paradoxe paragramme paralipse paralittérature parodie paronomase paroxysme paroxyton partimen pas d’armes pasquinade, pasquin, pasquille
paradoxe. Formule qui paraît contenir une contradiction : On est quelquefois aussi diffèrent de soi-même que des autres (La Rochefoucauld, Maximes). Parce qu’il heurte l’intuition, conteste l’évidence, le paradoxe est un instrument rhétorique très apprécié pour donner une formulation particulièrement frappante à une opinion.
paragramme (n. m., du grec para, « presque », et gramma, « lettre »). Emploi d’une lettre pour une autre, coquille volontaire. C’est le cas par exemple dans le titre du recueil de Desnos L'Aumonyme, qui est à la fois un paragramme (remplacement du ho par un au) et un mot-valise (aumône + homonyme).
paralipse (n. f.). Dans un récit, la paralipse consiste à ne pas donner au lecteur certaines informations qu’il serait légitime de lui livrer dès le début. L’identité du narrateur de La Peste de Camus n’est ainsi révélée qu’aux dernières pages de l’ouvrage.
paralittérature. Terme qu’on préférera à celui de « littérature populaire » employé parfois. Forme de littérature de grande diffusion, destinée à la consommation. La paralittérature n’est pas intégrée dans le canon social de la littérature. Il s’agit du roman policier, du roman pornographique, du roman à l’eau de rose à la manière de Barbara Cartland ou de Delly. On peut ajouter le roman-feuilleton, le roman-photos et le théâtre de boulevard. Certains auteurs, comme Simenon ou Léo Malet, sont aux marges de la littérature reconnue, cependant de grands auteurs puisent dans ces formes (Dostoïevski, Balzac).
paralogisme (n. m., du grec para, « à côté de », et logos, « raisonnement » ; littéralement, ce qui est « à côté du raisonnement »). Cela correspond à une fausse démonstration, soit parce qu’on est parti de principes erronés, soit parce qu’on a sauté une étape dans le raisonnement, sans la démontrer. Il se distingue toutefois du sophisme en ce que le paralogisme est une erreur involontaire de raisonnement, alors que le sophisme est une erreur volontaire de raisonnement pour induire une conclusion fausse. Dans l’argumentation en général, et dans la polémique en particulier, la recherche et la dénonciation des paralogismes de l’adversaire sont un mode efficace de réfutation.
paraphrase. La paraphrase consiste à répéter en l’expliquant de façon plus longue et plus détaillée ce que dit le texte d’un auteur. En tant que genre littéraire, elle est apparentée à la traduction littéraire et elle concerne le plus souvent, aux XVIe et XVIIe siècles, la littérature religieuse {Paraphrase du Cantique des Cantiques, Paraphrase des Psaumes), où il s’agit de développer le sens de formules parfois très denses afin de les faire mieux comprendre et méditer par le lecteur. Elle est à la base de la structure du sermon, qui part d’un « mot » de l’Écriture pour nourrir son développement. Avec un sens péjoratif, la paraphrase peut désigner une mauvaise imitation, ou la reprise maladroite d’un thème déjà mieux traité par un autre auteur.
parataxe (n. f.). On parle de parataxe lorsque les différentes propositions constituant une phrase complexe ne sont pas organisées entre elles de façon hiérarchisée (par subordination, on dit aussi hypotaxe), mais seulement coordonnées, voire juxtaposées. Le cas extrême de la parataxe est en effet l’asyndète, l’absence de tout connecteur grammatical. Dans ce dernier cas, les rapports logiques entre propositions restent implicites et on peut avoir, selon la terminologie des siècles classiques, un effet de « style coupé » : J'entends, Monsieur le Comte : trois promotions à la fois ; vous, compagnon Ministre ; moi, casse-cou politique, et Suzon, dame du lieu, l' Ambassadrice de poche, et puis fouette courrier! (Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, I, 2).
paratexte. Ensemble formé par les titre, prière d’insérer, préface, épigraphe, notes, quatrième de couverture... qui accompagnent le texte proprement dit. Ces énoncés d’escorte jouent un rôle considérable dans l’interprétation d’un texte. Il peut arriver que le paratexte soit aussi long que le texte introduit (c’était le cas de l’édition de Madame Edwarda de G. Bataille en 1956) ; Alphonse Allais a pu écrire des chapitres de nouvelles qui se réduisaient à leur seul paratexte : Chapitre III. Où nos amis se réconcilient comme je vous souhaite de vous réconcilier souvent, vous qui faites vos malins. « Hold your tongue, please » (« Un drame bien parisien », A se tordre).
Parnasse. Courant poétique de la seconde moitié du XIXe siècle. À l’origine du Parnasse se situe une opération de librairie lancée par le poète Catulle Mendès et l’éditeur Alphonse Lemerre en vue de publier, sous forme de fascicules réunis ensuite en volumes, un choix des meilleurs poèmes du moment, sous le titre Le Parnasse contemporain, Recueil de vers nouveaux. Le premier volume parut en 1866. En tête figuraient des poèmes de Théophile Gautier, Théodore de Banville, José-Maria de Heredia, Leconte de Lisle. On y trouvait plus loin seize poèmes de Baudelaire, sept de Verlaine et onze de Mallarmé. « J'aime [...] tous les bons Parnassiens », écrivait Rimbaud à Banville en mai 1870, avec l’espoir d’être publié lui-même « à la dernière série du Parnasse ». Le deuxième volume (1871), retardé par la guerre franco-prussienne, s’ouvrait sur le Kaïn de Leconte de Lisle, suivi de La Cithare et de Dix Ballades joyeuses de Théodore de Banville. A côté de poèmes de Sully Prudhomme, Victor de Laprade, Albert Glatigny, Albert Mérat, François Coppée, etc., figuraient encore cinq poèmes de Verlaine et le Fragment dune étude scénique ancienne d'un Poème de Hérodiade de Mallarmé. Le troisième et dernier volume (1876) rassemblait dans ses 451 pages un grand nombre de poèmes de qualité très inégale. En revanche, les envois de Verlaine, de Mallarmé {L'Après-midi d'un faune), de Charles Cros furent refusés à l’instigation d’Anatole France. Le Parnasse ne fut donc pas une école groupée autour d’un chef et pourvue d’une doctrine. Il serait abusif d’y voir un mouvement intermédiaire entre le romantisme et le symbolisme, qui ne se situent pas sur le même plan et dont l’ampleur est bien plus considérable. Cependant, l’adjectif parnassien fut rapidement employé pour qualifier un type de poésie caractérisé par la fidélité aux formes poétiques traditionnelles (retour du rondeau, du dizain, de la ballade et surtout du sonnet), le souci de la perfection formelle, le culte de l’art pour l’art, positions communes à Gautier, Banville, Leconte de Lisle et leurs disciples. Ainsi se perpétua dans le dernier quart du siècle un courant parnassien, illustré notamment par la publication tardive (1893) du recueil de José-Maria de Heredia, Les Trophées.
parodie. Imitation caricaturale d’un texte, du style d’un auteur, etc. Dans son Virgile travesti (1648-1653), Scarron réécrivit ainsi l'Énéide en donnant des allures ridicules à la matière épique (Didon est une « dondon »). Le comique vient du décalage entre la parodie et le texte démarqué ; la parodie ne fonctionne donc que si le lecteur reconnaît ce dernier.
paronomase (n. f.). Cette figure de diction joue sur la ressemblance phonétique de termes dont le sens est différent. Pierre Fontanier {Figures du discours, 1827) donne l’exemple canonique tiré de Montaigne : Je m'instruis mieux par fuite que par suite. Cet usage littéraire de la continuité phonique, qui tient parfois du jeu de mots, peut produire aussi des effets poétiques heureux, comme dans ces vers de Verlaine : Il pleure dans mon cœur / Comme il pleut sur la ville. La poésie moderne a volontiers tiré parti des effets d’analogie qui sont susceptibles d’être produits par le rapprochement phonétique, ainsi que des jeux sonores parfois proches de l’onomatopée : Les moutons bêlent Qu'elle est belle (Aragon) ; Faux marbre fou d'ambre et d'ombre (Cocteau).
paroxysme. Mouvement littéraire du tout début du XXe siècle, théorisé par Nicolas Beauduin, qui cherche à définir en poésie un lyrisme moderne qui travaille sur le rythme et le mouvement, l’ordre et le dynamisme. paroxyton (n. m., du grec para, « presque », et tonos, « ton »). Mot dont l’accent porte sur l’avant-dernière syllabe.
partimen (ou joc-partit) (n. m.). Jeu littéraire pratiqué dans la France médiévale de langue d’oc, qui suit les règles de la canso, et consiste en une discussion entre deux interlocuteurs-poètes autour d’un thème donné, généralement lié aux préoccupations de la société courtoise méridionale contemporaine.
pas d’armes. Forme très codifiée et ritualisée de tournoi de la fin du Moyen Age, qui faisait partie des festivités dans lesquelles la chevalerie s’amusait à jouer le rêve de la littérature arthurienne ou plus généralement courtoise. Des chevaliers entreprenaient de défendre pendant des semaines, voire des mois, un lieu baptisé pour la circonstance d’un nom qui faisait référence à des souvenirs de cette littérature : Pas de la Belle Pèlerine, Pas de la Fontaine de Pleurs, Pas du Chevalier au Cygne. Des textes littéraires portant le même nom s’appliquent à relater ces jeux qui inversent les rapports ordinaires entre le réel et l’imaginaire.
pasquinade, pasquin, pasquille. Du nom d’une statue mutilée sur laquelle, à Rome, dès le XIVe siècle, on avait pris l’habitude de coller des satires contre des faits ou des personnages du jour. Une pasquinade est une raillerie bouffonne, un pasquin une épigramme satirique, une pasquille (de l’italien pasquillo, « brocard ») une plaisanterie grossière.
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