Nouveau Théâtre
Nouveau Théâtre. Théâtre créé par un certain nombre d’auteurs dramatiques qui, dans les années 50, font table rase de la dramaturgie antérieure. A la différence des Nouveaux Romanciers, ils ne constitueront jamais un groupe. Seul Ionesco théorisera sur cette dramaturgie nouvelle, dans Notes et contre-notes en 1956. Certains d’entre eux sont des étrangers qui écrivent en français : Eugène Ionesco est roumain, Samuel Beckett irlandais, Arthur Adamov Russe arménien, Georges Schehadé libanais. La plupart d’entre eux sont venus à la scène tardivement, après une expérience de romancier (c’est le cas de Jean Genet, Robert Pinget, Marguerite Duras, Nathalie Sarraute), ou de poète (comme Romain Weingarten, Jean Tardieu, Georges Schehadé, Jean Vauthier) qui a marqué leur écriture pour le théâtre. Ils sont tous admirablement servis par les jeunes metteurs en scène d’alors, Barrault, Blin, Mauclair, Serreau, etc. Les étiquettes sont multiples pour regrouper ces auteurs dramatiques. La critique a parlé de «théâtre d’avant-garde», de «théâtre des années 50», de «théâtre de l’absurde», terme désavoué par Ionesco et par Adamov qui récusent toute appartenance à l’existentialisme.
Héritiers de Jarry et des surréalistes, ces nouveaux dramaturges cultivent l’insolite. La scène n’est plus censée, pour eux, reproduire le réel, mais figurer le fantasme. Ils critiquent le théâtre engagé, trop rationnel. Introduisant l’incohérence au sein du langage, ils mettent en doute sa fonction de communication. La Cantatrice chauve, première pièce de Ionesco, jouée en 1950, est, de ce point de vue, exemplaire. Nourris de Freud et des phénoménologues, ces écrivains mettent en scène un personnage profondément divisé, désorienté dans le temps comme dans l’espace, image du désarroi de l’homme qui n’a plus aucun repère dans le monde moderne. Comme le langage est pour eux objet de suspicion, ils tentent de saisir leur personnage autrement que par le discours, dans son corps. C’est Beckett, avec son cortège d’éclopés, qui est allé le plus loin dans cette voie. Le discours didascalique, destiné à décrire les gestes, occupe chez eux une place très importante qui tend parfois à concurrencer le dialogue.