ROMAN DE LA ROSE (le) XIIIe siècle
ROMAN DE LA ROSE (le)
XIIIe siècle
Il faudrait plutôt dire : « les » Romans de la Rose, car ils sont deux, de tons presque opposés. Le premier - par Guillaume de Lorris - date de 1230 à 1240 environ. L’auteur est un poète à l’esprit raffiné, qui hante les milieux mondains, et se préoccupe sans relâche de son audience féminine. Comme Chrétien de Troyes, son prédécesseur en matière de « roman courtois », il adopte le code de l’honneur chevaleresque selon quoi l’amant doit d’abord triompher de mille épreuves. Épreuves abstraitement figurées par des allégories (Richesse, Malebouche, Danger, Honte, Peur) ; et l’objet même de son amour est une image symbolique : la Rose.
Au contraire, le roman de Jean Chopinel, dit Jean de Meung (ou Meun), qui date de quelque cinquante années plus tard (1270 à 1280 environ), chante (en termes parfois un peu crus) l’amour le moins chaste du monde, et ne montre aucune « dévotion », aucun enthousiasme à l’égard de la Femme, pure et simple ruse que Nature inventa, dans un but bien défini : nous obliger à perpétuer l’espèce. Utile (mais humble) auxiliaire de la vie, l’amour n’est donc pas une fin en soi. Cette philosophie « humaniste » avant la lettre représentait sans doute une protestation contre l’interminable survie du mythe de la « dame », hérité des premiers temps de la chevalerie ; et, en ce sens, par ses tirades savoureuses ou éloquentes, le second Roman de la Rose marque un progrès sur le premier. Mais Guillaume de Lorris était un délicieux poète ; Jean de Meung n’est le plus souvent qu'un esprit froid (quoique joyeux, alerte, haut en couleur) et un versificateur un peu trop « disert » (environ 20 000 vers ! contre les 4 000 de son prédécesseur).
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