personnification philologie phonème phrase pièce bien faite pied pitié plan planh plantaire Pléiade (la) pléonasme pli analytique/pli catalytique
personnification. Image par laquelle l’auteur donne à un animal, un objet ou même à une abstraction des sentiments ou des comportements propres aux humains. Ainsi, la lune est personnifiée en amoureuse du soleil levant dans ce sizain de Saint-Amant (1594-1661) :
La Lune, qui le voit venir, En est toute confuse ; Sa lueur, prête à se ternir, A nos yeux se refuse, Et son visage, à cet abord, Sent comme une espèce de mort.
Personnification. Effet de certaines figures de mots comme la métaphore ou la métonymie :
Rome à ne vous plus voir m’a-t-elle condamnée?
(Racine, Bérénice)
qui attribuent à des éléments inanimés les propriétés des animés. En particulier, la personnification permet de représenter de façon plus concrète des idées abstraites :
Si ton œil, ton souris, ton pied, m’ouvrent la porte
D’un Infini que j’aime et n’ai jamais connu.
(Baudelaire, Hymne à la Beauté)
Comme dans ce dernier exemple, où Baudelaire s’adresse à la beauté comme à une femme, elle s’associe souvent à l’apostrophe.
philologie (n. f., du grec philo-, « qui aime », et logos, « le discours, le raisonnement » ; au sens strict, désigne « l’amour du discours »). C’est la science des textes, tant sur le plan de la grammaire que sur le plan de la rhétorique ou du contenu historique, savant ou artistique ; elle a été inventée dans l’Antiquité, à Alexandrie, lorsqu’on a voulu fixer les grands textes classiques de la culture grecque (Homère, les Tragiques). C’est grâce à elle qu’ont subsisté les principales œuvres de l’Antiquité à travers la transmission des manuscrits au Moyen Age. A la Renaissance, elle a été le savoir central des humanistes qui faisaient ainsi renaître toute la civilisation antique (Budé, Érasme) ; à ce titre, elle est synonyme de « critique », car il s’agit d’étudier les textes dans leur totalité, en établissant avec soin leur cohérence, quitte à remettre en cause les erreurs de la tradition : elle a donc joué un rôle considérable dans le développement des idées nouvelles (avec, par exemple, le Dictionnaire historique et critique de Pierre Bayle, 1696). Au XIXe siècle, la philologie est constituée en une méthode rigoureuse de rétablissement des textes anciens, et elle devient plus strictement synonyme d’édition critique, qui repose sur un classement systématique des manuscrits, et la reconstitution minutieuse des textes originaux à partir de l’établissement d’un arbre généalogique des copies successives.
phonème (n. m., du grec phônè, « voix »). Unité discrète d’articulation dépourvue de sens et impossible à diviser en unités distinctes successives, le phonème permet de distinguer les mots d’une langue {blanche [blaf] et branche [braf] se distinguent en français). Des traits distinctifs liés aux points d’articulation dans la bouche lui donnent son caractère propre : — pour les consonnes : sourde/sonore, orale/nasale, occlusive/continue, bilabiale/dentale/palatale/vélaire, etc.
phrase. Unité d’analyse grammaticale, la phrase se définit comme un groupe de mots perçus comme formant un tout, parce que donnant - au moins en contexte - le sentiment d’une complétude logique (voir thème/prédicat), sémantique et syntaxique, complétude qu’entérine à l’oral l’achèvement du mouvement prosodique et le jeu des pauses rythmiques. Parce que la phrase comme unité linguistique est relativement instable, l’analyse littéraire garde le plus souvent la définition scolaire, graphique, de ce terme : ensemble de mots compris entre deux ponctuations fortes (points). Une phrase peut être constituée d’une ou plusieurs propositions : on oppose alors phrase simple et phrase complexe. La phrase, dans son ensemble, peut connaître un changement de modalité, selon la façon dont le locuteur envisage le contenu informatif : on parle alors de phrase assertive (« Tu viens demain »), interrogative (« Tu viens demain ? »), exclamative (« Tu viens demain ! »), injonctive (« Viens demain ! »).
pièce bien faite. Expression née au xixe siècle pour désigner les comédies et les drames dont l’intrigue témoigne d’un savoir-faire consommé ; puis catégorie générique. Les pièces bien faites sont celles qui obéissent à toutes les règles de composition, aux recettes dramaturgiques les plus éprouvées. L’auteur de l’expression, Scribe, en offre aussi le modèle. C’est souvent un autre nom de la comédie bourgeoise.
pied. Terme de métrique pour les systèmes soit accen-tuels, soit à opposition entre voyelles longues et brèves (on évitera donc de l’employer, au sens de syllabe, pour le vers français). On appelle pied un groupement de syllabes qui forme unité. Les principaux pieds sont le trochée (- u), l’ïambe (u -), le spondée (- -), le dactyle (— u u), l’anapeste (uu -), le tribraque (u u u), le pyrr-hique (u u), le molosse ( ), le crétique (- u -), l’amphibraque (u - u). pitié. La pitié est, avec la terreur, l’un des deux sentiments qui, dans la conception classique, caractérise l’effet de la tragédie sur le spectateur. Selon Aristote, elle doit faire l’objet d’une épuration (la catharsis). Le spectateur doit éprouver de la pitié pour le personnage tragique, mais ce sentiment, en soi désagréable, doit se transformer en sentiment agréable.
plan (premier plan/arrière-plan). Dans un texte narratif, les informations s’organisent sur deux plans : les données proprement narratives, dynamiques, forment ce que l’on appelle le premier plan ; les données complémentaires, qui relèvent des circonstances, forment l’arrière-plan. Cette opposition est moins intuitive que grammaticale : dans un récit au passé, les données de premier plan sont au passé simple (ou composé), tandis que les données d’arrière-plan seront par exemple à l’imparfait ou à toute autre forme imperfective. Dans cette phrase de Voltaire : En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre [...]; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite (Candide), on a deux informations d’arrière-plan (En approchant..., il manquait...) qui complètent l’information de premier plan (ils rencontrèrent...).
planh (n. m., « plainte, lamentation »). Dans la poésie médiévale d’oc, complainte sur la mort d’une amante, d’un ami, d’un grand personnage, ou sur des événements dramatiques. Son origine est la déploration funèbre de l’Antiquité. Douleur, piété, mélancolie en sont les caractéristiques principales. On en a conservé une quarantaine, parmi lesquels ceux de Gaucelm Faidit sur la mort de Richard Cœur de Lion ou de Bertrand de Born sur celle d’Henri le Jeune, fils d’Henri II Plantagenêt.
plantaire (n. m.). Au Moyen Age, traité allégorique qui expose les particularités des plantes en leur conférant un sens spirituel. C’est l’équivalent du bestiaire pour le domaine de la botanique.
Pléiade (la). Terme apparu dans un poème de Ronsard, en 1556, pour désigner les six poètes qui, avec lui, représentaient le groupe dominant de la poésie française. Il possède un sens cosmologique (les sept étoiles formant la constellation de ce nom) et fait aussi allusion aux étoiles de la poésie alexandrine. La liste a changé plusieurs fois sous la plume de Ronsard. En ont fait partie, à des dates diverses, outre Ronsard, Baïf et Du Bellay : Belleau, Tyard, Peletier du Mans, Jodelle, Des Autels, La Péruse, Dorat. Avant que Ronsard ne constitue ce groupe, assez fictif, beaucoup de jeunes poètes se sont retrouvés dans la « Brigade », beaucoup plus nombreuse, et encore plus informelle. La Pléiade n’est donc pas une école littéraire comme il y en eut plus tard. Il existe beaucoup de divergences entre ceux qui la constituent. On peut dire néanmoins qu’ils essaient de mettre en pratique le programme de Du Bellay dans sa Deffence et Illustration de la langue française : usage du français comme langue de la poésie, imitation des Anciens, culte de l’inspiration, ce qui n’exclut pas le travail de l’art. Même si, selon la formule d’E. Balmas, la « saison de la Pléiade » a été brève (en gros, le règne d’Henri II), son bilan est impressionnant. Elle a remis à l’honneur des genres oubliés, comme l’hymne et l’ode ; réinventé la tragédie ; retrouvé le goût des petits genres lyriques chers aux Alexandrins ; cultivé la poésie philosophique.
pléonasme (n. m., du grec pléonadzeïn, « être surabondant »). Figure où le sens se répète inutilement dans plusieurs termes. Il y a des pléonasmes involontaires, dus à un emploi maladroit de la langue : «Je suis monté en haut. » En matière de style, le pléonasme est une manière de surenchère ou d’insistance. Dans Les Femmes savantes (II, 6), Molière utilise le caractère populaire du pléonasme grammatical de Martine, Et tous vos biaux dictons ne servent pas de rien pour le faire souligner de manière pédante par Bélise :
De pas mis avec rien tu fais la récidive, Et c'est, comme on t'a dit, trop d'une négative.
pli analytique/pli catalytique. En narratologie, on dit parfois que les différents éléments du récit se déploient selon un double système de relations. D’une part, tout élément narratif est susceptible de se décomposer en une série d’actions secondaires : dans un roman policier, l’élément « crime » va ainsi prendre la forme d’une série « préparation-action-fuite » ; on parlera ici d’un pli analytique. D’autre part, un élément peut s’articuler à un autre élément de même niveau, selon une relation de succession ou de causalité : par exemple, si c’est un chagrin amoureux qui conduit au crime, si le crime est l’occasion d’une rencontre, etc. on dira que ces trois éléments narratifs s’enchaînent selon un pli catalytique, c’est-à-dire selon une dynamique propre au récit.
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- Commentez la citation suivante du Père Goriot : « Il [Rastignac] voyait le monde comme un océan de boue dans lequel un homme se plongeait jusqu'au cou, s'il y trempait le pied. » Vous identifierez la figure de style employée dans cette phrase et, à l'aide de quelques exemples précis, vous montrerez qu'elle résume la vision de la société donnée dans le roman.
- L'Annonce faite à Marie (1912) PAUL CLAUDEL (1868-1955)
- CAMUS - La Peste, Recits et nouvelles (La Pléiade - pp. 1426 - 1427)
- François MAYNARD (1582-1646) - Je touche de mon pied le bord de l'autre monde
- Victor HUGO (1802-1885) (Recueil : Les contemplations) - Elle avait pris ce pli ...