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Pamphlet Pantoum Parade Parnasse Parodie Pastiche Pastorale Pastourelle

Pamphlet. Œuvre polémique, le plus souvent brève (le mot peut d’ailleurs désigner simplement un petit écrit) et satirique. Le maître du genre est au XIXe siècle Paul-Louis Courier. Le mot est un emprunt à l’anglais, lui-même peut-être dérivé du titre d’une comédie en vers latins du Moyen Age, Pamphilus.

Pantoum. Poème à forme fixe d’origine extrême-orientale, pratiqué en particulier par Hugo, qui a traduit dans une note des Orientales un pantoum malais, par Leconte de Lille et par Théodore de Banville. Le pantoum comprend plusieurs quatrains qui s’enchaînent l’un à l’autre en ce que le deuxième et le quatrième vers de l’un deviennent le premier et le troisième du suivant : Sur les bords de ce flot céleste Mille oiseaux chantent, querelleurs. Mon enfant, seul bien qui me reste, Dors sous ces branches d’arbre en fleurs. Mille oiseaux chantent, querelleurs, Sur la rivière un cygne glisse. Dors sous ces branches d’arbre en fleurs, O toi ma joie et mon délice ! [...] (Banville, La Montagne)
De surcroît, le pantoum a une composition circulaire, puisque le dernier vers reprend le premier, si bien que Harmonie du soir de Baudelaire n’est pas véritablement un pantoum. Selon Banville, en outre, deux sens doivent se poursuivre parallèlement dans les deux premiers et les deux derniers vers de chaque strophe, comme dans l’exemple cité.
• Banville Th. de, Petit traité de poésie française, Paris, Lemerre, 1891.

Parade. Farce médiévale rudimentaire, en partie improvisée, assortie d’acrobaties. A l’origine, c’est un spectacle grivois, donné gratuitement avant la représentation, pour attirer le public. Fort populaire, la parade met en scène deux personnages qui se disputent et offrent le spectacle burlesque de la bastonnade, bien vivant aujourd’hui encore dans le théâtre de Guignol. La parade, au XVIIIe siècle, se transforme. De théâtre de foire, elle devient jeu de salon. Elle est représentée dans les théâtres de société. Nobles et bourgeois ont pris goût aux divertissements grossiers qu’elle offre. Mais si la hardiesse et l’obscénité demeurent les caractères dominants du genre, elles sont voilées par des sous-entendus. La parade, qui n’est plus improvisée, est devenue littéraire. Ex. : Colin et Colette de Beaumarchais représente une dispute d’amoureux. La parade peut être aussi au XVIIIe siècle une pièce de circonstance. Ex. : Voltaire écrit une parade pour célébrer le mariage d’une parente du marquis de Livry dont il est l’hôte.
Au XIXe siècle, ce sont des comédiens ambulants, comme Bobèche ou Galimafré, qui reprennent la tradition de la parade improvisée, sur le Boulevard du Crime.

Paradoxe. Affirmation qui va à l’encontre de la doxa, c’est-à-dire des opinions admises dans un groupe socioculturel, et qui ne sont pas nécessairement fondées : On fait apprendre les fables de La Fontaine à tous les enfants, et il n’y en a pas un seul qui les entende. Quand ils les entendraient, ce serait encore pis; car la morale en est tellement mêlée et si disproportionnée à leur âge, qu’elle les porterait plus au vice qu’à la vertu. Ce sont encore là, direz-vous, des paradoxes. Soit; mais voyons si ce sont des vérités. (Rousseau, Emile') Il provoque un effet de surprise propre à susciter l’attention et joue donc un rôle important dans l’argumentation. Il représente une de ces propositions nouvelles qui demandent à être justifiées. Le paradoxe s’appuie souvent sur une antithèse de termes contradictoires ou sur un oxymore. On parle parfois en pareil cas de paradoxisme : La grandeur de l’homme est grande en ce qu’il se connaît misérable. Un arbre ne se connaît pas misérable. C’est donc être misérable que de se connaître misérable; mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable. (Pascal, Pensées)

Parallèle. Rapprochement de deux choses ou individus pour en montrer les ressemblances et différences : Le sublime et le génie brillent dans Shakespeare comme des éclairs dans une longue nuit et Racine est toujours beau : Homère est plein de génie, et Virgile d’élégance. (Article Génie de Y Encyclopédie) Le parallèle prend souvent la forme du parallélisme : Le peuple a sa colère, et le volcan sa lave. (Hugo)

Parallélisme. Type de répétition assortie de variation. Un parallélisme est la reprise, dans plusieurs séquences successives, c’est-à-dire en prose, des membres de phrase, en poésie, des vers ou hémistiches, d’un même schéma syntaxique, accompagné d’une variation le plus souvent lexicale :
O Dieu! encore une fois, qu’est-ce que de nous? Si je jette la vue devant moi, quel espace infini où je ne suis pas! Si je la retourne, quelle suite effroyable où je ne suis plus ! (Bossuet, Sermon sur la mort) Le parallélisme constitue une des caractéristiques de certains types de poésie, comme dans la poésie hébraïque ou dans de très nombreuses traditions orales où il aide à la mémorisation. Dans la poésie française, s’il ne représente pas un trait définitoire, il est néanmoins important et très bien représenté, à toutes les époques. On peut distinguer plusieurs types de parallélismes, selon les relations sémantiques qui s’établissent entre les termes qui varient : parallélisme synonymique : A toi l’hymne d’amour ! à toi l’hymne d’hymen ! (Hugo, Encore à toi) parallélisme antithétique : Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins. (Racine, Phèdre) parallélisme énumératif : Coucher avec elle Pour le sommeil côte à côte Pour les rêves parallèles Pour la double respiration Coucher avec elle Pour l’ombre unique et surprenante Pour la même chaleur Pour la même solitude (Desnos, The Night ofLoveless Nights) Le chiasme constitue un cas particulier de parallélisme où l’ordre des unités est inversé : Jeune homme on te maudit, on t’adore vieillard. (Hugo, Tristesse d'Olympio) Les parallélismes peuvent être isolés dans un texte. Ils peuvent au contraire lui donner sa charpente et avoir une fonction architectonique, comme dans les litanies, ou la chanson, où ils sont extrêmement fréquents : Avec un ciel si bas qu’un canal s’est perdu Avec un ciel si bas qu’il fait l’humilité Avec un ciel si gris qu’un canal s’est pendu Avec un ciel si bas qu’il faut lui pardonner Avec le vent du Nord qui vient s’écarteler
Avec le vent du Nord écoutez-le craquer Le plat pays qui est le mien (Jacques Brel, Le Plat Pays)

Parnasse. Groupement de poètes tenants de l’art pour l’art qui se forme entre 1860 et 1866. Ils sont très influencés par Théophile Gautier, Théodore de Banville et Leconte de Lisle. Le nom de Parnasse est un vieux mot qui signifie recueil et c’est le titre d’un volume : Le Parnasse contemporain, recueil de vers nouveaux publié en 1866. Un autre volume paraîtra en 1871, daté de 1869, et un dernier en 1876. Les principaux poètes qui y publient sont Sully Prudhomme, François Coppée, Albert Glatigny, Catulle Mendès et José Maria de Heredia dont le nom reste attaché au mouvement (Les Trophées, 1893). Bien qu’il n’y ait jamais eu de doctrine clairement affirmée, on peut cependant dire que les parnassiens, s’ils ont cultivé la forme, se sont défendus du reproche d’impassibilité qu’on leur faisait, et ont généralement introduit dans leurs poèmes des idées morales ou philosophiques. Art pour l’art

Parodie. Œuvre d’imitation qui détourne les intentions de l’œuvre originale dans une intention satirique. Le sujet et le ton peuvent être ainsi transposés de façon caricaturale et même burlesque. Don Quichotte de Cervantès est par exemple la parodie des romans de chevalerie du Moyen Age. Le théâtre de Molière est rempli de parodies ponctuelles où il se moque du langage des médecins, des femmes savantes, des précieuses. L’ambiguïté de la parodie réside dans le fait qu’au moment même où elle tourne en dérision un modèle, elle le reprend et l’illustre.

Pastiche. Toute œuvre d’imitation où l’on reproduit le style d’un artiste. En littérature, les pastiches sont nombreux (cf. les Pastiches de Proust, 1919). Les uns sont des « faux » qui donnent par exemple pour non littéraires et authentiques des œuvres qui sont de pure invention, ainsi les poèmes composés par MacPherson au XVIIIe siècle comme étant dus à un barde celte, Ossian, ou les Lettres de la religieuse portugaise, en réalité composées au XVIIe siècle par Guilleragues. Les autres sont des textes satiriques ou plaisants, comme A la manière de de Muller et Reboux (1908-1913). Le pastiche suppose l’assimilation parfaite et la reproduction de l’œuvre imitée, au point qu’il est parfois difficile de le déceler, ce qui n’est pas le cas dans la parodie, qui caricature.


Pastorale. Genre dramatique importé d’Italie à la fin du XVIe siècle, avec des pièces comme L’Aminta du Tasse (1573) et Le Berger fidèle de Guarini (1580). Des bergers de fantaisie évoluent dans un décor champêtre de convention, appelé «satyrique» à cause des divinités rustiques qui le peuplent. L’amour est l’unique objet de leurs entretiens. Le genre, qui n’a pas produit en France d’œuvre maîtresse, sauf Les Bergeries de Racan (1625), a introduit au théâtre l’analyse du sentiment amoureux qui triomphera chez Racine puis chez Marivaux, car les intrigues de la pastorale complexifient à loisir les situations en chaîne créées par l’amour non partagé. Le roman pastoral se déroule, comme la pastorale, dans un cadre champêtre irréaliste où évoluent des bergers de fantaisie. Le thème de prédilection est là encore celui des amours contrariées. Importé d’Italie, L'Astrée (1607-1627) d’Honoré d’Urfé est le modèle du genre. Il raconte les amours de la bergère Astrée et du berger Céladon que les familles veulent séparer. Dans ce roman à épisodes, en cinq tomes, de multiples intrigues secondaires interfèrent avec l’intrigue principale. Le roman héroïque succède au genre pastoral, conservant les intrigues compliquées mais substituant à l’univers celte l’Antiquité. L’action du Grand Cyrus de Madeleine de Scudéry est situé dans la Perse du Ve siècle av. J.-C.

Pastourelle. Genre poétique médiéval au thème toujours identique. Un chevalier tente de violenter une bergère (« pastoure » en provençal) qu’il rencontre dans un pré. Le poème se caractérise par l’alternance de passages narratifs et dialogués. A la différence de la pastorale, lieux et personnages y sont présentés sous un mode réaliste. Ex. : la Pastourelle de Marcabrun (fin XIIe siècle) : I — L’autre jour, auprès d’une haie, j’aperçus une jeune pastoure pleine de grâce et d’esprit. C’était la fille d’une paysanne; elle portait cape, jupe, pelisse et chemise tricotée, avec souliers et bas de laine. II — Je m’approchais d’elle à travers le pré. [...] III — Pieuse fille, je me suis détourné de ma route pour vous tenir compagnie, car une jeune vilaine (= paysanne) ne saurait autrement faire paître ses moutons, en tel lieu solitaire. IV — Sire, dit-elle, telle que je suis, je sais bien distinguer la folie du bon sens. Je n’ai cure de votre compagnie, car telle croit la posséder qui n’en a que l’apparence. En 1285, Adam de la Halle adapte le genre à la scène, avec Le Jeu de Robin et de Marion, grâce aux potentialités mimétiques du thème et à la structure formelle de ce poème lyrique à plusieurs voix. Telle est la lointaine origine de la pastorale. • Zink M., La Pastourelle. Poésie et folklore au Moyen Age, Paris, Bordas, 1972.




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