NOURISSIER François 1927

Romancier, né à Paris. Connu, d'abord, comme essayiste (L'Homme humilié, 1950); voire comme pamphlétaire: Les Chiens à fouetter (1956), satire du monde des lettres; plus encore, comme le très pince-sans-rire donneur de« Conseils [perfides] à un jeune Rastignac », dans la revue La Parisienne (aux côtés de son codirecteur Jacques Laurent, et sous la signature commune d« Albéric Nourrit », où le prénom rappelle directement l'un des pseudonymes de Jacques Laurent : Albéric Varenne). Mais connu surtout, dès 1958, par le roman Bleu comme la nuit, méditation sur le problème de la culpabilité (ou mieux, de la responsabilité) de l'homme qui écrit. C'est le premier d'une série de trois romans parue sous ce titre prophétique, et bien « à la François Nourissier »: Un malaise général. Cette trilogie sera complétée par Un petit-bourgeois (1963) et Une histoire française (1965). «Chronique», mais surtout confession sincère, en particulier dans le deuxième récit. Car il y a là, pour notre plus grande délectation, un troublant contrepoint de la « fiction » jouant sans relâche avec l'introspection. « Un homme fatigué », c'est ainsi qu'est défini le héros devenu quinquagénaire à la fin du cycle Un malaise général. Notons ces autres titres et ces sous-titres, chers à l'auteur : L'Homme humilié (il ne s'agit pas de l'homme en tant qu'être humain, mais de l'homme dans ses rapports avec la femme); L'Eau grise (1951), roman de jeunesse; Portrait d'un indifférent (1957). Mais ne le croyons pas trop : les titres sont mélancoliques, l'auteur pour sa part n'est diablement pas « gris », ni« humilié », ni « fatigué ». Une quinzaine d'ouvrages romanesques ou polémiques, de plus en plus vivaces, incisifs ou percutants (et bien moins autobiographiques, ou même pas du tout) à mesure qu'il marche dans la vie, depuis La Crève (1970) et Allemande (1973) jusqu'à L'Empire des nuages (1981) et En avant, calme et droit (1987). Les personnages de naguère, l'écrivain « coupable » Saint-Lorges, ou l'adolescent douloureux et tourmenté Patrice Picolet, vont faire place (par exemple) au peintre de l'étonnant roman L'Empire des nuages.

Ajoutons (parce que cet ouvrage de jeunesse nous apprend beaucoup sur l'auteur) une étude sur Lorca dramaturge (1955).

■ Œuvres - En poche: Bleu comme la nuit (Le Livre de Poche). - Un petit-bourgeois (id.). - La Crève (id.). - L'Empire des nuages (id.). -Au T RE S : Lettre à mon chien (Gallimard).