registre règle de la liaison supposée rejet remaniement, remanieur rentrement répertoire rétorsion reverdie rhapsodie
registre. On change de- registre quand on exprime une même chose différemment : « il lui donne un soufflet » (registre soutenu de la tragédie classique), « il le gifle » (registre neutre), ou li baille queuque taloche (registre populaire du parler paysan tel que le transcrit Molière dans Dom Juan, II, 1).
règle de la liaison supposée. On a longtemps appelé « rime pour l’œil » (à cause de l’aspect purement graphique) ce qu’on préfère désigner comme règle de la liaison supposée. C’est en effet une exigence exprimée par les poètes traditionnels, et en particulier classiques, que les consonnes finales de vers, même muettes, doivent faire leur liaison éventuelle par le même son. Un mot qui se termine par un -s graphique ne peut rimer qu’avec un mot se terminant soit par un -s, soit par un -x, soit par un -z; il en va de même pour -d et -t d’une part, et pour -c et -g d’autre part.
rejet. Phénomène de discordance inverse du contre-rejet, tel qu’un élément verbal bref, placé en début d’hémistiche juste après la césure (rejet interne) ou en début de vers (rejet externe) dépend syntaxiquement de l’hémistiche ou du vers qui précède.
- Exemple de rejet externe :
Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tète,
Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux,
Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête.
(Victor Hugo)
- Exemple de rejet interne :
Et le ver rongera // ta peau comme un remords
(Baudelaire)
On peut par analogie parler de rejet strophique de strophe à strophe. C’est le cas par exemple dans « Recueillement » de Baudelaire.
remaniement, remanieur. Au Moyen Âge, on appelle remaniement toute réécriture d’un texte procédant d’une intention délibérée de le rajeunir ou de l’améliorer. Le procédé affecte tous les genres, mais tout particulièrement les chansons de geste, dont certaines ont été réécrites (et augmentées) au XIVe et au XVe siècle (Ogier le Danois, Renaut de Montauban par exemple). Les remaniements de la Chanson de Roland conservés s’étagent entre le XIIe et le XVe siècle ; le Girart de Vienne de Bertrand de Bar-sur-Aube, vers 1180, est le remaniement d’un texte antérieur perdu dont les traces restent visibles. Cette pratique est liée à la fois à l’anonymat de beaucoup de textes et au rapport des hommes du Moyen Age aux œuvres littéraires, considérées comme un bien commun que chacun pouvait refaçonner à sa guise.
rentrement (n. m.). Refrain du rondeau, extrait du début du premier vers, et qui s’ajoute, hors rime, à la fin des deuxième et troisième strophes.
répertoire. Ensemble des pièces jouées et reprises par un théâtre ou une troupe à une époque donnée : par exemple le répertoire de la Comédie-Française (inscrire une pièce au répertoire de la Comédie-Française). Par extension, le répertoire est l’ensemble des pièces, y compris des pièces anciennes, jouées à une époque donnée. Une pièce qui a disparu du répertoire est une pièce qui n’est plus jouée, qui a disparu du canon. Le répertoire d’un comédien est l’ensemble des rôles qu’il est susceptible d’interpréter : la notion de répertoire est intimement liée aux théâtres qui, comme la Comédie-Française ou l’Opéra, pratiquent l’alternance, c’est-à-dire jouent en alternance les pièces de leur répertoire.
réplique. Unité du discours d’un personnage de théâtre qui répond au discours d’un autre personnage. Le dialogue de théâtre se compose de répliques. Donner la réplique à un comédien, c’est lire les autres rôles pour lui permettre de s’entraîner ou lors du passage d’un concours d’art dramatique.
République des Lettres. Ce terme désigne l’espace intellectuel européen des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles : issue de l’idéal de res publica literaria (terme inventé en 1417 par l’humaniste italien Francesco Barbaro), l’expression devient une manière courante de désigner la communauté des savants européens dès les années 1530, notamment grâce à Érasme (1469-1536), qui fut un des fondateurs de cet idéal. A partir du XVIIe siècle, au moment où les échanges savants s’intensifient dans toute l’Europe grâce aux correspondances ou aux premiers périodiques érudits (Journal des Savants, qui paraît à partir de 1665, à Paris), la République des Lettres tend à désigner tout le public informé de l’Europe lettrée. C’est celui-là même que visera le périodique fondé par Pierre Bayle en 1684 (Nouvelles de la République des Lettres), qui diffuse l’information sur les ouvrages nouveaux et les débats d’idées en cours : de ce point de vue, la République des Lettres désigne bien le large espace intellectuel dans lequel se développera la littérature des Lumières, des Lettres philosophiques de Voltaire aux écrits de Diderot et de Kant.
resverie (n. f., de resver, « vagabonder, délirer »). Forme poétique médiévale fondée sur le non-sens, composée en distiques qui associent un heptasyllabe et un tétrasyllabe ; il y a rupture du sens après chaque couplet, mais non à l’intérieur du couplet. C’est une poésie de la discontinuité. Les Oiseuses de Philippe de Remy (1237) appartiennent au genre de la resverie.
rétorsion (n. f.). Au sens propre, désigne l’action de rétorquer en général ; dans le cadre plus précis de l’argumentation, la rétorsion consiste à employer contre son adversaire les arguments dont il s’est lui-même servi, et à les retourner contre son argumentation.
reverdie. Forme poétique mineure du Moyen Age, qui associe le retour de la belle saison à l’évocation du sentiment amoureux et qui est souvent écrite dans une langue d’oïl sur laquelle viennent se greffer des formes d’oc. On utilise également ce terme pour désigner, dans la canso, la première strophe (qui emploie le même thème) et, dans la chanson de geste, le motif rhétorique qui évoque le retour du printemps.
rhapsodie. En Grèce ancienne, ensemble de morceaux d’épopées assemblés et chantés par un rhapsode. Terme péjoratif dont on use au XVIIIe siècle pour désigner toutes les œuvres composites ou échappant aux genres répertoriés.
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