Devoir de Français

gnomique goliards gongorisme grammatologie grotesque Groupe de Coppet

gnomique. On qualifie ainsi tout énoncé à valeur générale, dont chacun peut constater la validité : La raison du plus fort est toujours la meilleure (La Fontaine, Fables). On qualifie aussi de gnomique l’emploi du présent que l’on trouve dans les énoncés de ce type (par opposition au présent d’énonciation, de narration, de description...). goliards. Clercs vaguants qui n’ont pas réussi à obtenir d’emploi après leurs études universitaires, et qui ne sont pas entrés dans la hiérarchie de l’Église. Leur nom provient de leur attachement à la figure mythique de Golias, célébrée par l’Archipoète (Archipoeta) dont (identité reste mystérieuse. Leur poésie se présente comme une célébration des plaisirs temporels : vin, nourriture, sexualité (ainsi des Carmina burana), mêlée d’une verve satirique qui fustige les vices de la hiérarchie ecclésiastique. La poésie goliardique est souvent parodique et mêle au latin des bribes de langue vulgaire. Le mouvement goliardique s’est développé principalement en France et en Allemagne. Son type de poésie a été pratiqué également par des personnalités liées à des cours prestigieuses, comme Gautier de Châtillon, lié d’abord aux Plantagenêts, puis à Guillaume aux Blanches Mains, archevêque de Reims et oncle de Philippe Auguste.


gongorisme. Terme qui vient du nom de Luis de Gongora, poète espagnol de la fin du XVIe siècle : il est synonyme de style affecté, exagérément obscur, et de mauvais goût. Son sens, dans la tradition critique française, est donc fortement péjoratif, alors que son étymologie renvoie à un mouvement brillant de la poésie baroque espagnole, lié au concettisme, et proche de l’euphuisme d’origine anglaise. gradation. C’est une figure qui procède par accumulation de plusieurs termes ou de plusieurs idées qui renchérissent les uns sur les autres. La gradation peut être ascendante : Descriptif! C’est un roc ! c’est un pic ! c’est un cap ! Que dis-je, c’est un cap ? C’est une péninsule ! (Rostand, Cyrano de Bergerac} Ou descendante : Je le trouve petit, tout petit, minuscule (id.). Le caractère fortement oratoire de ce type de figure en fait un outil efficace du genre démonstratif.

Gongorisme. Forme d’expression poétique, proche du baroque, créée par Gongora (1561-1627), poète espagnol du Siècle d’or. C’est une poésie savante, où la syntaxe est parfois obscure, où abondent des figures de style recherchées (inversions, pointes et métaphores), où apparaissent des néologismes, où toutes les possibilités de la polysémie sont exploitées. Le terme prend une acception péjorative au XVIIe et au XVIIIe siècle où il est synonyme d’emphase, le classicisme et l’époque des Lumières n’appréciant pas cette poésie trop travaillée. C’est Verlaine en France au XIXe siècle, puis Lorca en Espagne, au début du XXe siècle, qui en ont redécouvert les mérites.
Baroque, métaphore, pointe

grammatologie. Terme employé par J. Derrida {De la grammatologie, 1967) pour désigner une « science de l’écriture », qui ne ravalerait plus celle-ci au statut de simple substitut de l’oralité ou de système de notation du réel : l’écriture a son fonctionnement propre et entretient un rapport particulièrement complexe avec le sens. La parole et l’écrit sont ainsi en position de « supplément » l’un par rapport à l’autre : chacun peut prendre la place de l’autre (suppléer à l’autre), mais toujours en ajoutant quelque chose. De plus, parce que le texte écrit ou oral peut être repris sous la même forme dans des contextes totalement différents, il ne peut prétendre avoir de signifié stable et se prête à toutes sortes d’investissements interprétatifs. La logique de production du sens doit donc se penser sur le mode de la « différence » : la signification n’est jamais atteinte, elle est toujours différée, parce que d'autres éléments signifiants viennent sans cesse la compléter, la modifier, la parasiter, etc.


grotesque. Primitivement terme de beaux-arts, désignant les peintures fantasques de l’Antiquité (rinceaux, chimères, sujets hybrides) retrouvées à la Renaissance dans les « grottes » où ruines d’Italie (on écrit parfois en ce sens la grottesque). Par suite, figure ou personnage caricatural, excitant le rire. Le terme peut également désigner un auteur ou artiste dont l’œuvre cultive le grotesque. Sous le titre Les Grotesques (1844), Théophile Gautier entreprend de réhabiliter les poètes de l’époque baroque, les auteurs burlesques comme Scarron, les écrivains irréguliers ou libertins du XVIIe siècle, que méprisait le goût classique. Victor Hugo donne au mot une extension plus grande et une nouvelle portée dans la Préface de Cromwell (1827). Dans l’art issu du christianisme, explique-t-il, le grotesque s’oppose au sublime comme le corps à l’âme et l’ombre à la lumière. Limité dans l’art antique aux figures de satyres, tritons, cyclopes, etc., le grotesque s’épanouit au Moyen Age, donnant naissance à « mille superstitions originales » et « imaginations pittoresques ». Les gnomes et. Les dragons, le sabbat, les sorcières de Macbeth, mais aussi Arlequin et Sganarelle, le difforme et l’horrible d’une part, le comique et le bouffon de l’autre, ressortissent au grotesque. Le « génie moderne » - représenté par Dante, Shakespeare, ou par ces « trois Homères bouffons » que sont l’Arioste, Cervantès et Rabelais naît de « la féconde union du type grotesque au type sublime ». Selon Hugo, cette union devra faire la force du drame romantique. Pour Baudelaire, « le mélange du grotesque et du tragique est agréable à l’esprit comme les discordances aux oreilles blasées » {Fusées). Il voit dans le grotesque, par opposition au comique de mœurs, le « comique absolu » {De l'essence du rire, V).


Groupe de Coppet. On désigne ainsi les écrivains, artistes et philosophes dont les conversations eurent lieu, de 1805, surtout, à 1810, au château de Coppet, près de Genève, chez Mme de Staël exilée par Napoléon. A ces rencontres, où furent médités plusieurs ouvrages essentiels au développement du romantisme, participaient Benjamin Constant, l’Allemand A. W. Schlegel, les Suisses Bonstetten et Sismondi. Chateaubriand vint parfois à Coppet. Plus qu’un salon, ce fut une sorte de cénacle uni par un humanisme cosmopolite, la foi dans le progrès et la liberté, et par conséquent le libéralisme politique opposé à l’Empire.

Liens utiles