motivation Mot poétique Mystère
Motivation : — Terme de linguistique qui désigne un phénomène qui vient corriger l’arbitraire du langage. Une des propriétés des langues naturelles est que leur organisation et les signes qu’elles comportent sont arbitraires par rapport à la réalité, comme le montre tout simplement l’existence de langues différentes. Entre le monde et la langue, il n’y pas de lien naturel. Cependant, le matériel linguistique est souvent motivé. D’une part en effet, il présente des régularités, par exemple morphologiques, qui font que les mots nouveaux obéissent à des moules existants (par exemple, le néologisme d’un enfant poubellier, sur la série jardin / jardinier, crème/crémier, etc.). D’autre part, les mots sont souvent motivés sémantiquement, par exemple par les phénomènes de sens figuré. Parler d’un œil-de-bœuf pour désigner une fenêtre ronde introduit une motivation dans la désignation de l’objet, même si chacun des termes qui composent l’expression est arbitraire. — Terme de narratologie, emprunté aux formalistes russes, qui désigne la justification et le mode d’introduction d’un élément dans un roman. Ainsi, les descriptions peuvent avoir une motivation interne, si elles découlent du regard d’un personnage, par exemple, ou externe, si elles résultent d’une décision du narrateur.
> Description, roman, signe
• Guiraud P., Structures étymologiques du lexique français, Paris, Larousse, 1967; Théorie de la littérature, Textes des formalistes russes, Paris, Seuil, 1975.
Mot poétique. Au sens strict, mot qui ne s’emploie qu’en poésie et dans la langue poétique : coursier, onde, courroux, hymen, etc. Ce sont ces mots que visait Victor Hugo dans Réponse à un acte d’accusation :
J’ai dit à la narine : Eh mais ! tu n’es qu’un nez!
J’ai dit au long fruit d’or : Mais tu n’es qu’une poire !
Cela ne signifie pourtant nullement que seuls les mots de ce type ont droit de cité en poésie. Ailleurs que dans la grande poésie des siècles classiques, tout mot, même le plus simple, comme chez Verlaine, peut devenir poétique par son insertion dans un contexte où il s’enrichira de son association avec d’autres termes ou de jeux sur les sonorités si bien qu’on a pu dire qu’il n’existe pas de mot poétique, puisque tous peuvent le devenir.
Mystère. Drame sacré, fort populaire dans toute l’Europe au Moyen Age, qui emprunte à la Bible son sujet. Les Mystères de la Passion représentent le mystère de la Rédemption depuis le péché d’Adam jusqu’à la Résurrection. Ex : la Passion d’Amoul Gréban jouée à Paris en 1450 (fresque de 35 000 vers).
Les Mystères sont joués avec des décors simultanés comprenant au minimum trois mansions (doublet médiéval de maison) : le paradis, la terre, l’enfer. Les représentations, se déroulant sur plusieurs jours, ont nécessité un découpage en «Journées» et l’intervention d’un récitant qui fait le lien entre les différents épisodes.
Le genre, interdit à Paris en 1548 par un arrêt du Parlement, perdure très tard en province et dans les autres pays d’Europe : ce sont les miracle plays en Angleterre, les laudi en Italie, les autos-sacramentales en Espagne.