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classique. Dans son Dictionnaire (posthume, 1690), Furetière définit comme classiques les auteurs « qu’on lit dans les classes, les écoles, ou qui y ont grande autorité », et au siècle suivant, l’adjectif désigne la littérature de l’Anti-quité gréco-romaine. Au XIXe siècle, classique s’oppose à romantique pour définir les écrivains qui défendent la tradition antérieure. Aujourd’hui classique désigne, au sens strict, les écrivains de l’âge classique (de la fin des guerres de religion à la Révolution) et, de manière encore plus restreinte, les œuvres écrites pendant le classicisme. En un sens plus large et banal, sont classiques toutes les œuvres consacrées par l’admiration.


clausule (n. f., du latin claudere, « clore, terminer »). En rhétorique, fin de période particulièrement soignée (rythme, syntaxe, sonorités). En poésie, fin de poème qui se détache particulièrement du reste, soit par la pointe, comme dans l’épigramme, soit par l’effet d’une disposition particulière : vers plus bref, tiret qui introduit les derniers vers, emploi du blanc typographique, etc.

clerc. Au Moyen Age, ce terme désigne toute personne ayant suivi des études universitaires, la clergie étant tout simplement l’instruction. La plupart des clercs n’avaient reçu que les ordres mineurs et n’avaient aucune fonction dans l’Église. Mais tous relevaient des juridictions ecclésiastiques et non des tribunaux civils, ce qui constituait un privilège apprécié. Le clerc est celui qui connaît le latin et qui sait lire et écrire. Là plupart des écrivains appartenaient à ce milieu, par ailleurs dépourvu de toute unité. En face du clerc, dans la vie littéraire du Moyen Age, il y a d’une part le chevalier poète; et d’autre part le jongleur, spécialiste de la diffusion orale.

cliché. Au Moyen Âge, le cliché est le fondement même de l’esthétique et de la composition poétiques, en particulier dans la poésie lyrique et dans la chanson de geste : pour la première, il est le bien commun des poètes, sur lequel chacun exerce son habileté formelle, le principe de la poésie médiévale étant moins l’invention que la variation formelle ; pour la seconde, le cliché est le schéma virtuel qu’actualisent les multiples variantes stéréotypées des motifs et des formules. Le terme n’a donc aucune valeur péjorative. Il désigne par la suite une image stéréotypée, appelée aussi poncif ou lieu commun. Le cliché est fait de termes qui ne sont pas liés par un figement mais par un appariement automatique dû à son extrême fréquence : « la verte prairie », « les rênes du gouvernement », « la fraîche jeune fille », « clair comme l’eau de roche », etc. Le cliché, par son caractère banal, attire la parodie et l’ironie. Ainsi, Laforgue, au début de la « Complainte à Notre-Dame des Soirs », se moque du cliché de la nature idéalisée :

L’Extase du soleil, peuh ! La Nature, fade Usine de sève aux lymphatiques parfums.

climax (n. m., du grec klimax, « échelle »). En rhétorique, synonyme de gradation.

clou. À l’origine, terme propre à l’argot du théâtre (début du XIXe siècle) qui désigne le moment d’une représentation théâtrale dont on escompte le plus grand succès. Généralement, il s’agit d’une surprise de mise en scène. Le mélodrame du XIXe siècle offre presque toujours un clou à ses spectateurs.

cobla (n. f.). Nom donné à la strophe (couplet) dans la poésie médiévale d’oc. On appelle coblas unissonans une succession de strophes construites sur les mêmes rimes.

codex, codicologie. On appelle codex le livre manuscrit du Moyen Age occidental, par opposition au volumen (rouleau) de l’Antiquité. Il peut être en parchemin ou en papier. La codicologie est la science qui étudie le manuscrit sous tous ses aspects : matériaux, techniques de fabrication, reliure, organisation, illustration, ainsi que son histoire.

colophon. Formule finale d’un manuscrit médiéval, rédigée par le copiste, qui indique le lieu et/ou la date de la copie, quelquefois le nom du scribe, son âge, sa qualité, etc., à l’exclusion de toute autre indication. Beaucoup de manuscrits n’en sont pas pourvus.

comédie. Genre dramatique traditionnel (et pièce relevant de ce genre) caractérisé, depuis l’Antiquité et par opposition à la tragédie, par le ton bas ou moyen, des personnages de condition modeste ou privée, un dénouement heureux et l’intention de faire rire le spectateur. L’Avare de Molière, par exemple, est une comédie. Son objet est en général « l’imitation des mœurs » (Marmontel), c’est-à-dire qu’elle offre un tableau de la vie privée à tous les niveaux de la société. Il faut noter cependant que le mot comédie peut aussi avoir le sens général de pièce dramatique (par différence avec l’opéra) et désigner, par métonymie, la salle de théâtre (passer la soirée à la comédie, à la Comédie-Française, à la Comédie de Caen). On désigne aussi du nom de comédie un genre cinématographique, les films destinés à faire rire le spectateur. Le rire provoqué par la comédie définit la plupart du temps sa relation au spectateur : sympathie (chez Musset, Marivaux, Beaumarchais ou Shakespeare) ou distance, voire rejet du ridicule (Molière), rire ou sourire, inquiétude ou allégement, sans qu’on puisse définir une relation stable pour l’ensemble d une pièce donnée. Mais la comédie ne vise pas toujours le rire, comme le montrent certains sous-genres (la comédie sérieuse, la comédie héroïque ou, pour le cinéma, la comédie dramatique). La poétique de la comédie, dont la théorie aristotélicienne n’a laissé qu’une esquisse (le manuscrit d’Aristote ayant été perdu), est fort souple, de là une grande variété de formes et la multiplication de sous-genres : on a des comédies en vers ou en prose, de grandes pièces ambitieuses, comme Tartuffe ou Le Misanthrope, en cinq actes et en vers, et des pochades en un acte (voire en une scène) comme II faut qu'une porte soit ouverte ou fermée de Musset. La comédie peut se construire autour d’un caractère (L'Avare, Le Misanthrope}, d’un « état social » ou d’une situation sociale {La Locandiera de Goldoni), d’une intrigue avec des personnages esquissés fermement {Le Barbier de Séville de Beaumarchais) ou réduits à l’état de fantoches {Le Fil à la patte de Feydeau). Elle peut relever de la satire sociale ou politique {Les Philosophes de Palissot, Le Faiseur de Balzac, Le Revizor de Gogol).


comédie à ariettes. Forme dramatique qui tient à la fois de l’opéra et de l’opéra-comique (XVIIIe siècle). Sur une intrigue de comédie (plus ou moins sérieuse), le poète ou librettiste mélange passages de dialogue et airs chantés originaux. La Fée Urgèle est une comédie à ariettes de Favart et Duni.

comédie bourgeoise (ou comédie de mœurs). Sorte de comédie dont la naissance véritable se situe autour de 1815, mais dont les prodromes sont lisibles dans la comédie du XVIIIe siècle et qui se caractérise par des tableaux de mœurs et par un conformisme moralisant. Elle résulte d’une synthèse du genre sérieux, du vaudeville et de la comédie d’intrigue. Au XIXe siècle, Scribe, Casimir Delavigne et. Augier lui donnent sa forme accomplie : la comédie bourgeoise est aussi souvent une « pièce bien faite ». Rejetée à cause de son moralisme et de son côté conventionnel, elle n’est aujourd’hui plus jouée. Certains auteurs méritent cependant l’intérêt : c’est le cas de Scribe, de Becque ou de Bernstein.


comédie héroïque. Pièce de théâtre (XVIIe et XVIIIe siècles) qui ne se rattache à la comédie que par un dénouement heureux et par l’absence de périls de mort. Ses personnages (souvent héroïques) peuvent être nobles et les intérêts en jeu avoir trait aux affaires publiques ou à la conduite de l’État. Il s’agit donc d’une sorte de genre intermédiaire, aux limites incertaines, entre la comédie et la tragédie. D’origine, semble-t-il, espagnole (Lope de Vega), on la rencontre en France au XVIIe siècle (Dom Garde de Navarre ou Le Prince jaloux de Molière, Tite et Bérénice, Dom Sanche d’Aragon de Corneille), au XVIIIe siècle (Le Prince travesti de Marivaux), mais aussi en Angleterre (avec Dryden). Certaines pièces de Shakespeare s’en rapprochent. Susciter le rire n’est pas en général le but poursuivi par l’auteur (mais il n’est pas exclu de la comédie héroïque), c’est plutôt la recherche du romanesque.

comédie larmoyante. Sorte de comédie de ton élevé (XVIIIe siècle), dont le but n’est pas de faire rire, dont les héros peuvent être des nobles ou des bourgeois et dont l’intrigue ne met en jeu que des affaires privées. La comédie larmoyante vise à attendrir le spectateur, à moraliser, et non à susciter son rire. Comme la comédie héroïque, la comédie larmoyante propose des intrigues romanesques. Le terme, employé à l’origine par la critique pour dénigrer cette sorte de comédie, lui est resté malheureusement attaché et a éloigné les lecteurs et gens de théâtre d’un genre qui n’est pas sans intérêt. Les pièces de Nivelle de La Chaussée (1692-1754) ou certaines comédies de Voltaire {L’Enfant prodigue, Nanine) en offrent un bon exemple.


comédie-ballet. Comédie qui fait intervenir des ballets, soit comme intermèdes, soit en les liant à l’action et au dialogue. Le Malade imaginaire, Les Fâcheux, La Princesse d’Élide, Le Bourgeois gentilhomme sont des comédies-ballets de Molière, qui collabora, pour la musique, avec des musiciens illustres, comme Lully ou Charpentier.

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