NIMIER (Roger) 1925-1962
NIMIER (Roger) 1925-1962
Né à Paris. Le chef de file des « hussards » de l’après-guerre. Sa mort sur l'autoroute de l'Ouest, dans une Aston-Martin, est à l'image de toute une destinée : comme le héros des Épées, il a été fasciné par la mort; il l'a défiée, provoquée même (Sanders, toujours dans ce premier livre, fera une tentative de suicide). Cette fin précoce (il n'a que trente-sept ans), en pleine gloire, cette religion de l'aventure et cette soif d'héroïsme évoquent étrangement l'image de Lord Byron. Et c'est à Byron, encore, qu'il fait penser par sa grâce enfantine et par sa beauté un peu enrobée; par sa naissance (il s'appelait en fait Nimier de La Perrière et appartenait à une vieille maison de comtes bretons) ; enfin par le « ton » même de l'écrivain : tout à la fois lyrique et cynique. Dès l'âge de dix-neuf ans, il souscrit (en pure perte, d'ailleurs) un engagement pour l'Indochine. Trois ans plus tard il est déjà célèbre (Les Épées, 1948; Le Hussard bleu, 1950). À l'image du héros de ces deux romans (François Sanders), qui compte des amis aussi bien dans la Résistance que dans la Milice, Nimier aime tout autant les écrivains pro-collaborationnistes du temps de l'Occupation allemande, Chardonne, ou Morand, que cet homme « de gauche par excellence » que fut Stendhal, l'inégalable modèle (et le premier en date) de tous les hussards.
L'année suivante, 1951, c'est son chef-d'œuvre: Les Enfants tristes, dont Antoine Blondin a pu dire qu'ils « donnèrent à la sensibilité d'une époque son diapason ». La même année, un essai : Amour et néant, étonnante conjonction d'un « amoureux » enthousiaste et d'une âme précocement sereine: Dans le cheminement qui nous occupe, l'amour physique apparaît comme un point fixe et la seule chance de sauver ce que le temps et la société rongent sans cesse. Dans le même temps (de la fin des années 40 au début des années 50) il est rédacteur en chef d'Opéra et du Nouveau Femina; avec ce style d'«attaque» qui lui est particulier - féroce et joyeux tout ensemble - il bombarde à boulets rouges les idoles les plus vénérées de la gauche intellectuelle alors triomphante (ainsi, dans Arts : Surprise à Marigny,]Jean-Louis Barrault plus mauvais que d'habitude). Il entre bientôt à la direction des Éditions de la NRF (1953), où ce prétendu paresseux surprend tout le monde par son activité sur tous les plans. Sauf pour ce qui est de sa production personnelle, qui cesse (pratiquement) jusqu'à sa mort dix ans plus tard. En réalité, on pourra rassembler alors plusieurs volumes d'inédits : deux romans, D'Artagnan amoureux ou cinq ans avant (1962); L'Étrangère (1968); plus, en 1965, des textes critiques, Journées de lecture - car le fougueux polémiste Nimier est aussi un « homme studieux » - et enfin L'Élève d'Aristote (1981).
■ Œuvres - En poche : Les Épées (Folio). - Le Hussard bleu |id.). - Les Enfante tristes (id.). - D’Artagnan amoureux (id.). - Les Indes Galandes (Rivages Poche). -Amour et néant (Gallimard, coll. Les Essais). -Autres : Journées de lecture (Gallimard). - L'Elève d'Aristote (Gallimard, posthume).