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copiste. Au Moyen Age, le copiste est, avec le jongleur, le principal transmetteur de littérature. Or son travail n’est jamais une reproduction mécanique du texte qu’il recopie : des simples fautes aux remaniements étendus, il marque la copie de son empreinte. La philologie distingue habituellement les transformations non intentionnelles (erreurs de lecture, étourderies, changement accidentel d’un temps verbal...) et les transformations intentionnelles, qui vont de la simple variante (construction différente, remplacement d’un terme par un synonyme...) à la réécriture de cellules narratives plus ou moins importantes. Cette liberté du copiste confère ses caractères particuliers à la littérature médiévale : les œuvres s’offrent au philologue dans la diversité de leur tradition manuscrite, et non dans la forme où leur auteur aurait choisi de les figer.

coppée. Désigne un poème, particulièrement un dizain, qui parodie ceux que François Coppée avait publiés dans le second Parnasse contemporain (1869) et repris dans le recueil Promenades et Intérieurs. Le mot semble avoir appartenu surtout au vocabulaire de Verlaine et de Rimbaud. L'Album zutique donne le titre de « Vieux Coppées » à une série de dizains parodiques dus notamment à Rimbaud. En 1876 parut un volume collectif de « Dizains réalistes » inspirés de Coppée ; quinze d’entre embêtaient de Charles Cros, qui les inséra dans la deuxième édition de son Coffret de santal (1879).

costume. Terme d’origine italienne (XVIIe et XVIIIe siècles), employé d’abord dans le vocabulaire technique de la peinture, et qu’on applique ensuite au théâtre, à l’histoire et à la fiction. Le costume, c’est l’ensemble des traits, des mœurs et des coutumes, des vêtements et des usages qui caractérisent une époque. Respecter le costume, dans une représentation théâtrale, c’est se conformer à tout ce que l’histoire nous apprend sur l’époque qui constitue le référent de la fiction. Puis, vêtements de théâtre.

coup de théâtre. Incident imprévu qui survient dans le cours de l’action d’une pièce de théâtre et qui change complètement la situation dans laquelle sont placés les personnages. Le retour de Thésée, qu’on croyait mort, dans Phèdre, l’apparition du seigneur Anselme à la fin de L’Avare, celle de Don César de Bazan au quatrième acte de Ruy Blas, offrent l’exemple du coup de théâtre, qui peut fonder une péripétie, achever de nouer l’action, ou, au contraire, la dénouer par surprise. Son principe étant une intervention extérieure, naissant souvent du hasard ou de la rencontre d’une intrigue connexe avec l’intrigue principale, il a fait l’objet de critiques au nom du caractère organique de l’action telle qu’Aristote la définit. Diderot lui préfère ainsi le tableau.

coupe. Nom donné parfois à la césure. De nombreux métriciens nomment ainsi plutôt une articulation interne à l’hémistiche ou au vers bref, et qui succède à un accent mobile. On l’indique par une barre simple, juste après la syllabe accentuée : L’amoureux /pantelant // incliné /sur sa belle 3/3 // 3/3 A l’air / d’un moribond // caressant / son tombeau 2/2 // 3/3 (Baudelaire, « Hymne à la beauté ».). Pour les problèmes liés à la présence d’un e à la syllabe de coupe, une certaine tradition, même si la chose est contestable puisque la présence de cet e ne pose pas le même problème que pour la césure, utilise la même terminologie que pour les césures (d’où coupes enjambante, épique, lyrique).

coupe enjambante. Coupe que l’on fait passer avant un e final de mot non élidable et prosodiquement compté, la syllabe correspondante appartenant alors à ce qui. suit la coupe. Elle est liée au fait qu’il n’y a pas de rupture grammaticale forte à l’endroit de la coupe : Jusqu’au som/breplaisir // d'un cœur / mélancolique (La Fontaine.)

coupe épique. Coupe sur un e final apocopé et non élidable. Le cas est assez rare. On ne le trouve que dans la poésie moderne, ou encore dans des poèmes apocopés de tonalité populaire, comme la « Complainte du pauvre jeune homme » de Laforgue, où l’on peut citer cet octosyllabe : Quand ce jeune homm’ / rentra chez lui.

coupe lyrique. Coupe que l’on place, en décalage avec l’accent, après une finale de mot en e non élidable, à la faveur d’une rupture plus ou moins forte de la syntaxe (position détachée, ponctuation forte par exemple). Baudelaire détache ainsi un 4/8 dans cet alexandrin de l’« Hymne à la Beauté »:
Et le Meurtre, / parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

couplet. A l’origine, groupement de deux vers dans les chansons qui accompagnaient les danses médiévales. Le terme désigne aussi, dans les traités d’art poétique jusqu’au XVIe siècle, la strophe dans la ballade et dans les poèmes strophiques. En général, le couplet est, dans une chanson, ce qui correspond librement à une strophe et est souvent suivi d’un refrain.

cour/jardin. Au théâtre, les deux côtés de la scène. Les notions de gauche et de droite étant relatives à la position dans laquelle on se trouve, on leur substitua, sous l’Ancien Régime, celles de « côté du roi » pour désigner la droite de l’acteur qui regarde le public, et de « côté de la reine » pour désigner sa gauche, d’après les positions respectives des loges du roi et de la reine. Au moment de la Révolution, le théâtre des Tuileries se trouvant entre cour et jardin, on substitua « côté jardin » à « côté du roi » (droite de l’acteur) et « côté cour » à « côté de la reine » (gauche). Ces termes sont encore en usage aujourd’hui dans tous les théâtres.

courtoisie. Au Moyen Age, idéal de vie et fait de civilisation qui se sont élaborés et développés à partir du XIe siècle, et qui ont joué un rôle majeur aux XIIe et XIIIe siècles. Le terme, dérivé de cort (« cour »), s’oppose à la rusticité du monde rural des vilains (« paysans ») et renvoie au monde aristocratique. La courtoisie correspond d’abord, socialement, à un adoucissement des mœurs lié à un changement dans le mode de vie de l’aristocratie, devenue plus sédentaire et surtout plus riche en raison du développement de l’économie rurale. Elle se caractérise par un rejet de la force brutale et des instincts de domination, au profit d’une sociabilité fondée sur des manières attentives à autrui : un savoir-vivre où compte la noblesse du cœur, la générosité dans tous les sens du terme. Elle se caractérise également par une place importante faite à la femme et par un culte du «avoir qui associe la formation intellectuelle aux exercices physiques (union de la chevalerie et de la clergie, célébrée par Chrétien de Troyes). L’élaboration et le succès de la doctrine de l’amour courtois ne sont qu’un aspect de ce fait de civilisation qui s’est développé dans le Midi, plus urbanisé, avant de se transmettre au Nord. Il a inspiré la poésie lyrique et suscité le développement de la forme romanesque (le roman courtois), qui en sont inséparables (les Tristan, les romans de Chrétien de Troyes, les cycles en prose du XIIIe siècle, aussi bien que les romans dits « réalistes »).

coutumier. Ouvrage juridique rassemblant les coutumes d’une province ou d’une juridiction sous la forme d’une succession d’articles, souvent ordonnés en plusieurs livres. Ils reflètent à la fois la législation et la procédure, et donnent une idée précise de la politique judiciaire des ducs et des comtes, en même temps que des rapports politiques avec le roi {Coutumes de Beauvaisis de Philippe de Beaumanoir, fin XIIIe siècle ; Grand Coutumier de Normandie, première moitié du XIIIe siècle ; Ancien Coutumier de Champagne, fin xiiie siècle ; Coutumier de Bourgogne, vers 1400). couturière. Dernière répétition d’une pièce de théâtre avant la générale ; celle où les couturières faisaient les dernières retouches aux costumes des comédiens. crase (n. f., du grec krâsis, « mélange »). En grammaire grecque, contraction de la voyelle ou diphtongue finale d’un mot avec la voyelle ou diphtongue initiale du mot suivant. En français, c’est la contraction de deux syllabes en une seule, dont la synérèse peut être un cas particulier (par exemple union, toujours en diérèse dans la prosodie traditionnelle, donc en trois syllabes, est prononcé en synérèse dans la langue courante, donc en deux syllabes). La synalèphe est également un type de crase, mais elle consiste dans l’élision d’une voyelle autre que e devant initiale vocalique (qu’a = qui a).

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