OBALDIA René de 1918
OBALDIA René de 1918
Poète, romancier et auteur de théâtre, né à Hong Kong, de mère française et de père panaméen. Cet auteur que l'on dit léger n'a cessé d'accumuler des œuvres dont plusieurs sont d'indiscutables chefs-d'œuvre, et ce sur trois plan: romanesque, d'abord (Tamerlan des cœurs, 1954, Le Centenaire, 1959); poétique ensuite - et surtout -: Midi (1949), Innocentines (1969), à quoi il faut ajouter (malgré leur sous-titre, « récits-éclairs ») Les Richesses naturelles en 1952; théâtral enfin. Et c'est là qu'il se fera connaître vraiment : Génousie (joué au TNP en 1960), Le Satyre de La Villette (1963), Le Général inconnu (1964, qui évoque, mais sur le mode « bouffon», le péril nucléaire), Du vent dans les branches de sassafras (1965, unique concession à un public différent du sien), Le Cosmonaute agricole (1965), Classe terminale (1973), M. Klebs et Rosalie (1975), Les Bons Bourgeois (1980), etc., plus le recueil des Sept impromptus à loisir, cher aux cafés-théâtres. Obaldia se révèle tout ensemble réjouissant et inquiétant : « poète tragique » a dit Maurice Nadeau dans sa postface à Tamerlan des cœurs. Ainsi, dans ce même Tamerlan, l'imbécile général Schelstrat qui ne cesse, autour de lui et page après page, de fusiller pour l'exemple. Plus d'un de ses « récits-éclairs » dans Les Richesses naturelles nous arrache à nous-même, et nous amène peu à peu au vertige (Corps glorieux par exemple). De la même façon, la désespérance, toujours sous-jacente chez lui, fait bon ménage avec une fraîcheur d'âme de fillette. Son vrai et seul dieu, il l'a dit, ce n'est pas tel grand aîné comme Jarry ou Queneau, c'est Lewis Carroll. On le lui a fait payer cher. En particulier avec Le Satyre de La Villette : il fallut retirer la pièce aussitôt. L'œuvre n'était pas en cause. D'une drôlerie poétique plus réussie, plus constante que jamais, et dénuée de toute perversité, elle tomba sous les coups des justiciers habituels : le personnage principal, Eudoxie (elle avait fait précédemment son apparition, d'ailleurs, dans le recueil de vers des Innocentines), était une petite fille. On ne plaisante pas avec ces choses-là.
■ Œuvres - En poche: Le Centenaire (Grasset, coll. Les Cahiers rouges). - Autres : Les Richesses naturelles (Grasset). - Innocenfines (id.). - Théâtre en 7 vol. (id.).