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disposition dispute (ou disputatio} dissyllabe distanciation/distance distique dit dithyrambe ditié dizain doctes doctrinaires doctrinal

disposition. Ce terme correspond au latin dispositio, et il désigne une des parties de l’art oratoire, située entre l’invention (recherche des arguments) et l’élocution (mise en forme et écriture) : il s’agit du moment où l’on dessine le plan général de l’argumentation. Le plan classique d’un discours oratoire comporte l’exorde (introduction et mise en condition du public, avec la captatio benevolentiae}, la narration (récit des faits dont il est question), la confirmation (examen des arguments qui vont dans le sens de la thèse défendue), la réfutation (examen des arguments qui s’y opposent) et la péroraison (conclusion, où on met 1 accent sur les preuves pathétiques, qui entraînent l’adhésion ou l’indignation du public).

dispute (ou disputatio}. Ce terme désigne la forme traditionnelle du débat, dans le cadre universitaire, du Moyen Age aux Temps modernes : il s’agit d’organiser le débat sur une thèse en donnant la parole à deux étudiants, l’un qui argumente pour la thèse proposée, et l’autre contre (débat pro et contra). Après que les deux discours opposés ont été prononcés, c’est le maître qui clôt le débat en tranchant de façon autoritaire (à l’aide des textes qui font autorité sur la matière). Cette structure très rigide, fondamentale dans la formation intellectuelle d’Ancien Régime, a marqué durablement la forme des débats intellectuels, au point qu’on la retrouve même dans la littérature galante (questions d’amour) en plein XVIIe siècle.


dissyllabe (n. m., du préfixe grec di-, « deux »). Mètre de deux syllabes. Exemple d’un quatrain isométrique de dissyllabes par Jules Laforgue dans Les Complaintes : La Femme,
Mon âme :
Ah ! quels Appels !

distanciation/distance. La distance caractérise la relation du spectateur au spectacle dans l’exacte mesure où cette relation est esthétique. Le théâtre fait éprouver au spectateur des émotions distanciées dès lors qu’il lui rappelle, discrètement mais obstinément, que ce qu’il voit relève de l’illusion ou de la fiction. C’est dans ce sens qu’on a parfois interprété la catharsis à l’époque classique. L’effet de distance s’obtient par des procédés variés (mise en abyme, jeu, diction, scénographie). La distanciation est un concept spécifique, complexe et ambigu, qui prend sens dans le cadre de la réflexion de Brecht sur le théâtre. Parmi les formes de distance, la distanciation consiste à provoquer la perception par le spectateur d’une étrangeté qui introduit une tension dans l’esthétique réaliste : l’effet de réalité s’obtient contre l’illusion même de la réalité. Le terme « distanciation » traduit en effet l’allemand Verfremdungseffekt. Brecht attache à ce procédé un sens politique, celui de la critique de l’aliénation : ce qui paraît évident ou naturel dans la société est ainsi donné comme artifice idéologique ou social. Le comédien, par son jeu, doit, non pas incarner, mais mettre le personnage qu’il joue à une distance qu’il rend sensible au spectateur. Ce serait pourtant une erreur de comprendre la distanciation, sur la foi de quelques formules un peu provocatrices de Brecht, comme un refus d’émotion. Il s’agit d’un processus d’élaboration et de transformation des émotions : de transformation, par exemple, de la pitié comme identification à la victime, en une pitié intelligente, susceptible d’être réactivée et, simultanément en un sentiment propre au théâtre.


distique (n. m., du préfixe grec di-, « deux » et stikhos, « vers »). Groupement de deux vers rimant ensemble et formant une unité indépendante. Exemple de Verlaine (« Colloque sentimental ») : Dans le vieux parc solitaire et glacé, Deux formes ont tout à l’heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l’on entend à peine leurs paroles. dit. Au Moyen Age, ce terme désigne toute forme de poésie non chantée : le dit s’oppose à la poésie lyrique. Il peut être didactique ou narratif. Sa forme peut être strophique ou non ; le vers employé est le plus souvent l’octosyllabe à rime plate, mais il existe aussi des strophes hétérométriques (chez Rutebeuf par exemple). Le terme recouvre des inspirations diverses : poésie morale, didactique, satirique, aussi bien que poésie dite personnelle. La longueur peut varier de quelques dizaines à quelques centaines (voire plusieurs milliers) de vers. Le Voir Dit (1364) de Guillaume de Machaut ne diffère guère d’un roman. Le dit apparaît au XIIIe siècle.

dithyrambe (n. m.). Dans l’Antiquité grecque, le mot désignait un chant liturgique en l’honneur de Dionysos. Il désigne depuis un poème lyrique d’éloge enthousiaste.


ditié (n. m.). Quelques auteurs des XIVe et XVe siècles utilisent .occasionnellement cette forme pour désigner un dit {Dittié de Jeanne d’Arc, de Christine de Pisan, par exemple). L’Art de dictier d’Eustache Deschamps (1393) oppose la musique naturelle des mots à la musique surajoutée dans la poésie lyrique, et confirme ainsi l’évolution poétique vers la prédominance du dit qui caractérise le XIVe siècle.



dizain (n. m.). Le mot date du XVe siècle et désigne une strophe ou un poème de dix vers. Exemple d’un dizain de décasyllabes tiré de la Délie de Maurice Scève (1544), en ababbeeded : L’Aube éteignait Étoiles à foison, Tirant le jour des régions infimes, Quand Apollon montant sur l’Horizon Des monts cornus dorait les hautes cimes. Lors du profond des ténébreux Abîmes, Où mon penser par ses fâcheux ennuis Méfait souvent percer les longues nuits, Je révoquai à moi l’âme ravie : Qui, desséchant mes larmoyants conduits, Méfait clair voir le Soleil de ma vie...

doctes. C’est ainsi qu’on désigne ordinairement les auteurs du XVIIe siècle qui ont essayé de fixer théoriquement les règles de la création littéraire (et notamment au théâtre) : écrivant le plus souvent en latin - ce qui explique le nom qui leur est donné —, ils sont les héritiers des philologues et des critiques de l’époque précédente, et leur rôle a été fondamental, dans la mesure où ils ont acclimaté, dans le domaine de la littérature française, des questions théoriques héritées de L’Antiquité (Aristote, Horace) et de l'humanisme italien (Castelvetro, Le Tasse). Avec l’avènement d’une critique plus mondaine, au milieu du siècle, les doctes vont perdre peu à peu leur prééminence, alors même que triomphe le classicisme qu'ils ont contribué à élaborer (Guez de Balzac, Chapelain).

doctrinaires. On nommait ainsi sous la Restauration les membres d’un groupe philosophico-politique où se retrouvaient Royer-Collard, introducteur de la philosophie écossaise en France, Guizot, Villemain, Victor Cousin. Spiritualistes laïques, opposés à la monarchie absolue comme à la souveraineté populaire, ils considéraient la monarchie constitutionnelle comme issue de la raison elle-même et s’appuyaient sur un ensemble de dogmes politiques, la Doctrine. « Le tort, ou le malheur, du parti doctrinaire, a été de créer la jeunesse vieille. [...] Ils opposaient, et parfois avec une rare intelligence, au libéralisme démolisseur le libéralisme conservateur» (V. Hugo). Jusqu’en 1830. leurs opinions, notamment en esthétique, s’exprimèrent dans le journal Le Globe. doctrinal (n. m.). Au Moyen Age, le terme désigne un traité d’éducation : de morale laïque {Doctrinal Sauvage, vers 1266, Sauvage étant le nom de son auteur) ou de vie et de doctrine chrétiennes {Doctrinal de Sapience, XIVe siècle), ou encore d’éducation poétique {Doctrinal de la seconde rhétorique de Baudet Herenc, 1432). Le Doctrinal de trobar de Raimon de Cornet (xiiie siècle) se présente comme une grammaire versifiée.

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