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Hagiographie Haiku Hapax Happening Herméneutique Homéotéleute Homonymie

Hagiographie. Récit de la vie des saints. Le genre apparaît au Moyen Age dès le milieu du IXe siècle. La plus ancienne hagiographie qui nous soit parvenue est la Séquence de Sainte Eulalie (881). Premier texte littéraire en langue vulgaire, elle est parfois considérée comme l’acte de naissance de la littérature française. L’hagiographie qui est restée la plus célèbre est la Vie de Saint Alexis (xie siècle). Ces œuvres pieuses, destinées à compléter l’enseignement de la chaire pour le peuple sans instruction, sont composées par des clercs anonymes, mus par un but édifiant, qui témoignent parfois d’un grand talent de conteur. Présentant les saints comme des héros dans l’ordre de la sainteté, les hagiographies préparent la voie aux chansons de geste qui exalteront des vertus semblables. Elles constitueront la matière de la Légende Dorée, écrite au XIIIe siècle.

Haiku. Poème japonais de 17 syllabes réparties en trois vers de 5, 7 et à nouveau 5 syllabes. C’est Bashô au xviie siècle qui fut l’initiateur de ces formes brèves, en réaction contre la création collective. Le terme de haiku s’est répandu au xxe siècle sous l’influence de Shiki et de son disciple Kyoshi. Le haiku, dans sa brièveté, permet seulement un trait descriptif ou l’évocation d’une sensation :
Kiri hitoha Feuille de paulownia hi atarinagara où donnait le soleil tout ochinikeri au temps de sa chute (Kyoshi)
Plusieurs poètes français du XXe siècle ont pratiqué ce genre, comme Eluard qui, en 1920, sous-titrait le recueil de Pour vivre ici par Onze haï-kaï :
Le vent Hésitant Roule une cigarette d’air.


Hapax. Mot qui n’est employé qu’une fois dans une œuvre.

Happening. Forme de spectacle, fruit d’une création collective, partiellement improvisé, qui vise à faire surgir un événement pur. Le terme provient de l’anglais : to happen (arriver). Dans le happening, quelque chose arrive, qui ne peut être répété. Ce type de spectacle nie la théâtralité qui est « représentation ». Se caractérisant par le désir d’arracher le spectateur à sa passivité, il recourt, pour ce faire, à des agressions de tous les sens, tant visuelles qu’auditives (projecteurs, sonorités d’une violence extrême, etc.). Cette forme de spectacle vient en droite ligne d’Artaud. Le happening, né aux Etats-Unis dans les années 60, gagne vite l’Europe, grâce à des troupes comme le Living Theatre, créé par Julian Beck et Judith Malina qui, ayant quitté les Etats-Unis, se produisent en France puis s’installent en Italie. Un spectacle comme Paradise now, en 1968 au festival d’Avignon, fut jugé tellement subversif qu’il fut interdit.


Herméneutique. Art de l’interprétation des signes. Cette réflexion philosophique est issue de la pensée d’Heidegger qui définit, dans L'Etre et le Temps, l’existence humaine comme un signe dont il faut rechercher le sens. Elle tente de déchiffrer tous les univers symboliques, et particulièrement les mythes, les symboles religieux, les formes artistiques. Au sens strict, qui seul nous intéresse ici, l’herméneutique désigne une méthode d’interprétation du texte littéraire. Elle met nécessairement en jeu la subjectivité du critique. Paul Ricœur, ainsi que la plupart des membres de la revue Esprit, sont parmi les grands représentants de cette méthodologie. Issue de l’exégèse biblique qui recherche le sens caché du texte, cette méthode ne vise pas à évacuer l’étude structurale mais prétend la dépasser. Au-delà de l’examen des structures (que le structuralisme met en évidence), elle recherche le sens. Herméneutique et structuralisme étant fondés sur des méthodologies fort différentes, les représentants de ces deux tendances ne manquèrent pas de s’affronter, Ricœur et Lévi-Strauss notamment.

Hermétisme. Caractéristique d’un texte obscur que l’on ne sait au premier abord interpréter. L’hermétisme peut tenir à différents facteurs. Il peut être linguistique et découler du sens de certains mots rares ou pris dans des sens peu usités :

Il y a là-bas la merveille Au prix d’elle que valez-vous Le sang jaillit de mes otelles (Apollinaire, Lul de Faltenin)

ou de la construction syntaxique. C’est souvent le cas chez Mallarmé, ainsi dans le deuxième quatrain de Le Vierge, le Vivace et le Bel Aujourd’ hui :

Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
Magnifique mais qui sans espoir se délivre
pour n’avoir pas chanté la région où vivre
Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

Il est ainsi probable que le présent de se délivre est un latinisme et marque l’effort {cherche à se délivrer). Quant à la subordonnée temporelle du derniers vers, elle peut dépendre soit de se souvient, soit de vivre, et cette ambiguïté rend évidemment l’interprétation délicate. L’hermétisme peut tenir à un codage dont le lecteur n’a pas la clef. C’est souvent le cas avec les périphrases des précieux ou de la poésie néo-classique. Citons la poésie skalde dont toutes les métaphores sont ainsi codées :

Le destructeur de la descendance des géants Brisa le puissant bison de la prairie de la mouette. Dans ces vers, le bison du pré de la mouette est un navire en perdition. {in Borgès J.-L., 1964)

Mais même dans la poésie classique, ce type de périphrase est très représentée. Ainsi, dans le récit de Théramène de Phèdre, la plaine liquide est-elle proche de la prairie de la mouette. Enfin, il existe un type d’hermétisme issu de la méconnaissance du référent auquel renvoie le poème. C’est, selon Georges Mounin, ce qui se produit souvent chez René Char, dont les textes sont liés à des anecdotes précises ou à des situations particulières : le poème Envoûtement à la Renardière s’éclaire par exemple dès lors qu’on le met en relation avec un cadre, « un adolescent, au milieu d’autres adolescents, » avec « une femme, à l’arrière-plan peut-être pour eux » (Mounin, 1992). Tous ces types d’hermétisme peuvent se combiner, par exemple chez Saint-John Perse.

Homéotéleute. Figure de diction dans laquelle on utilise des mots de même finale dans des fins de phrase ou des membres de phrase :
[...] celui [qui] joue aux dés, aux osselets, au jeu des gobelets [...] (Saint-John Perse, Anabase)
Le phénomène est en prose l’équivalent de la rime en poésie.


Homonymie. Relation lexicale entre termes dont le signifiant est identique. On distingue les homophones, dont la prononciation seule est la même : therme et terme, et les homographes, dont la graphie seule l’est : couvent (substantif) et couvent (du verbe couver). Les homonymes peuvent être l’un et l’autre, comme sol (note de musique) et sol (terre). A la différence de la polysémie, l’homonymie implique deux termes différents.