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ornement OuLiPo oxymore oxyton palindrome pamphlet panégyrique pantomime pantoum parabase parabole parade

ornement. Terme de rhétorique concernant l'elocutio (style) qui désigne à l’origine tout ce qui rend le style élégant (le terme latin qui désigne cette qualité est omatus). Selon Quintilien, c’est tout ce qui s’ajoute au simple mérite de l’invention, que tout le monde, avec un peu de bon sens et de méthode, peut partager : en revanche, avec l’art de l’ornement, on entre dans dévaluation esthétique, qui vise le « jugement des connaisseurs » (judicium doctorurri). L’élégance doit être recherchée au moyen des figures, du choix des mots, et elle doit mettre en jeu toutes les « vertus du style » (virtutes dicendi) : son but est de susciter l’admiration chez l’auditeur ; c’est dire à quel point l’éloquence fait ici cause commune avec la Poésie (dont le but ultime, selon Aristote, est de susciter admiration). On voit combien la notion d’ornement, d’origine rhétorique, définit une stylistique au sens littéraire du terme, qui va bien au-delà de la simple justesse des termes et de la clarté grammaticale. Le style orné par excellence est le style moyen (style fleuri, où il faut utiliser les tropes, et notamment les métaphores et les métonymies), mais les effets puissants du style élevé, qui convient au mieux pour émouvoir les passions, sont aussi du domaine de l'ornement.


OuLiPo. L’Ouvroir de Littérature Potentielle (d’abord appelé Séminaire de Littérature Expérimentale) fut créé en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais et Raymond Queneau. Il regroupa d’abord des écrivains et mathématiciens : Noël Arnaud, Jacques Bens, Claude Berge, André Blavier, Jacques Duchateau, Latis, Jean Les-cure, Jean Queval et Albert-Marie Schmidt, auxquels s’adjoindront plus tard François Caradec, Italo Calvino, Michèle Métail, Georges Perec, Jacques Roubaud, etc. L’OuLiPo n’est pas un mouvement littéraire, mais un groupe de travail (car la recherche est collective) dont les membres tout à la fois analysent et appliquent les contraintes en littérature, qu’elles soient anciennes (anagramme, palindrome, etc.) ou nouvelles. Même si l’Ou-LiPo a moins pour but l’achèvement de l’œuvre que la recherche de formes et de structures liées à des contraintes, on peut citer deux réalisations célèbres : dans Cent mille milliards de poèmes (bien que le livre paraisse, en 1960, avant la création du groupe), Raymond Queneau propose dix sonnets de rimes identiques superposés, dont chaque vers est inscrit sur une languette qui peut être soulevée ; on peut ainsi associer successivement tous les vers et obtenir cent mille milliards de poèmes. Quelques années plus tard, Georges Perec a pratiqué le lipogramme, c’est-à-dire le renoncement à une lettre de l’alphabet, en écrivant La Disparition (1969), roman où ne figure aucun e.

oxymore (n. m., du grec oxus, « pointu », et môros, « émoussé », d’où en rhétorique oxumôron qui désigne une alliance de mots contradictoires). Syntagme antithétique qui unit deux termes de sens contradictoires, telle la notion de tempête solide qu’utilise Segalen (Stèles, 1912) pour évoquer le relief montagneux :
Porte-moi sur tes vagues dures, mer figée, mer sans reflux ; tempête solide enfermant le vol des nues et mes espoirs. Et que je fixe en de justes caractères, Montagne, toute la hauteur de ta beauté.

oxyton (n. m., du grec oxus, « pointu », et tonos, « ton »). Mot dont l’accent porte sur la syllabe finale.

palindrome (n. m., du grec patin, « de nouveau », et dromos, « course »). Mot, phrase ou texte qui se lit aussi bien de gauche à droite que de droite à gauche. Exemples : Roma / Amor ; élu par cette crapule.

pamphlet. Le pamphlet est le genre de la polémique par excellence. Il appartient, du point de vue rhétorique, au genre démonstratif (ou épidictique), dont le registre joue sur les valeurs axiologiques (morales), c’est-à-dire sur la louange et le blâme. Comme la satire, le pamphlet va recourir de préférence au blâme, même s’il peut parfois utiliser l’éloge de façon paradoxale et par antiphrase. Son champ de prédilection est donc la doxa, sur laquelle vont jouer ses principaux procédés (couplage notionnel, jeu sur les maximes idéologiques et sur les présupposés implicites du lecteur) et son but essentiel est la réfutation. L’appel au réel, contre le mauvais usage des mots, et la dénonciation des paralogismes et des sophismes de l’adversaire sont les principaux outils de son argumentation.

panégyrique (n. m.). À l’origine, ce mot désigne tout discours prononcé devant une assemblée (du grec panêguris, « assemblée générale du peuple »). En général, il s’agit d’un discours à la gloire d’un homme, d’un pays ou d’une ville, ce qui le rattache au troisième genre de l’éloquence : le démonstratif (qui consiste à louer ou à blâmer). Au XVIIe siècle, le genre se spécialise dans l’éloge des saints. On connaît, à ce titre, les fameux Panégyriques de Bossuet (de saint François d’Assise, 1653, de saint Paul, 1657, etc.). Comme le sermon, le panégyrique s’ouvre sur une citation biblique qui oriente tout le propos, divisé clairement en plusieurs points. Pour l’orateur sacré, ce discours est l’occasion de tirer des leçons exemplaires de la vie du saint, rappelant ainsi ses auditeurs à une plus grande piété et à une méditation sur la vie chrétienne en ce monde. Dans une acception plus moderne, panégyrique prend un sens légèrement péjoratif, en définissant un discours où les louanges paraissent un peu exagérées.

pantomime. La pantomime est l’art du jeu théâtral muet, par le seul secours des gestes et de l’expression du visage. Le spectacle de pantomime est donc un spectacle entièrement muet. Il n’en a pas toujours été ainsi. A Rome, des acteurs nommés pantomimes jouaient masqués et muets des pièces qui étaient simultanément chantées par un chœur. Au XVIIIe siècle, le développement de la comédie italienne et une nouvelle conception du jeu dramatique remirent à la mode la pantomime, qui désignait alors toutes les formes du jeu muet, même intégrées dans un spectacle parlé. Au cours des XVIIIe et XIXe siècles se développèrent sur les boulevards des spectacles autonomes composés de pantomimes, de musique, de danses et d’évolutions diverses, qui prirent le nom générique de pantomimes. Plus tard, le cinéma muet a donné à la pantomime un rôle essentiel.

pantoum (n. m.). On dit aussi pantoun. Forme fixe d’origine malaise évoquée par Victor Hugo dans une note des Orientales (1829). Le nombre de quatrains (en principe d’octo- ou de décasyllabes) est libre. Le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe deviennent respectivement le premier et le troisième vers du quatrain suivant, et le dernier vers du poème répète le premier. Sur le plan thématique, deux sujets s’entrecroisent : l’un descriptif, l’autre sentimental. La plupart des pantoums français s’écartent de ce modèle pour l’interpréter librement par des systèmes de reprises avec ou sans variations, tels « Harmonie du soir » de Baudelaire {Les Fleurs du Mat), ou encore ce pantoum octosyllabique de Laforgue intitulé « Complainte de la bonne Défunte » : Elle fuyait par l'avenue, Je la suivais illuminé, Ses yeux disaient : « J'ai deviné Hélas ! que tu m'as reconnue ! » Je la suivis illuminé ! Yeux désolés, bouche ingénue, Pourquoi l'avais-je reconnue, Elle, loyal rêve mort-né ? Yeux trop mûrs, mais bouche ingénue ; Œillet blanc, d'azur trop veiné ; Oh ! oui, rien qu'un rêve mort-né, Car, défunte elle est devenue. Gis, œillet, d'azur trop veiné, La vie humaine continue Sans toi, défunte devenue. - Oh ! je rentrerai sans dîner ! Vrai, je ne l'ai jamais connue.

parabase. Jeu de scène du chœur de la comédie grecque qui s’avançait vers le public pour s’adresser à lui ; d’où cette adresse elle-même, discours qui comprenait traditionnellement sept parties et était prononcé tantôt par le coryphée, tantôt par le chœur tout entier. En dehors de la comédie grecque, ce terme est utilisé pour des discours du même type adressés au public par un personnage. On a pu parler de parabase à propos du monologue de Figaro dans Le Mariage de Figaro. Le théâtre épique recourt volontiers à la parabase, qui permet un effet de distanciation.


parabole. La parabole est un récit qui illustre une vérité morale pu mystique sous le couvert d’une anecdote simple. A ce titre, elle est apparentée au fonctionnement de l’allégorie et de la métaphore. Son usage le plus fréquent apparaît dans les textes religieux ou moraux (paraboles du Christ, parabole de l’Enfant prodigue), et nécessite toujours une explication qui en éclaire le sens. Au sens strictement rhétorique, elle appartient à la catégorie de l’exemple fictif (preuve technique).

parade. La parade est un court spectacle burlesque exécuté sur un balcon extérieur en bois placé au-dessus de l’entrée des « loges » des théâtres de la Foire à Paris, avant le début de la représentation d’une pièce ou d’un ensemble de numéros à l’intérieur de la salle. À l’origine, cette pratique a un but publicitaire. Il s’agit pour les forains de donner au public, amassé devant le balcon, l’envie de pénétrer dans la salle, et de distraire ceux qui font la queue pour entrer. Entre 1730 et la Révolution, ce genre de pièces connaît une vogue étonnante dans les théâtres privés de l’aristocratie qui aime s’encanailler, mais a aussi un intérêt ethnologique pour un comique grossier que l’évolution de la civilité tend à faire disparaître. Beaumarchais a ainsi écrit des parades comme Jean Bête à la Foire (1760-1765). Le genre est alors plutôt pseudo-populaire que populaire. Les ressorts de la parade sont une stylisation grotesque fondée sur l’exagération des effets, de multiples plaisanteries et facéties accompagnées souvent de musique, des personnages conventionnels comme Arlequin, Colombine, Cassandre, Pierrot, Gilles, Isabelle et Léandre. Les canevas des parades appartenaient à un fonds ancien de farces, souvent fort obscènes, telles que les avaient pratiquées les comédiens italiens aux origines de la commedia dell'arte ou les farceurs, depuis le Moyen Age. Souvent, on singeait les traits les plus saillants du parler populaire campagnard ou urbain.

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