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nouvelles à la main novas obstacle octosyllabe ode pindarique odelette onomatopée oppositum oraison oralisation oralité

nouvelles à la main. « Recueil manuscrit d’articles donnant des informations d’actualité selon l’ordre chronologique » (François Moureau). Les nouvelles à la main ont, au XVIIe siècle, précédé la gazette imprimée mais n’ont nullement disparu avec son apparition : elles circulent jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Parfois satiriques ou scandaleuses, elles recueillent ce que le circuit de la presse imprimée ne pouvait accepter. Leurs auteurs sont souvent d’obscurs tâcherons de la bohème littéraire, mais parfois aussi des écrivains reconnus. Les Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des Lettres en France depuis 1762 de Bachaumont, avec des articles qui relèvent de l’actualité culturelle et des nouvelles scandaleuses qui donnent au lecteur l’impression d’être dans le secret des Grands, sont un modèle de ces nouvelles à la main. La Correspondance littéraire de Grimm (à laquelle collabora Diderot), avec son petit nombre d’abonnés des cours princières, offre l’exemple d’une revue littéraire et culturelle ambitieuse, dont la liberté est liée à la circulation manuscrite : Diderot y publia plusieurs de ses œuvres majeures.

novas (n. f. plur.). Terme désignant un genre de la littérature occitane intermédiaire entre le conte et le roman, correspondant à la nouvelle, dont il apparaît comme l’ancêtre (les premières semblent dater de la fin du XIIe siècle). Les novas racontent, en octosyllabes à rimes plates, une aventure unique (d’où leur plus grande simplicité), qui se déroule toujours dans le milieu aristocratique ou, plus tardivement, dans la bourgeoisie, mais elles sont toujours marquées par l’influence courtoise. Les plus célèbres et les plus anciennes qui nous soient parvenues sont le Castia Gilos de Raimon Vidal de Besal (fin XIIe siècle) et Las novas del Papagai d’Arnaut de Carcassès (début XIIIe siècle).

obstacle. L’action dramatique implique la dynamique d’un désir (ou d’une volonté) qui, au moment où commence le nœud, rencontre un obstacle qui ne l’arrête pas mais lui impose le conflit, la lutte. L’obstacle peut consister en un désir rival, un interdit religieux, politique, moral ou parental, une résistance ou un refus, une pesanteur matérielle ou sociale (l’argent). Il peut être intérieur (c’est souvent le cas chez Marivaux) ou extérieur (Rome dans Nicomède de Corneille) ; parfois il est à la fois extérieur et intérieur (Rome dans Bérénice). La diversité des obstacles contraste avec leur similitude fonctionnelle et leur situation, au point d’intersection des fils de l’intrigue. L’obstacle relève des structures actancielles et, en ce sens, se rencontre aussi dans les structures du récit en général. La dramaturgie aristotélicienne lui donne une place centrale dans l’écriture théâtrale.

octosyllabe (du grec oktô, « huit »). Mètre de huit syllabes. Il date du Xe siècle. C’est le vers le plus utilisé à la période médiévale (en dépit de la prédominance du décasyllabe dans les chansons de geste), mais il a toujours été régulièrement employé. L’octosyllabe ne comporte pas de césure fixe. Exemple d’octosyllabes de Villon (Testament, xxiii), tous de rythme 4/4 :
Allé s’en est, et je demeure, Pauvre de sens et de savoir, Triste, failli, plus noir que meure [mûre],
Qui n’ai ni cens, rente, n’avoir. Ces rythmes peuvent être variés (5/3, 3/5, 2/6, 6/2).


ode (n. f., du grec ode, « chant »). Genre hérité de l’Antiquité et repris par la poésie française à la Renaissance. On l'appelle aussi alors « chant lyrique », en lien avec la chanson. Il y a deux sortes d’odes, de tonalité radicalement différente : l’ode anacréontique et l’ode pindarique. S’écartant de ces formes de référence, des poètes dès le XVIe siècle, mais aussi Victor Hugo (Odes et ballades, 1826) ou encore Claudel ont appelé odes des poèmes de tailles variées et de formes diverses, pour en retenir la tonalité lyrique, telle l’« Ode à Monsieur Marcil » de Claude Garnier, qui prend la forme d’une épître en vers ïambiques, et dont voici le début :
Comme un cygne qui vole entre mille corneilles,
Pressé de leurs rumeurs, Je vais parmi la France, accompli de merveilles, Entre mille Rimeurs.

ode anacréontique. Genre lyrique sur le modèle antique, réutilisé en poésie française à partir du XVIe siècle. De longueur variable, l’ode anacréontique est divisée en strophes, telle cette ode de Ronsard de quatre strophes dont voici les première et dernière :
Les Muses lièrent un jour
De chaînes de roses Amour
Et, pour le garder, le donnèrent
Aux Grâces et à la Beauté,
Qui, voyant sa déloyauté,
Sur Parnasse l’emprisonnèrent. [...]
Courage doncques, amoureux,
Vous ne serez plus langoureux : Amour est au bout de ses ruses ; Plus n'oserait ce faux garçon
Vous refuser quelque chanson, Puisqu’il est prisonnier des Muses.


ode pindarique. Ode de tonalité héroïque, composée de triades (strophe, antistrophe - toutes deux sur le même schéma -, suivies de l’épode, de structure différente) récurrentes. Elle était chantée et dansée dans l’Antiquité. Le genre a été repris à la Renaissance, particulièrement illustré par Ronsard.

odelette. Poème bref de tonalité lyrique, soit en une seule strophe (dizain ou douzain), soit en quelques strophes, comme les Odelettes de Nerval (1832-1835), elles-mêmes de formes variées. En voici une composée de trois quatrains d’octosyllabes : Elle a passé, la jeune fille
Vive et preste comme un oiseau :
A la main une fleur qui brille,
A la bouche un refrain nouveau.
C’est peut-être la seule au monde
Dont le cœur au mien répondrait,
Qui venant dans ma nuit profonde
D’un seul regard l’éclaircirait !...
Mais non, - ma jeunesse est finie...
Adieu, doux rayon qui m ’as lui,
-Parfum, jeune fille, harmonie... Le bonheur passait, - il a fui !


onomatopée (n. f., du grec onoma, onomatos, « nom », et poïein, « faire »). Mot censé être formé par imitation du bruit qu’il désigne ou de ce qu’il désigne : par exemple le frou-frou de la robe désigne le bruit que fait le tissu de la robe quand on marche.


onzain. Strophe de onze vers, toujours composée. Les formules de composition peuvent être très variées. Les onzains de la « Complainte du pauvre jeune homme » de Jules Laforgue, étant éléments d’une chanson, sont fondés sur des structures de répétition très nettes (AAbabbbCdCc), avec de plus hétérométrie étranglée au milieu de la strophe (88881388888) :

Quand ce jeune homm’ rentra chez lui,
Quand ce jeune homm’ rentra chez lui ;
Il prit a deux mains son vieux crâne,
Qui de science était un puits ! Crâne,
Riche crâne,
Entends-tu la Folie qui plane ?
Et qui demande le cordon,
Digue dondaine, digue dondaine,
Et qui demande le cordon,
Digue dondaine, digue dondon !

opéra-comique. Genre dramatique et musical tout à la fois (du XVIIIe au XXe siècle), caractérisé par la succession de passages parlés (dialogués ou non) et de passages chantés. Nom d’un théâtre parisien, d’abord salle foraine, puis salle proche des boulevards, jusqu’à une date récente : la salle Favart. Carmen de Bizet est un opéra-comique. L’origine de ce genre se trouve dans la comédie italienne du XVIIe siècle, dans la parodie (reprise d’airs d’opéra sur lesquels on adaptait d’autres paroles) et dans le vaudeville (chansons, introduites dans les comédies, avec des paroles nouvelles sur des airs déjà connus). Par la suite, on introduisit des airs originaux (comédie à ariettes). C’est en 1715 que les comédiens de la Foire, après négociation avec l’Académie royale de musique, donnèrent à leur genre de spectacles et à un théâtre le nom d’opéra-comique. C’est au XVIIIe siècle Je genre le plus vivant, encore très proche du théâtre. A la fin du XVIIIe siècle, il donne asile aux compositeurs de musique les plus novateurs et la musique y prend dès lors une place dominante.


oppositum (n. m., emprunté au latin, « opposé »). Figure de rhétorique du Moyen Age, qui consiste à répéter la même idée sous deux formes contraires, l’une positive, l’autre négative (ou inversement). Exemples : N'i estoit mie, aillors estoit (Énéas) ; il n’avoit pas robe de soie, / ainz avoit robe de floreites (Roman de la Rose). C’est une variété de l'interpretatio.

oraison (n. f., du latin o ratio, « discours »). Discours qui peut prendre la forme d’une prière ou d’un sermon. L’exemple le plus célèbre est celui des Oraisons funèbres de Bossuet.

oralisation. Procédé stylistique qui consiste à donner à des énoncés écrits des caractéristiques de la langue parlée (chute du ne de négation, apostrophe d’apocope, changement de niveau de langue...) : Il n'aima pas comment elle était habillée (L. Aragon, Aurélien). Il s’agit le plus souvent d’aligner l’écriture du passage sur la norme langagière du personnage dont il est question dans le texte.

oralité. Au Moyen Age, l’oralité constitue une part importante de la vie littéraire. Comme l’a montré P. Zumthor, elle peut prendre place à cinq moments de la vie des œuvres : production, transmission, réception, conservation, répétition. Dans les civilisations d’oralité pure (sans écriture), ces cinq phases sont orales. Mais le Moyen Age est aussi une civilisation de l’écrit : il faut donc distinguer en particulier ce qui est de l’ordre de la transmission-réception, où l’oralité peut être essentielle (par exemple pour les chansons de geste, les vies de saints, les fabliaux, etc., récités par des jongleurs), la conservation et la répétition, qui peuvent être concurremment de l’ordre de l’oral (la mémoire des jongleurs, l’apprentissage des textes à partir de leur seule audition) et de l’écrit (les textes sont recopiés dans des manuscrits, qui peuvent servir à leur apprentissage par cœur). Il faut souvent admettre, entre deux maillons de la tradition manuscrite, un maillon oral qui seul permet d’expliquer certaines déformations. Quant à la composition (production), il est aujourd’hui admis que pour la très grande majorité des textes qui nous sont parvenus, même pour ceux qui sont le plus marqués par l’oralité, elle a commencé par une phase écrite. Mais, dans le détail des œuvres, ces questions restent controversées.

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