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ethos etymologia étymon spirituel euphémisme euphonie euphuisme eurythmie évangélisme exégèse exemple exemplum

ethos (n. m., du grec ethos, « caractère », que l’on prononçait autrefois ithos). Désigne traditionnellement le caractère que l’orateur doit paraître avoir pour obtenir l’assentiment de son public ; c’est à ce titre, avec le pathos, une des preuves subjectives (par opposition au logos, preuve logique et objective). Il faut donc étudier et construire le caractère qu’il convient d’avoir selon les attentes du public (ce que Cicéron appelle le décorum et l'aptum}, et cela intervient dès l’exorde, où, l’orateur doit se concilier la bienveillance de l’auditoire {captatio benevolentiae). La connaissance du public est donc une partie essentielle de la préparation, et Aristote lui consacre une longue étude, dans la Rhétorique, qui est à l’origine de toute une caractérologie, que reprendra la tradition des moralistes : il s’agit de savoir quel ethos avoir selon que l’on a affaire à un public constitué de jeunes, de vieux, ou de gens mûrs. L’orateur doit se montrer digne de ce qu’on attend de lui, et il doit attirer la sympathie du public (en montrant notamment combien il lui ressemble, combien il partage ses craintes ou ses espoirs, et à quel point il est sincère et digne de confiance) : ce travail demande donc la vraie mise au point d’un rôle (persona) qui rapproche une nouvelle fois l’action oratoire du métier de l’acteur. La littérature occidentale a conservé longtemps les catégories psychologiques élaborées par la tradition rhétorique de l'ethos.

etymologia (n. f.). Au Moyen Âge, l'etymologia consiste à jouer sur la paronomase pour conférer (restituer ?) à ce mot un sens qui est censé rendre compte de sa profondeur : c’est le principe appliqué par Isidore de Séville dans ses Etymologiae qui sont un recueil encyclopédique. Par exemple : homo, de humo, « homme », qui vient de « terre », allusion à la Genèse (Isidore) ; rois, tu iés rois por droit rooier, « roi, tu es roi. pour avancer droit » [la roie est le sillon que trace le laboureur] (Reclus de Molliens, Roman de Carité, XIIIe siècle).


étymon spirituel. Dans la stylistique de Léo Spitzer et de ses continuateurs, l’étymon spirituel est la base psychologique, le rapport personnel à l’art et au réel qui explique l’ensemble des caractéristiques langagières (lexicales, grammaticales, prosodiques...) d’un auteur. L’« effet de sourdine » racinien, par exemple, c’est-à-dire les divers choix grammaticaux par lesquels l’auteur d’Andromaque parvient à désindividualiser le réel (le jeu sur l’article notamment), permettrait ainsi de remonter à l’« âme » de l’œuvre, à son étymon spirituel, bien mieux qu’une analyse qui s’appuierait sur la psychologie de l’écrivain.

euphémisme (n. m., du grec eu, « bien », et phèmi, « je dis »). Figure qui consiste à adoucir par l’expression la crudité ou la brutalité d’une idée ou d’un fait. L’euphémisme peut même aller jusqu’à employer l’antiphrase, comme dans l’exemple de Raymond Queneau (Zazie dans le métro} où il évoque la foule parfumée alors qu’il s’agit de gens qui sentent fort mauvais (le premier mot du roman est Doukipudonktan).

euphonie (n. f., du grec eu, « bien » et phônê, « voix »). Harmonie des sons, qui ménage une articulation aisée et à effet musical. On peut mettre sur le compte de l’euphonie des règles comme celles de l’interdiction de l’hiatus, de la prononciation des e, mais aussi la recherche du rythme et des rapports entre les phonèmes. Il faut aussi prendre en compte l’aspect évanescent des modes et des types de diction.


euphuisme (n. m., du grec euphuès « bien doué par la nature »). Venu de l’Angleterre élisabéthaine où il marqua toute une mode littéraire (Euphuès est le titre d’un ouvrage de l’écrivain anglais John Lyly, paru en Angleterre en 1578-1580), ce terme est vite devenu synonyme de style précieux, à la fois par ses excès formels (prose complexe et abondante, faite d’amplifications, d antithèses, de parallèles, avec des jeux sonores) et par son goût savant (citations, allusions nombreuses aux littératures anciennes).

eurythmie (n. f., du grec eu, « bien », et rhuthmos, « rythme »). Combinaison ressentie comme harmonieuse des quantités syllabiques et de leur proportion, aussi bien dans le vers que dans la phrase. Cela tient à la répartition des mètres les uns par rapport aux autres en cas d’hétérométrie, des accents dans le vers, ou encore des groupes rythmiques dans la phrase. Comme pour l’euphonie, cette notion présente la fragilité de ce qui touche à des faits de diction, et donc éventuellement de mode.

évangélisme. Terme désignant les courants religieux qui, au XVIe siècle, prônent le retour à la vérité de l’Évangile. Il est apparu au milieu du xx' siècle dans les travaux des historiens, quand on s’est aperçu que l’histoire religieuse de cette époque ne se réduisait pas au débat entre catholicisme et Réforme. Notre connaissance de ce mouvement doit beaucoup, en particulier, aux travaux de A. Renaudet et V.-L. Saulnier. Cette notion permet notamment de mieux comprendre le climat des années 1520-1540 et les œuvres de Marot, Marguerite de Navarre et Rabelais, qui sont tous, d’une manière ou d’une autre, les disciples d’Érasme. Ces auteurs souhaitaient donc le retour à la Bible, demandaient à la théologie de formuler l’essentiel dans un langage accessible, et militaient pour une réforme de l’Eglise. L’évangélisme ne fut, pour certains, qu’une étape avant le ralliement à la Réforme protestante. D’autres, comme les écrivains cités ci-dessus, restèrent fidèles à son esprit et on trouve des « évangéliques » en pleines guerres de Religion. Mal vus des deux camps, ils continuaient à refuser Rome et Genève (Th. Wanegffelen) et prêchaient, sans grand succès, la conciliation.


exégèse (n. f., du grec exègètès, « interprète »). Explication et interprétation de textes littéraires, religieux, juridiques, etc.


exemple. L’exemple (en grec paradeigma) est au cœur de l’argumentation : il est un des deux grands types de preuves avec l’enthymème ; mais à l’inverse de ce dernier procédé, qui va du principe général au fait particulier (forme déductive), l’exemple procède, au contraire, en partant du particulier pour remonter à une loi générale (induction) qui s’applique aussi au cas dont on parle. C’est donc une preuve technique, qui repose sur l’analogie et qui sert à rendre un énoncé plausible par généralisation : Aristote explique qu’il y a deux sortes d exemples, ceux que l’on tire de l’histoire (pour illustrer le comportement d’un tyran, on cite Hitler), et ceux qui ont été inventés (parabole, fable : pour expliquer l’injustice due à la force, on raconte « Le Loup et l’Agneau ») : c’est eh cela que l’exemple a partie liée avec la fiction, et la littérature en général. Au Moyen Age, il est même un genre littéraire propre (exemplum).

exemplum (n. m.). Forme littéraire latine médiévale, qui consiste en un récit bref, destiné à l’édification, qui prétend relater un petit événement vécu par son auteur ou qui a été rapporté à ce dernier, et dont l’auditoire est invité à tirer la leçon. Les exempta étaient généralement destinés à la prédication (au XIIIe siècle, recueils d'exempta de Césaire de Heisterbach ou d’Étienne de Bourbon, par exemple).

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