MILOSZ [Oscar Vladislas de Lubicz-Milosz] 1877-1939

Poète lituanien d’expression française, né à Czéréia. Il vient en France dès l’âge de douze ans et après un long périple européen publie un premier recueil, encore influencé par le symbolisme (Les Poèmes des décadences, 1899). Mais le grand livre de cette période païenne de sa vie reste Les Éléments (1911). Revenu se fixer définitivement à Paris en 1914, il souffrira longtemps de la solitude, quoique son thème d’inspiration soit alors Don Juan : dans le drame Miguel Manara par exemple (1912). Mais aussi, en 1910, dans le roman L'Amoureuse Initiation, où l’on peut déjà percevoir chez Milosz l’appel de la foi (L'attachement à la créature nous conduit à l'amour de l'incréé...) et une foi qui sera, on le pressent dès lors, celle du mystique. Son œuvre ultérieure tend d’ailleurs, de plus en plus, tant sur le plan poétique (Symphonies, 1915 ; Adramandoni, 1918 ; La Confession de Lemuel, 1920) que sur le plan dramatique (Méphiboseth, 1914) vers l’amour divin. Et, bientôt, seul l’occultisme parviendra à étancher sa curiosité, son désir d’un au-delà de toute connaissance : Ars magna (1925), Les Arcanes (1926)... Il entend ne plus s’abreuver désormais qu’à la source des lumières et des formes.

On peut préférer, sur le plan de l’art, le chantre des Éléments et, surtout, de La Confession de Lemuel, au Milosz ésotérique de la fin, mais l’écrivain en lui-même, par son âme ardente et sa soif d’absolu, par son timbre de voix, nous est entre tous précieux, car irremplaçable en notre langue. Et inégalé dans son registre.

■ Œuvres - En poche : [Maximes et pensées] (A. Silvaire, coll. Maximes, 1967). - Autres : Miguel Manara. Mystère en six tableaux (Gallimard). - Œuvres complètes, en 10 vol. (A. Silvaire, à partir de 1948).

■ Critique - A. Lebois, L'Œuvre de Milosz (Denoël, I960). - J. Buge, Milosz en quête du divin (Nizet, 1963). - A. Richter, Milosz (Editions Universitaires, 1965). -J. Bellemin-Noël, Milosz (A. Silvaire, 1968).