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MAURRAS Charles 1868-1952

Poète, conteur et essayiste, né à Martigues. Le journaliste va, dès 1908, prendre le pas sur l’écrivain, sur le poète mélodieux et sensible, le styliste très exigeant envers lui-même. Du moins depuis le premier recueil de poèmes, Psyché (1891) jusqu’à son magistral essai L’Avenir de l’intelligence (1905), Maurras a-t-il eu le temps d’édifier une œuvre puissante, rigoureuse et savoureuse tout ensemble (attique, comme il l’avait souhaité), dont les plus belles réussites sont peut-être Anthinéa (1901), méditation sur l’âme grecque, et Le Chemin de Paradis, contes (1895), où s’entrecroisent les deux thèmes propres au poète Maurras : la foi perdue et l’appel de la beauté païenne. Un recueil publié en 1925, La Musique intérieure, voit se côtoyer les cadences harmonieuses de ses vers de jeunesse et les tirades à l’allure un peu guindée qui seront la caractéristique majeure de sa seconde carrière, la plus longue. On sait, d’autre part, le rôle que Maurras a joué dans la vie politique française de 1900 à 1945 (on le sait tellement que nous n’aurons pas à en parler ici). Un recueil posthume, La Balance intérieure (1952), nourri cependant de la colère que lui inspire son incarcération (supplice interminable infligé à un vieillard : de soixante-seize à quatre-vingt-quatre ans), reste très inférieur sur le plan littéraire à la longue confession en prose du Mont de Saturne (publié en 1960).