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Prosopopée Psaume Psychocritique

Prosopopée. Figure par laquelle on fait parler des êtres comme les morts et les absents ou des choses qui ne le peuvent pas. Ainsi Vigny dans La Maison du Berger donne-t-il la parole à la Nature : Elle me dit : « Je suis l’impassible théâtre Que ne peut remuer le pied de ses acteurs; Mes marches d’émeraude et mes parvis d’albâtre, Mes colonnes de marbre ont les dieux pour sculpteurs. Je sens passer sur moi la comédie humaine Qui cherche en vain au ciel ses muets spectateurs [...]» La prosopopée s’associe souvent à la personnification.

Psaume. A l’origine, il s’agit de poèmes composés à différentes époques de l’histoire d’Israël, qui ont joué un rôle très important dans la liturgie juive. Le psautier, qui prend sa forme définitive vers 200 av. J.-C., comprend 150 psaumes qui, sur le plan formel, se caractérisent par leur rythme et leurs parallélismes. Ce sont des chants à la gloire de Yahweh, des chants d’action de grâces, des poèmes qui parlent de la vie des Rois avant l’exil, ou des lamentations communes ou individuelles. Les psaumes ont été intégrés dans le culte chrétien et mis en musique. Au XVIe siècle, plusieurs poètes en ont proposé des paraphrases en vers destinées à être chantées. C’est le cas de Marot, qui publia en 1543 à Genève cinquante psaumes, dont plusieurs sous la direction de Calvin :
Réveillez-vous, chacun fidèle,
Menez en Dieu joie orendroit;
Louange est très séante et belle
En la bouche de l’homme droit. Sur la douce harpe Pendue en écharpe
Le Seigneur louez;
De luths, d’épinettes,
Saintes chansonnettes
A son nom jouez. (Début du Psaume XXXIII)

Le psaume n’a jamais constitué un genre littéraire, à la différence de l’hymne, mais plusieurs poètes ont écrit des paraphrases sur les psaumes de la liturgie, par exemple Corneille :

Terre, que ton enclos tout entier retentisse Des louanges de ton Seigneur :
Ne songe à lui rendre service
Que l’hymne dans la bouche, et l’allégresse au cœur. (Psaume XCIX)

Psychocritique. Méthode de critique littéraire forgée par Charles Mauron qui utilise, pour expliciter l’œuvre littéraire, les leçons de la psychanalyse. Elle se fonde sur quatre opérations successives. Les œuvres d’un même auteur sont superposées comme des photographies, de façon à mettre en évidence les traits structurels récurrents. Ces motifs obsédants sont alors analysés comme le serait une symphonie : c’est l’étude des thèmes, de leurs groupements, de leurs métamorphoses. Le matériel ainsi ordonné en réseaux est interprété avec les outils psychanalytiques, ce qui permet de mettre au jour l’image de la personnalité inconsciente de l’écrivain, son mythe personnel. La dernière étape consiste, à titre de contre-épreuve, à vérifier, dans la biographie de l’écrivain, l’exactitude de l’image découverte. Etudiant les métaphores dans l’œuvre de Baudelaire, Mauron, lorsqu’il superpose poèmes en prose, lettres, etc., est frappé par le retour de deux figures. Un groupe de personnages, à la marche entravée, «porteur de chimères », recherche vainement le contact avec autrui et ne le trouve que sous forme sado-masochiste. Un autre groupe de personnages est fait de figures qui sont toutes des avatars du prince (chat, sphinx, dandy, etc.). Ce couple antagoniste, où l’un des deux personnages est commandé par une identification maternelle, l’autre par une identification paternelle, représente le dynamisme de la personnalité de l’écrivain, son mythe personnel. • Mauron C., Des métaphores obsédantes au mythe personnel, Paris, Corti, 1962.



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