Cartel des Quatre. Institution théâtrale d’entraide fondée en 1927 par quatre metteurs en scène, Gaston Baty, Charles Dullin, Louis Jouvet et Georges Pitoëff pour promouvoir un théâtre littéraire. Ils portent à la scène aussi bien les classiques que les dramaturges étrangers, mais également de nouveaux auteurs, Anouilh, Cocteau, Giraudoux ou bien Jules Romains.

catachrèse (n. f., du grec katakhrèsis, « usage, emploi », mais aussi dès Aristote, en rhétorique, « emploi d’un mot en un sens abusif »). Figure par laquelle un mot désigne, par métaphore (cas le plus fréquent), métonymie ou synecdoque, une chose pour laquelle la langue n’a pas de mot propre. Par exemple les « pieds » d’une chaise, les « bras » d’un fauteuil.

Catachrèse. Figure lexicalisée obligatoire en l’absence de tout terme propre, comme lorsqu’on parle du pied d’une table. Le mot pied est ici figuré, puisqu’il est emprunté au domaine de l’humain, mais il ne remplace aucun autre terme.

cataphore (n. f.). Mécanisme symétrique de l’anaphore, il y a cataphore (ou référenciation cataphorique) lorsqu’un groupe nominal, un pronom... renvoie à un élément qui se trouve « plus bas » (grec kata) dans le texte. C’est le cas de « ce langage » dans Maître Renard [...] lui tint à peu près ce langage : «Et bonjour... » (La Fontaine, Fables) ; le groupe nominal « ce langage » introduit ce qui va suivre. L’emploi de tournures cataphoriques donne souvent une certaine solennité au propos. Dans la phrase : « Laisse-moi te dire ceci : [...]. Et retiens bien tous ces conseils », le pronom démonstratif « ceci » est cataphorique, tandis que le groupe nominal « ces conseils » est anaphorique.


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