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métalepse métaphore métathèse métonymie mètre

métalepse. A la suite de G. Genette, on nomme parfois métalepse le fait qu’un récit s’interrompe pour mettre en scène le narrateur et ou le lecteur. La métalepse peut prendre des formes diverses et avoir les enjeux les plus variés : Nous le laisserons reposer dans sa chambre et verrons dans le suivant chapitre ce qui se passait en celle des comédiens (P. Scarron, Le Roman comique). Aujourd’hui, 22 avril 1963, je corrige ce manuscrit au dixième étage d’une maison neuve (J.-P. Sartre, Les Mots, 1964). métaphore (n. f., du grec metaphorein, « transporter »). Figure d’analogie ou de similarité qui, selon Fontanier, consiste « à présenter une idée sous le signe d’une autre idée plus frappante ou plus connue, qui, d’ailleurs, ne tient à la première par aucun autre lien que celui d’une certaine conformité ou analogie ». La métaphore peut avoir un support substantival, adjectival, adverbial ou verbal (« la chaleur d’une voix », « une voix chaude », « parler chaleureusement », « réchauffer par des mots »), et occasionnellement prépositionnel. Quand le comparé et le comparant sont tous deux présents dans la phrase, on parle de métaphore in praesentia. Seules les métaphores substantivales peuvent faire l’objet d’une utilisation in praesentia. Le lien entre les deux peut se présenter syntaxiquement de différentes manières : — avec un est d’équivalence (Verlaine) :
Votre âme est un paysage choisi — par une apposition, avec ou sans démonstratif (Baudelaire) : Mille pensers dormaient, chrysalides funèbres — un rapport substantif/verbe (Laforgue) : Un tic-tac froid rit en nos poches — un rapport de détermination (Laforgue) : le lait caillé des bons nuages Quand ne figure que le comparant, on parle de métaphore in absentia. C est ce que l’on trouve au début du « Cimetière marin » de Valéry, le comparé n’étant éclairé que par la suite du poème : Ce toit tranquille où marchent les colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes. La métaphore exige d’être reconnue (dans « le vieux chêne est mort », parle-t-on de mon grand-père ou d’un arbre du jardin ?), pour être ensuite construite (on isole un sème qui prend, du coup, une valeur hyperbolique : « Paul est un oiseau » n’a pas le même sens si Paul est à table ou sur une piste de danse). Quand la logique de la métaphore se poursuit sur plusieurs syntagmes, on parle de métaphore filée, comme dans ces quelques vers de Corneille (Le Cid, II, 8) :
Je vous l’ai déjà dit, je l’ai trouvé sans vie ; Son flanc était ouvert; et, pour mieux m’émouvoir,
Son sang sur la poussière écrivait mon devoir;
Ou plutôt sa valeur en cet état réduite. Me parlait par sa plaie, et hâtait ma poursuite ;
Et pour se faire entendre au plus juste des rois,
Par cette triste bouche elle empruntait ma voix.
L’usage très fréquent de la métaphore fait quelle peut facilement se figer (métaphore usée) ou se lexicaliser (catachrèse). Il peut aussi y avoir défigement d’une métaphore usée : par exemple si on dit : « A un moment d’intense fatigue, le fauteuil m’a tendu les bras. »

métathèse (n. f., du grec metathesis, « transposition »). Permutation de phonèmes ou de syllabes à l’intérieur d’un mot, très fréquente dans la langue populaire car elle est liée à de fausses étymologies : infractus, aréoplane, hynogtisme, carapaçon. métonymie (n. f., du grec metonumia, « changement de nom »). Figure de contiguïté qui désigne un objet par le nom d’un autre objet, indépendant du premier mais qui a avec lui un lien nécessaire, d’existence ou de voisinage. La nature de ce lien définit différents types de métonymies parmi lesquels : — le contenu pour le contenant, ou l’inverse : « boire une bonne bouteille » ; — l’effet pour la cause, ou l’inverse : « contempler un Matisse » (un tableau de Matisse) ; — le lieu d’origine pour l’objet ou la personne : « du champagne » (du vin de Champagne) ; — l’abstrait pour le concret, ou l’inverse : Ce pin où tes honneurs se liront tous les jours (Ronsard) (tes honneurs = les mots écrits en ton honneur) ; — la matière pour l’objet : Le fer qui les tua leur donna cette grâce (Malherbe) (le fer = l’épée, le poignard). mètre (n. m., du grec metron, « mesure »). Mesure indiquée par le nombre de syllabes prononcées et prosodiquement comptées dans le vers. Le mètre est donc le type de vers, structuré ou non, selon sa longueur, par la césure.


Mètre. Organisation interne du vers. Le mètre peut être considéré comme un cas particulier du rythme. Il repose sur des répétitions codifiées. Donné d’avance, il ne peut être modifié. Tous les mètres utilisent la syllabe, soit seule, comme dans le mètre français, qui ne prend en compte que le nombre de syllabes, soit comme support de l’accent, comme en anglais, ou du ton, comme dans certaines langues africaines. Les mètres reposent sur des mesures, qui sont des groupements de syllabes appelés pieds. Ainsi l’hexamètre dactylique grec ou latin comprend six mesures, six pieds, sur le schéma suivant, fondé sur l’alternance de syllabes brèves et longues :

Il n’est pas nécessaire que les mesures soient identiques, mais qu’elles se répètent de façon réglée. Dans certaines positions, mais dans certaines positions seulement, il est possible d’avoir le choix entre plusieurs types de pieds, par exemple dans ce même mètre, on peut choisir dans les quatre premiers pieds entre un spondée (deux longues) et un dactyle (une longue et deux brèves, deux brèves valant une longue), mais non au cinquième, dit pied pur, où on a obligatoirement un dactyle. Quant au dernier, il peut être un spondée, ou un trochée (longue et brève). La métrique du français ne repose pas sur un nombre de pieds, mais sur un nombre de syllabes, éventuellement groupées en deux hémistiches selon la longueur du vers, et seuls ces deux hémistiches pourraient être appelés pieds. On dira ainsi que l’alexandrin est fait de deux hémistiches de six syllabes, ou de 12 syllabes, mais non de 12 pieds.

Les principaux mètres du français sont l’alexandrin, le décasyllabe (10 syllabes), l’octosyllabe (8 syllabes). Les autres, comme le vers de 6 syllabes, sont surtout des mètres de contraste utilisés dans les strophes hétérométriques. Les vers impairs sont plus rares, bien que le XVIe siècle ait utilisé l’endécasyllabe, vers de onze syllabes, et l’ennéasyllabe, vers de neuf syllabes. Aux siècles classiques, les vers impairs sont surtout eux aussi des mètres de contraste. Ils sont plus fréquents au XIXe siècle, et sont recherchés soit parce qu’ils témoignent, comme chez Hugo, de la virtuosité du poète, soit parce qu’ils apparaissent comme plus musicaux :
De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’impair. (Verlaine, Art poétique)
Les mètres de plus de huit syllabes, faute de ne plus être perçus comme tels, doivent être séparés en deux par une césure. Cette césure, qui intervient après la sixième syllabe dans l’alexandrin :
Naître avec le printemps, mourir avec les roses [...] (Lamartine, Le Papillon)
est une articulation obligatoire du vers, même si elle est peu perceptible et si elle ne correspond pas toujours à une pause dans la diction : S’envoler comme un souffle aux voûtes éternelles [...] (Lamartine, Le Papillon)
Dans le décasyllabe, la césure, selon les poèmes, se place après la quatrième ou la sixième syllabe :
Cris de l’enfer! / voix qui hurle et qui pleure ! (Hugo, Les Djinns)
En dehors de la césure, on peut rencontrer dans le vers des coupes, liées au sens et à la syntaxe, mais elles n’ont rien à voir avec le mètre, puisqu’elles ne sont pas codifiées :
Pleurez,/ doux alcyons, // ô vous,/ oiseaux sacrés, (Chénier, La Jeune Tarentine)
Elles permettent la création d’un rythme, qui peut épouser ou s’opposer au mètre. Les effets de distorsion du rythme et du mètre constituent enjambements, rejets et contre-rejets. Les enjambements sont la poursuite sur toute une unité métrique de l’unité précédente : Mais je demande en vain quelques moments encore [...] (Lamartine, Le Lac)
Les rejets sont la poursuite sur une partie seulement d’une unité de l’unité précédente : A l’heure où le soleil se couche, où l’herbe est pleine (Hugo, Mugitusque boum)

L’élément en rejet est ainsi suivi d’une coupe.
Le contre-rejet est l’annonce, en fin d’unité métrique, de l’unité suivante :
O reine, ô de Minos épouse désolée, (Chénier, Pasiphaé)
L’élément en contre-rejet se trouve ainsi précédé d’une coupe. La complexité du vers tient à ces jeux de correspondance ou de contrepoint entre le mètre et le rythme.

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