Fantaisistes
Fantaisistes. Groupe assez fluctuant de poètes (Léon-Paul Fargue, Tristan Derême...) autour de Francis Carco qui publia un manifeste définissant leurs idées. On peut caractériser leur poésie comme une poésie chanson ou conversation, aux thèmes simples et souvent pleins d’humour. Leur maître est Laforgue et leur chef de file Paul-Jean Toulet (Les Contrerimes, 1921). Georges Fourest, membre du groupe, est surtout connu par ses pastiches (La Négresse blonde, 1909).
Fantastique. Genre littéraire dans lequel deux logiques se superposent, l’une rationnelle qui refuse d’admettre l’inexplicable, l’autre irrationnelle. Le fantastique, selon la définition de T. Todorov, n’existe qu’en référence à deux catégories voisines avec lesquelles il entretient des rapports complexes, l’étrange et le merveilleux. Dans un monde qui est le nôtre se produit brusquement un événement qui ne peut pas s’expliquer selon l’ordre rationnel qui régit notre univers. Celui qui perçoit l’événement doit opter pour l’une ou pour l’autre des deux solutions possibles. Ou bien l’événement est le fruit d’une illusion des sens, de l’imagination, et les lois du monde restent inchangées; ou bien l’événement a réellement eu lieu, ce qui signifie que le monde dans lequel il s’est produit est régi par des lois qui nous sont inconnues. «Le fantastique, dit Todorov, occupe le temps de cette incertitude. » Le fantastique implique donc une intégration du lecteur au monde des personnages. L’hésitation du lecteur est la condition même du fantastique. Elle peut - ou non - être ressentie par un personnage auquel le rôle du lecteur est dévolu. L’ambiguïté peut se maintenir jusqu’à la fin de l’œuvre. Ex : dans Le Tour d'écrou, d’Henry James, il est impossible, pour le lecteur, de savoir si des fantômes hantent la vieille propriété ou s’il s’agit d’hallucinations de l’institutrice. Dès qu’on choisit l’une ou l’autre réponse, on quitte le fantastique pour l’étrange ou le merveilleux. Dans le cas du merveilleux, ce n’est pas une attitude envers les événements rapportés qui caractérise la catégorie mais la nature même de ces événements. Le surnaturel ne produit alors aucune surprise, ni chez un personnage du récit, ni chez le lecteur. Dans les contes de fées, ceux de Perrault par exemple, les dons magiques des fées n’étonnent personne. Le charme agit sur le personnage comme sur le lecteur qui abandonne alors, par convention, tout esprit critique. Le plaisir causé par le merveilleux provient du fait que le lecteur retrouve l’appréhension du réel qui était la sienne dans l’enfance, avant l’acquisition du rationnel. Dans le cas de l'étrange, des événements qui paraissent surnaturels pendant une partie du récit, reçoivent à la fin une explication rationnelle, soit que ces événements ne se soient pas produits (ils n’étaient que le fruit d’une imagination déréglée : rêve, folie, etc.), soit qu’ils finissent par s’expliquer rationnellement (hasard, supercherie, etc.). Ex. : à la fin du Manuscrit trouvé à Saragosse de Jan Potocki, tous les phénomènes apparemment surnaturels sont explicités.
Le fantastique a peu de place dans la littérature médiévale où les mentalités, encore proches du mythe, établissent une frontière moins nette entre le rationnel et l’irrationnel, le merveilleux étant presque perçu comme une réalité. A l’époque classique, cartésienne, il n’occupe qu’une place mineure. C’est à partir de la fin du XVIIIe siècle où l’irrationnel fait irruption dans la littérature, que le fantastique y occupe une place importante. Il sera un des domaines de prédilection du romantisme. C’est l’article de Nodier, en 1830, intitulé Du fantastique en littérature, qui lui confère le statut de catégorie littéraire.