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rondeau

rondeau. Forme poétique apparue au XIIIe siècle (Guillaume de Machaut, à défaut de l’avoir créée, la fixe au siècle suivant). Au Moyen Age, le terme inclut la forme appelée par la suite rondel. Lié à la forme circulaire (ronde), il est caractérisé par sa brièveté. L’incipit est aussi le refrain, mais la thématique elle-même peut suivre un développement circulaire, et des jeux phonétiques peuvent renforcer cette impression poétique de retour à l’identique (paronomases, allitérations). Le rondeau est « immobilité sous les apparences du mouvement réglé ; développement musical sous les apparences de la répétition », une sorte de « petit labyrinthe de paroles » (J. Starobinski). Sa structure de base, aux XIII - XIVe siècles, est une pièce de huit vers, comportant un refrain de deux vers sur deux rimes (AB) figurant au début et à la fin et dont le premier revient à la quatrième ligne. Les rimes et reprises sont disposées AB aAa bAB (a et A, b et B étant des mots différents sur une même rime). La forme s’est progressivement allongée : le refrain peut atteindre trois vers (rondeau tercet) ou même quatre (rondeau double ou rondeau quatrain). Pierre de Hauteville, dans La Confession et testament de l'amant trespassé de deuil (début XVe siècle), réserve le rondeau aux amants affligés qui ne le montrent pas, les autres, plus gravement atteints par le mal d’amour, étant invités à composer des ballades ou des virelais : le rondeau est perçu comme une forme plus légère. A la fin du XVe siècle, les Grands Rhétoriqueurs spécialisent sa forme : le rondeau comprend trois strophes octosyllabiques ou décasyllabiques, construites sur deux rimes en tout, la deuxième et la troisième étant suivies d’un refrain (nommé « rentrement ») qui n’est autre que la reprise du premier hémistiche du poème. Très employé aux débuts de la Renaissance (Clément Marot), il connaît une éclipse dans la seconde moitié du XVIe siècle (les poètes de la Pléiade ne l’ont pas pratiqué, voyant en lui une forme vieille), avant de réapparaître au XVIIe siècle (Voiture) et poursuivre sa carrière au XIXe siècle (Musset).

Rondeau. Forme fixe médiévale fondée sur la reprise de vers ou de parties de vers. C’est une forme extrêmement complexe, qui donne lieu à des poèmes en fait différents, d’une ou plusieurs strophes, mais dans tous les cas, le premier vers du poème est repris entièrement ou partiellement à la fin. La forme est donc circulaire : ABaAabAB (les lettres majuscules désignent les vers repris). Les variations sur ce schéma définissent le rondel, appelé au XIVe siècle triolet, et le rondeau proprement dit, formes dont la définition change quelque peu avec les époques. Le rondeau cependant s’oppose au rondel en ce qu’il ne reprend que des fragments de vers. Adam de la Halle (XIIIe siècle) nous a laissé les plus anciens rondeaux. Le genre est particulièrement cultivé au XIVe siècle par Christine de Pisan, Alain Chartier et Charles d’Orléans, dont voici un rondel :

Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s’est vêtu de broderie, De soleil luisant, clair et beau. Il n’y a bête ni oiseau Qu’en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie.
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie
Gouttes d’argent d’orfèvrerie;
Chacun s’habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau.

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