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lachmannisme, lachmannien. Technique d’édition des textes médiévaux, mise au point vers 1830 par Karl Lach-mann, qui invite l’éditeur à reconstituer le stemma codicum selon la méthode de la recherche des fautes communes à plusieurs manuscrits, pour reconstituer ensuite le texte critique à éditer en corrigeant constamment le manuscrit de base d’après l’ensemble des manuscrits, selon la valeur accordée à chacun d’eux. Cette méthode a été critiquée par Joseph Bédier, partisan de l’édition d’un unique manuscrit choisi en raison de ses qualités propres, et que l’éditeur corrige le moins possible. Les deux méthodes sont restées aujourd’hui concurrentes et ont chacune leurs partisans.

lai. Terme emprunté au celtique et ayant la même origine que l’irlandais laid, « chant, poème », qui désigne des types variés de formes poétiques chantées (accompagnées par des instruments à cordes) ou narratives (les Lais de Marie de France, par exemple), sans accompagnement musical.

lai lyrique. Cette expression sert à désigner trois types de poèmes du Moyen Age. 1. Au XIIe siècle, des poèmes celtiques dont le sujet a fourni la matière des lais narratifs. 2. Dans des romans arthuriens en prose tardifs {Tristan en prose, Perceforest), des pièces lyriques insérées dans la narration, souvent disposées en quatrains d’octosyllabes, qu’un personnage adresse à un autre et où il exprime des sentiments généralement douloureux (amour non partagé, rigueur de la séparation, désir de mourir...) ; on les appelle quelquefois lais arthuriens. 3. Dès le XIIIe siècle, mais surtout au XIVe et au XVe siècle, une forme mal fixée, dans laquelle le schéma métrique, la disposition des rimes et la mélodie varient à chaque strophe. Ce lai, également appelé grand lai, comprend habituellement douze strophes de longueur variable, dont la dernière reprend circulairement la structure de la première (lais de Guillaume de Machaut, d’Eustache Deschamps, de Christine de Pisan).


lai narratif. Genre de poème narratif en vers (XIIe-XIIIe siècle), plutôt bref (quelques centaines de vers, parfois moins), qui relate dans un langage choisi et d’une manière volontiers elliptique une aventure qui met le héros en présence d’une épreuve exceptionnelle, merveilleuse ou non. Il est d’essence aristocratique et utilise fréquemment le cadre arthurien (Lais de Marie de France au XIIe siècle, lais anonymes aux XIIe et XIIIe siècles comme ceux de Guingamor ou de Tyolet). Il faut noter que Marie de France emploie pour les désigner le terme de conte et paraît réserver celui de lai à ses sources.

lai-descort. Forme poétique de langue d’oïl, héritée sans doute du descort de langue d’oc, et caractérisée par un nombre variable de strophes (de 5 à 13 en général, quelquefois davantage), ayant elles-mêmes un nombre variable de vers hétérométriques. Les strophes sont chacune accompagnées par une mélodie différente, proche d’un récitatif. La thématique est celle de la courtoisie. Au XIVe siècle, le lai-descort tend à se figer dans la forme fixe qui est celle du grand lai.


laisse. Au Moyen Age, on appelle laisse une strophe souple, de longueur variable, construite sur une même rime ou une même assonance. On la rencontre dans les chansons de geste, dont elle est un trait formel obligé, dans le Roman d'Alexandre et, de façon isolée, dans quelques textes atypiques, comme la partie dite « chronique ascendante » du Roman de Rou de Wace (vers 1160-1170). La laisse épique recevait un accompagnement musical assez proche d’une psalmodie, qui était différent pour le premier et le dernier vers. Ceux-ci, dénommés respectivement par la critique vers d’intonation et vers de conclusion, revêtent fréquemment des caractères formels particuliers : un vers d’intonation peut soit commencer par le nom du personnage qui va agir ou parler {Carles li reis, nostre emperere magnes), soit comporter une inversion dite épique (du type : Halt sunt li pui et li val tenebros, Chanson de Roland) ; un vers de conclusion clôt fermement la laisse (affirmation synthétique d’un personnage ou du jongleur, résumé de situation). Les laisses peuvent être liées entre elles par des enchaînements (ou reprises) ou se succéder en présentant des phénomènes marqués de répétition : laisses similaires et laisses parallèles. On parle de laisses similaires lorsque les éléments narratifs sont absolument identiques et que les variations se situent au seul niveau de l’expression : l’action n’avance plus, le temps paraît se répéter, parce que la répétition est de l’ordre du chant, du lyrisme, et non de l’ordre de la diégèse. Les laisses sont dites parallèles lorsque, derrière une similarité de l’expression, l’action progresse néanmoins : le locuteur change tout en tenant le même discours que le précédent, ou bien l’acteur change tout en effectuant la même action (plusieurs attaques à la lance, effectuées par des guerriers différents, peuvent par exemple être relatées avec des variations minimales dans des laisses successives). L’art de la chanson de geste repose en grande partie sur les combinaisons de laisses de longueurs et de structures variables.


langue/parole. Depuis F. de Saussure (1857-1913), cette opposition fonde la linguistique contemporaine. La langue est une réalité sociale, un « trésor » collectif constitué par des unités lexicales (le vocabulaire) et des règles (morpho-)syntaxiques permettant de les combiner (la grammaire). Ces unités et ces règles forment un système. La parole (on dit parfois le discours) est la mise en œuvre de ce système par un locuteur.

lapidaire (n. m.). Genre littéraire didactique qui expose, dans des articles successifs, les caractères distinctifs des pierres pour en dégager une signification allégorique de type spirituel. Le principe est le même que celui des bestiaires.

leçon. En édition de textes anciens et médiévaux, on appelle leçon (du latin lectio) la lecture d’un passage que propose un manuscrit, lecture qui peut différer plus ou moins sensiblement d’un manuscrit à l’autre. Une leçon rejetée est un mot, ou un groupe de mots, qui figure dans le manuscrit mais qui, contredit par les meilleurs témoins de la tradition manuscrite, est remplacé dans l’édition critique par une leçon meilleure donnée par d’autres manuscrits. La varia lectio est la leçon donnée par les autres manuscrits lorsque la leçon du manuscrit de base est la meilleure. On appelle lectio difficilior une leçon isolée et inattendue, propre à un seul manuscrit, mais qui paraît être la bonne, face à toutes les autres.

lecteur. Allocutaire final d’un texte écrit qui lui est destiné (soit spécifiquement ; soit génériquement : un roman est a priori destiné à tous les lecteurs de romans) ; ou simple récepteur d’un texte écrit destiné à un autre (je peux être lecteur d’une lettre de Gide dont Valéry est l’allocutaire). Ce mot familier recouvre en effet des réalités hétérogènes. On doit, selon les circonstances, distinguer au moins les figures suivantes : le lecteur invoqué, c’est-à-dire interpellé dans le texte, comme figure générique (« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère », Baudelaire, Les Fleurs du Mal, 1857) ou comme figure, idéale (« Nathanaël, à présent, jette mon livre », A. Gide, Les Nourritures terrestres, 1897) ; le lecteur modèle (ou lecteur institué, ou archilecteur), qui est le lecteur que prévoit le texte, en vue duquel il est écrit, à partir de ce que l’auteur a supposé être ses pratiques de lecture et sa compétence lexicale ou culturelle : c’est de ce lecteur modèle que le texte calcule les inférences, l’aptitude à comprendre les renvois intertextuels, etc. On peut s’amuser par exemple à remarquer que Mérimée écrit pour un lecteur qui sait le latin, mais pas l’anglais. Le lecteur effectif ne se confond évidemment pas, avec ce lecteur modèle : les développements de L’Esprit des, lois ou du Contrat social sont faits pour obtenir l’adhésion d’un lectorat qui n’a pas l'expérience des régimes politiques républicains ou démocratiques, non pour le lectorat occidental du début du XXIe siècle.

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