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journal intime judiciaire kakemphaton

journal intime. Cahier personnel où un scripteur tient — idéalement chaque jour - le registre de ses actions ou de ses pensées. La pratique du journal intime s’est développée en Europe dès le XVIIe siècle et a connu son plus grand essor au XIXe siècle, où elle est souvent conçue comme typiquement féminine. En France, la pratique du journal intime ressortit à la littérature par au moins deux aspects : le développement depuis la fin du XIXe siècle du « journal d’auteur », destiné à la publication, où l’écrivain consigne en plus de la matière quotidienne sa réflexion sur son travail de création (les exemples les plus célèbres sont les journaux d’Amiel, des Concourt, de Gide ou de Jules Renard) ; l’utilisation du journal intime comme support d’une narration romanesque {Le Horla, G. de Maupassant, 1887 ; Journal d'un curé de campagne, G. Bernanos, 1936 ; La Nausée, J.-P. Sartre, 1938, etc.)


Journal intime. Genre littéraire autobiographique dans lequel un sujet narrateur consigne régulièrement, quotidiennement (d’où le nom de diaristes donné à leurs auteurs) les événements de sa vie. Ce genre apparaît en Europe à la fin du XVIIIe siècle, et est lié à des époques où l’individu s’interroge sur son destin. Dans le journal intime, la narration est quasi simultanée aux événements, ce qui le distingue des mémoires et de l’autobiographie qui sont écrites après. A la différence de ce dernier type, le journal suppose une rédaction discontinue, et ne repose pas sur un projet d’ensemble. Il répond au besoin de faire un examen de conscience, et surtout de laisser une trace d’événements qui seraient autrement emportés dans le flux du temps et l’oubli. Il est remarquable qu’à côté des hommes célèbres qui se sont adonnés à cette écriture intimiste (Bloy, Delacroix, Goethe, Pepys, Tolstoï, etc.), on compte beaucoup de femmes (G. Sand, V. Woolf, M. Bashkirtseff, A. Frank...).

judiciaire. C’est le premier genre de la rhétorique classique (avec le délibératif et le démonstratif) : il s’inscrit dans le cadre d’un procès, car son rôle est de juger ce qui a été fait ; il porte donc sur le passé et les valeurs qui lui servent de critère sont le juste et l’injuste. L’argument type dont il se sert est l’enthymème (on fait appel aux principes généraux pour les appliquer au cas particulier qui est jugé présentement), et son argumentation doit recourir au logos (raisonnement discursif), avant de faire appel aux passions du public {pathos : indignation ou colère). Le genre judiciaire est centré sur la narration, car il s’agit d’exposer les faits sous le jour le plus favorable à la cause défendue ; le récit doit respecter trois qualités : la brièveté (refus des digressions et des faits inutiles),, la clarté (maîtrise de la chronologie et de l’ordre des faits) et la vraisemblance (connaître l'ethos probable des acteurs de l’action et tenir compte des circonstances avec habileté). On imagine facilement les conséquences littéraires de cet aspect ; comme l’a montré récemment l’écrivain P. Quignard à propos du rhéteur romain Albucius, les exercices rhétoriques liés au genre judiciaire sont une des sources possibles de la fiction narrative, et les canevas légués par la tradition sont souvent des esquisses d’intrigues romanesques.

kakemphaton (n. m., du grec kakemphatos, « malsonnant », d’où « inconvenant Suite de sons malencontreuse qui aboutit à une équivoque involontaire. Exemple du vers 42 de Polyeucte de Corneille : Et le désir s’accroît quand l’effet se recule.



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