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innutrition integumentum (ou involucrum) intérêt interjection intermède interpretatio intertextualité intrigue

innutrition. Terme utilisé en critique littéraire pour rendre compte de la théorie de l’imitation exposée par Du Bellay dans la Deffènce et Illustration de la langue françoyse (1549) et, plus généralement, par les poètes de la Pléiade.

La comparaison entre la lecture d’un auteur et la nourriture ne date pas de la Pléiade : elle remonte à la Bible. Du Bellay demande aux poètes français de son temps de « se transformer » (I, 8) dans les grands auteurs de l’Antiquité qu’ils liront : ils s’incorporeront leurs vers, qui deviendront une véritable nourriture. Cette véritable imitation ne s’oppose pas a l’originalité : Érasme explique qu’il faut choisir d’imiter un auteur avec lequel on se sent en affinité.


integumentum (ou involucrum) (n. m., emprunté au latin, « enveloppe, couverture »). Terme d’herméneutique appartenant au vocabulaire de l’allégorie médiévale et particulièrement répandu dans les travaux de l’École de Chartres au XIIe siècle. Bernard Silvestris le définit comme « une sorte de démonstration cachée sous un récit fabuleux, enveloppant la compréhension de la vérité ». Ainsi, selon l’herméneutique de Bernard, l’Énéide de Virgile serait à interpréter comme l’histoire des tribulations de l’âme incarnée {Commentaire sur les livres de l’Énéide, composé sans doute autour de 1150).

intérêt. Au xviiie siècle, émotion forte qui naît d’une lecture ou d’un spectacle, qu’il soit réel ou théâtral. L'Encyclopédie définit ainsi la notion : « INTÉRÊT {Belles-Lettres. Poésie.) affection de l’âme qui lui est chère, et qui l’attache à son objet. Dans un récit, dans une peinture, dans une scène, dans un ouvrage d’esprit en général, c’est l’attrait de l’émotion qu’il nous cause, ou le plaisir que nous éprouvons à en être émus de curiosité, d’inquiétude, de crainte, de pitié, d’admiration, etc. » Il s’agit à la fois d’une illusion puissante, comme lorsque aujourd’hui nous nous disons passionnés par une lecture, et d’une émotion fortement moralisée qui nous coûte des larmes : la jeune fille qui pleure son oiseau mort (un tableau de Greuze) est « intéressante ». L’intérêt résulte souvent d’un effet pathétique,


interjection. Catégorie grammaticale assez hétérogène, dans laquelle on place des mots qui ont pour points communs, d’une part, de ne pas s’insérer directement dans le tissu syntaxique de la phrase et, d’autre part, de marquer une position subjective du locuteur face au contenu de l’énoncé ou à la situation : « hélas », « ah », « eh bien »... On y inclut parfois, sans doute abusivement, des mots-phrases comme « chut ! ». ou « allô ! ». Outre leur évidente valeur expressive, les interjections jouent un rôle rythmique considérable dans le vers, la réplique théâtrale ou la phrase romanesque : Las ! Où est maintenant ce mépris de fortune ? (Du Bellay, Les Regrets), Merdre ! (A. Jarry, Ubu roi).

intermède. Divertissement proposé aux spectateurs entre les actes d’une pièce. En général, il s’agit simplement d’un divertissement musical destiné à faire prendre patience aux spectateurs, mais il lui arrive de prendre la forme d’un ballet, parfois, en Italie notamment au XVIIe siècle, d’une courte pièce mythologique. Les intermèdes ont pu acquérir de l’autonomie jusqu’à former une courte comédie, éventuellement mêlée de musique. Le Devin de village de Jean-Jacques Rousseau est un intermède.

interpretatio (n. f., emprunté au latin, « traduction, éclaircissement»). Dans la rhétorique médiévale, cette figure de l’amplification consiste à répéter deux ou plusieurs fois de suite la même idée ou le même élément narratif ou descriptif sous des formes voisines. Elle répond aux exigences de l’esthétique médiévale, fondée sur le goût pour les jeux de la variation au sein de la répétition. Ainsi, dans le Roman d’Énéas (milieu XIIe siècle) : Jamais navrez nul bien du mort, / Faites du vif vostre deport [plaisir] ; / ou [au] mort n’a mais recovrement : /Faites du vif vostre talent [désir] [...]./ Tenir estuet le mort a mort, / le vif au vif, ce est confort).


intertextualité. On regroupe sous cette étiquette toutes les relations qui unissent un texte à d’autres textes, et tout particulièrement les faits de citation et d’allusion. La reprise tronquée du titre d’une cantate de Bach pour le roman de Giono Que ma joie demeure (1935) ou l’allusion au conte de Perrault dans le titre de Catherine Pozzi Peau d’âme (1935) relèvent ainsi de l’intertextualité, citationnelle dans le premier cas, allusive dans le second. Le mot « intertextualité » a été proposé par Julia Kristeva, à la fin des années 1960, dans le cadre d’une théorie générale de l’intertexte inspirée de M. Bakhtine : « Tout texte se construit comme une mosaïque de citations, tout texte est absorption et transformation d’un autre texte » (Séméiotiké, 1969).

intrigue. Assemblage des événements, des actions et des circonstances qui sont amenés par le hasard ou les desseins contradictoires des personnages d’une pièce de théâtre et qui donnent l’impression d’un enchevêtrement (le mot vient du latin intricare, « emmêler, embrouiller»). Certains auteurs, surtout à la période classique, identifient l’intrigue au nœud. D’autres la confondent avec l’action, l’argument ou la fable. Il est cependant nécessaire de distinguer l’intrigue, forme qui organise l’action devant les yeux et la conscience du spectateur, qui mêle à tel ou tel moment les desseins des personnages, qui les fait se rencontrer à tel ou tel instant, qui leur prête une vue plus ou moins complète ou partielle de l’action, de l’action proprement dite, qui se situe à un niveau second, plus profond. La comédie d’intrigue, comme Un chapeau de paille d’Italie de Labiche, joue sur la complexité étourdissante de l’intrigue.


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