Devoir de Français

épanalepse épanorthose épenthèse épigramme épilogue épiphonème épiphore épiphrase épisode épithalame épithète homérique épithète rhétorique

épanalepse (n. f., du grec epanalepsis, « reprise »). Cette figure de construction joue sur la reprise de groupes de mots complets, de façon insistante et oratoire : Je veux, dit Lacenaire, Paris tremble, ô douleur, ô misère ! Je veux, dit Lacenaire, Etre empereur et roi ! (Hugo, Châtiments) Cette figure joue un rôle particulièrement efficace dans le registre de l’indignation et du pathos ; elle correspond au style véhément, notamment dans les pamphlets ou dans les satires.

épanorthose (n. f., du grec epanorthosis, « correction »). Cette figure imite le mouvement vif de la pensée en corrigeant immédiatement ce qui vient d’être dit (modalisé le plus souvent par l’adverbe « plutôt ») : Il y a beaucoup plus de vivacité que de goût parmi les hommes ; ou, pour mieux dire, il y a peu d’hommes dont l’esprit soit accompagné d’un goût sûr... (La Bruyère) ; elle produit un effet d’oralité dans la progression du discours, et, en cela, elle est une figure qui met en valeur l'ethos de celui qui parle, en donnant au public l’impression de l’associer au déroulement de la réflexion.

épenthèse (n. f., du grec epenthesis, « intercalation »). Adjonction d’un phonème ou d’une syllabe à l’intérieur d’un mot. Exemple : dans Ubu roi d’Alfred Jarry, merdre ou encore mirlitaire.

épigramme (n. f., du grec epi, « sur », et gramma, « lettre » : epigramma, « inscription »). Genre à l’antique remis à l’honneur à la Renaissance, d’abord petit poème traduit ou imité du latin, puis, sous l’influence de Clément Marot, petite pièce de vers parfois satirique, mais surtout spirituelle. Exemple d’une épigramme de Marot, « A une dame âgée et prudente » :
Ne pensez point que ne soyez aimable : Votre âge est tant de grâces guerdonné Qu’à, tous les coups un printemps estimable Pour votre hiver serait abandonné ; Je ne suis point Pâris, juge étonné, Qui faveur fit à beauté qui s’efface ; Par moi le prix à Pallas est donné, De qui on voit l’image en votre face.


épilogue (n. m., du grec epi, « sur, à la suite de », et logos, « discours »). Dans les œuvres médiévales, on appelle épilogue les derniers vers ou les dernières lignes dans lesquels l’auteur ou le récitant reprend la parole pour se nommer et/ou indiquer que l’œuvre est achevée, pour se souhaiter longue vie et célébrité, pour remercier l’auditoire ou le lecteur et, souvent, exprimer l’espoir que Dieu, ou le commanditaire, ou l’amie courtoise à qui l’œuvre est dédiée, lui saura gré de son labeur. L’usage de l’épilogue est habituel au Moyen Age. Par la suite, le terme désigne de manière moins codifiée la conclusion d’une œuvre littéraire, et particulièrement d’un poème. La Fontaine a intitulé Épilogue la dernière pièce de certains livres des Fables.

Épilogue. Discours récapitulatif situé à la fin d’une œuvre romanesque ou théâtrale. Il est le symétrique du prologue qui a pour fonction d’introduire à l’œuvre. Il se situe, lui aussi, un peu en marge de la fiction, dans la mesure où il établit un bilan. Ex : l’épilogue de La Tempête de Shakespeare, déclamé par le héros Prospero, est une conclusion (qui se déroule sur vingt vers) qui prend la forme d’une adresse au public. Il commence ainsi :
Mes charmes ne font plus la loi Et mon pouvoir n’est plus qu’en moi Chétif, il faut le reconnaître C’est à vous, spectateurs, mes maîtres Qu’il appartient de me tenir Prisonnier ou de m’élargir...

épiphonème (n. m., du grec epi, « sur, à la suite », et phonèma, « voix »). En rhétorique, affirmation sentencieuse par laquelle on termine un récit ou un discours comme dans « Le Bouc et le Renard » de La Fontaine : En toute chose il faut considérer la fin.

épiphore (n. f., du grec epi, « sur, à la suite », et phérein, « porter »). Répétition, en fin de phrase ou de vers, d’un même mot ou d’une même expression. Exemple de Michaux (extrait de Lointain intérieur, 1938) :
Dans la nuit Dans la nuit Je me suis uni à la nuit À la nuit sans limites À la nuit.

épiphrase (n. f., du grec epi, « sur, à la suite » etphraseis, « phrase »). Figure de construction et de pensée par laquelle on ajoute à une phrase qui semble terminée un syntagme ou une proposition, parfois longue, pour servir une idée accessoire (ce qui n’est pas le cas de l’hyperbate). Ainsi, dans cet exemple de Racine, Phèdre (IV, 6) semble avoir conclu son discours à Œnone lorsqu’elle ajoute les deux derniers vers : Et puisse ton supplice à jamais effrayer Tous ceux qui, comme toi, par de lâches adresses, Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur coeur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin ! Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste !

épisode. Un épisode (du grec épeisodion) est une partie dialoguée (tirade ou stichomythie) de la tragédie grecque, formant un tout, située entre deux entrées (eisodioi) du chœur (donc entre deux parties chantées par lui). L’épisode correspond donc à un moment de l’action, à un moment du récit et à une partie de la fable. Il est plus ou moins autonome par rapport à l’action globale. Dans sa Poétique, Aristote condamne les histoires ou les actions à épisodes (51b), « celles où les épisodes s’enchaînent sans vraisemblance ni nécessité ». Le mot épisode s’applique par extension aussi à l’épopée et au roman et désigne une partie de l’histoire ou une histoire annexe.


épithalame (n. m., du grec epi, « sur, à la suite », et thalamos, « lit nuptial »). Genre à l’antique. Poème de circonstance, fait en l’honneur des époux, à l’occasion d’un mariage. épithète homérique. Caractérisant conventionnel (adjectif ou groupe prépositionnel) d’un nom propre ou uniréférentiel, dont on trouve les premiers et les plus fameux exemples dans les œuvres d’Homère : Hélène aux bras blancs, ta mer couleur de vin, l’aurore aux doigts de rose... L’épithète dite homérique est purement ornementale ; on la trouve surtout dans les textes épiques {le pieux Énée, la douce France} ou de façon parodique dans les textes modernes. L’épithète homérique est un cas d’épithète rhétorique. épithète rhétorique. Depuis le XVIIIe siècle, on appelle ainsi un caractérisant dont le but n’est pas d’apporter une information sur le substantif, mais de donner un aspect plus spectaculaire à l’expression : les vastes campagnes couvertes de jaunes épis, riches dons de la féconde Cérès (Fénelon, Télémaque). L’épithète rhétorique peut être perçue comme redondante (« le creux sillon »), niais elle insiste sur le caractère parfait ou idéal de l’objet ou de la personne caractérisée, sur sa coïncidence avec le stéréotype : l’innocente bergère, la pâle mort, la sombre forêt, la vaste mer. Depuis la fin du XIXe siècle, l’emploi trop fréquent de l’épithète rhétorique comme cheville de vers, son allure stéréotypée... l’ont fait tomber en désuétude.


Liens utiles