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Décadents

Décadents. Écrivains et artistes qui présentent une sensibilité issue du dandysme et liée à la fin du xxe siècle. Ils ne constituèrent jamais une école ou un mouvement à proprement parler. Après le choc de la guerre de 1870 et la fin du Second Empire, la République, en proie à des crises répétées, ne parvient pas à faire croire en elle, et la fin du xix siècle apparaît ainsi à certains comme une période sans perspective où l’on ne peut que ressasser un passé plus glorieux. Cet état d’esprit est une des constantes de l’esprit décadent, d’où sortira le symbolisme. En 1884 est publié A Rebours de J.K. Huysmans, dont le personnage des Esseintes est le type même du dandy décadent, et en 1886 est lancé un journal, Le Décadent, qui parut jusqu’en 1889 et auquel collaborèrent entre autres Verlaine, Barbey d’Aurevilly, Mallarmé, Rachilde et Jean Lorrain. Les décadents continuent les dandys, et leur pessimisme est directement issu de Schopenhauer dont les œuvres furent traduites pour la première fois en 1886 en français. Les décadents en effet cultivent le spleen comme leur maître Baudelaire. A leur critique de la société industrielle de masse, du prétendu progrès, de la science et de l’esprit matérialiste qui s’incarne pour eux dans les œuvres réalistes et naturalistes, ils ne voient d’autre issue que l’artifice (ils ont horreur de la nature et du naturel) et l’art, qui constitue la forme la plus authentique de la volupté. Ils cultivent une forme de mysticisme généralement sans Dieu et cherchent souvent dans l’occultisme et l’ésotérisme à satisfaire leur soif de spiritualité. Contre la femme, pour eux suppôt de Satan, ils prônent l’androgyne. Leur sensibilité, faite d’une curiosité pour l’archaïsme et d’une fascination pour la modernité qu’ils croient trouver en particulier dans la ville, est exacerbée et compliquée. C’est ce qui apparaît à travers leur style, fait de ces néologismes, vieux mots et constructions heurtées dont se moquent Les Déliquescences. Poèmes décadents d’Adoré Floupette, de Gabriel Vicaire et Henri Beauclair (Paris, Léon Vanier, 1885).

Les principaux poètes décadents sont Laurent Tailhade, Rodenbach et Ephraïm Mikhaël, et surtout Jules Laforgue. En peinture, leurs faveurs vont à Odilon Redon, Félicien Rops ou Gustave Moreau. Enfin, la musique allemande représente pour eux avec Wagner un art total.

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