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salut d’amour. Forme poétique médiévale d’oc et d’oïl, qui consiste en une épître versifiée commençant par une formule de salutation et adressée par l’amant à sa Dame. Le salut d’amour paraît avoir été influencé par la rhétorique épistolaire. Il est habituellement non strophique dans le Midi, mais strophique dans le Nord. L’idéologie est celle de l’amour courtois, et l’esprit est quelquefois didactique. Certains de ces saluts sont désignés comme des complaintes dans les manuscrits. Parmi les auteurs de saluts d’amour, on peut citer Arnaut de Mareuil pour la langue d’oc et Philippe de Remy pour la langue d'oïl.

satire (n. f., du latin satira ou satura, « mélange »). Genre poétique latin (Horace, Juvénal) fondé sur l’attaque et la dérision, et qu’ont illustré en France Vauquelin de La Fresnaye dans ses Satires françaises (1604-1605) et plus tard Mathurin Régnier ou Boileau. Mais le terme de satire peut permettre de définir un poème de tonalité critique ou polémique, et s’attaquant à différents sujets - religieux, moraux, politiques -, comme certaines pièces des Châtiments (1853) de Hugo, ou désigner encore des œuvres en prose diverses : Le Neveu de Rameau, qui est un dialogue, est intitulé satire par Diderot. La satire ménippée (du nom du poète et philosophe grec cynique Ménippe, IVe-IIIe siècle av. J.-C.) est une forme antique qui mélange vers et prose. Sur ce modèle, la Satyre Ménippée (1594) est le plus célèbre des pamphlets royalistes. Il s’agit d’un ouvrage collectif rédigé par des partisans d’Henri IV, qui mêle vers et prose, français et latin, et qui est dirigé contre les états généraux réunis l’année précédente par la Ligue et auxquels ils n’accordent aucune légitimité.

Satire. Œuvre polémique où l’on critique les travers et les ridicules des mœurs et des institutions. La satire à la différence de la parodie ou du pastiche n’est pas une imitation. Elle est plus proche du pamphlet, dont elle n’a pas la brièveté. Dans un sens restreint, le mot désigne une pièce satirique en vers. C’est par exemple le cas de la satire latine, la satura, qui dénonce les vices du temps, en vers de six pieds, comme chez Lucilius, fondateur du genre, puis chez Horace, Perse, Martial ou Juvénal. Si le genre de la satire au sens strict, encore représenté au XVIe siècle par Marot, disparaît ensuite peu à peu, l’esprit et le ton subsistent dans des œuvres où l’esprit critique s’allie à l’ironie. Voltaire, particulièrement dans les Contes, en est le meilleur exemple. La satire peut être légère et humoristique, ou grave et véhémente, comme dans les Tragiques d’Agrippa d’Aubigné.


scénario narratif. En narratologie, on appelle scénario (ou script) les situations conventionnelles que le lecteur est censé reconnaître à partir de quelques éléments, et dont il se sert pour comprendre le récit. Si une nouvelle s’ouvre par la phrase : Il la rencontra un jour dans la rue, et la suivit jusqu'à chez elle (A. Allais, A se tordre, 1891), est aussitôt convoqué à l’esprit du lecteur le scénario stéréotypé de la « première rencontre » ; ce scénario conduit le lecteur à anticiper des événements (la maigreur des informations de cet incipit pouvant créer un effet de suspens) et le texte va jouer à confirmer ou infirmer cette attente. On distingue les scénarios motifs, qui ne concernent que des données générales de l’action (la relation père-fils, le monastère...), et les scénarios situationnels qui concernent la construction d’actions plus précises (le duel, les adieux...).

scène (du grec skènè, lieu de l’action dans le théâtre grec, situé sur une estrade qui domine l’orchestra où évolue le chœur). La scène est aussi le lieu où se déroule le spectacle (scène / salle). Le mot désigne enfin, dans le théâtre classique, une subdivision de l’acte, dont les bornes sont déterminées par l’entrée ou la sortie d’un personnage. scénographie. Art et science de l’organisation visuelle et spatiale du spectacle,, la scénographie relève à la fois de l'architecture et de la peinture. Le scénographe propose un espace dans lequel se déroulera la pièce, espace qui s’intégrera à la mise en scène, qui reflète et détermine tout à la fois les choix dramaturgiques qui président à la représentation. L’espace élaboré par le scénographe s’offre au spectateur dans une dimension à la fois réelle et imaginaire. Il est porteur de valeurs et de hiérarchies (haut, bas, perspective, succession des plans). Il détermine, parfois les relations entre le spectateur et le spectacle. La scénographie se distingue de l’art du décor qui lui est subordonné.

Scène. Espace où se déroule la représentation. On distingue plusieurs types de scène : — La scène ouverte, visible, est à l’origine une scène de plein air. C’est la plus ancienne (grecque, médiévale, élisabéthaine). — La scène fermée est en partie cachée, car elle est enfermée dans une sorte de boîte cubique ouverte sur le devant, totalement cachée quand le rideau est baissé. C’est la scène à l’italienne. Du point de vue du spectateur on distingue par les termes côté cour, côté jardin, la partie droite et la partie gauche de la scène. La scénographie, qui est l’art de mettre en scène l’espace de la représentation, naît au XVIe siècle avec l’introduction de la perspective. Par extension, au cours de l’histoire, le terme de scène qui, à l’origine, n’avait qu’un sens architectural, a permis de désigner également un segment temporel. La scène, c’est donc aussi la partie de l’acte, dans le théâtre français, pendant laquelle il n’y a pas de modification du tableau de configuration des personnages, c’est-à-dire pendant laquelle il n’y a pas d’entrée et de sortie. Lorsque les scènes sont nombreuses, le rythme est enlevé, à cause de la fréquence des entrées et des sorties. Inversement, si les personnages restent longtemps sur scène, le rythme est plus lent. C’est le cas à l’époque classique où d’Aubignac fixe le nombre de scènes dans l’acte à pas moins de trois et pas plus de huit.
Dans le théâtre élisabéthain des entrées et des sorties multiples peuvent s’opérer au cours d’une même scène. Ce qui constitue alors la scène, c’est le lieu où l’action se joue. Chaque changement de lieu introduit une scène nouvelle, la réciproque n’étant pas toujours vraie. Les liaisons de scène, inexistantes dans les dramaturgies antérieures, sont une création du classicisme, nécessitées par le lieu unique. Le seul moyen de concilier vraisemblance interne et unité de lieu, c’est de motiver les entrées et les sorties des personnages. Corneille, dans l’Examen de La Suivante, distingue trois types de liaisons : la liaison de vue (lorsque l’acteur qui entre voit celui qui sort, et inversement), la liaison de présence (« lorsqu’un acteur ne sort point du théâtre sans y laisser un autre à qui il ait parlé»), la liaison de bruit (lorsqu’un acteur entre ou sort, attiré par un bruit), liaison déconseillée par Corneille car peu motivée. C’est Diderot qui supprimera l’exigence de liaisons de scènes, montrant, dans le Discours sur la poésie dramatique, que l’absence de liaison peut être exploitée pour créer l’émotion. Citant comme exemple Térence, qui laisse le théâtre vide jusqu’à trois fois de suite, il confie : « Ces personnages qui se succèdent et qui ne jettent qu’un mot en passant, me font imaginer un grand trouble. » On parle alors de scènes discontinues.


schéma actanciel. En se fondant sur l’analogie avec la structure phrastique, AJ. Greimas a avancé l’idée que tout récit s’organisait autour des six fonctions actancielles fondamentales : sujet/objet, destinateur/destina-taire, adjuvant/opposant. Au début du Cid, par exemple, Rodrigue (sujet) est chargé par Don Diègue (destinateur) de venger l’affront reçu (objet) pour rétablir l’honneur de la famille (destinataire) ; comme le montrent les célèbres stances, Rodrigue est poussé par le sentiment de sa gloire (adjuvant), mais retenu par sa passion pour Chimène (opposant). La configuration actancielle d’un récit dramatique ou romanesque est en constante évolution au fil du texte ; la configuration dominante peut par ailleurs croiser des configurations secondaires.

schéma narratif. Le schéma narratif prototypique prendrait, selon certains théoriciens (P. Larivaille, J.M. Adam...), la forme d’un ensemble de cinq propositions narratives : situation initiale [P1], événement déclencheur du récit [P2], réaction [P3], événement conduisant à la résolution [P4], situation finale [P5]. Ce schéma prototypique ne correspond pas forcément à des passages exprimés dans le récit, mais devrait pouvoir se retrouver derrière toute mise en intrigue. Il n’est d’ailleurs pas sans rappeler la combinaison classique nœud/ péripétie/rebondissement/dénouement. Les étapes du système « quinaire » peuvent être introduites par une annonce du récit [P alpha] et fermées par une conclusion qui tire éventuellement la morale de l’histoire [P oméga]. C’est le cas dans le résumé suivant : [P alpha] La Putain respectueuse de Sartre (1946) est une comédie sur la dialectique sociale et raciale: [P1] Lizzie a assisté au meurtre d’un homme noir par un jeune Blanc. [P2] On lui demande de dire au procès que l’homme blanc était en situation de légitime défense. [P3] Mais elle ne souhaite pas faire un faux témoignage qui amènerait, par contrecoup, la condamnation du compagnon de l’homme assassiné. [P4] Or, elle est séduite par le cousin du meurtrier et accepte de témoigner contre sa conscience. [P5] Elle est prise entre l’espérance d’une vie meilleure et la certitude du remords. [P oméga] Le miracle n’a pas eu lieu : la petite Blanche et le Noir ne sont pas unis contre leur oppresseur commun.


scholies. Notes de commentaire portées par un lecteur dans les marges d’un manuscrit médiéval et visant à éclairer le texte. Les textes scholiés sont généralement soit des œuvres de l’Antiquité, soit des Livres de l’Écriture sainte. Les manuscrits destinés à l’enseignement universitaire étaient munis de larges marges destinées à accueillir de telles notes d’interprétation ou de grammaire.

scientisme. Idéologie de la seconde moitié du XIXe siècle, proche du positivisme. Mais alors que le positivisme est une vraie philosophie, articulée en système par Auguste Comte, le scientisme se ramène à l’idée que la science, parvenant progressivement à dégager la vérité dans tous les domaines, finira par apporter des réponses à toutes les questions et permettra de parvenir à l’organisation de ’humanité la plus parfaite possible. La foi en une science déterministe tend alors à remplacer la religion. Les principaux inspirateurs du scientisme en France, maîtres à penser de toute une génération, furent Ernest Renan (1823-1892), combinant subtilement scientisme et scepticisme et dont L'Avenir de la science, rédigé en 1849, ne fut publié qu’en 1890 ; et Hippolyte Taine (1828-1893) qui s’efforça notamment de définir les facteurs (race, milieu, moment, faculté dominante) qui détermineraient l’apparition des œuvres littéraires et artistiques {La Fontaine et ses Fables, 1852 et 1861). Il est à noter que Taine et Renan sont avant tout des historiens. Plus encore que dans les sciences de la nature, le scientisme met en effet son espoir dans l’histoire, dans la philologie ou science des textes, et dans la sociologie. L’influence de Taine fut dénoncée par Paul Bourget dans son roman Le Disciple (1888). Une critique plus approfondie du scientisme fut menée par Bergson et, sur un mode polémique, par Péguy dans ses textes en prose.


scriptorium (n. m. ; plur. scriptoria). Nom latin donné au lieu où étaient confectionnés et copiés les manuscrits au Moyen Age :'la pièce d’abord, puis, par extension, l’établissement spécialisé où l’on s’adonnait à cette activité. A l’origine exclusivement religieux (abbayes, cathédrales), les scriptoria se diversifient à la fin du Moyen Age avec l’accroissement de la demande de livres, et l’on voit apparaître des ateliers purement civils, en particulier dans l’entourage des ducs de Bourgogne et, bien entendu, des rois.

seizain. Strophe de seize vers, toujours composée (par exemple, quatre quatrains ou un dizain + un sizain...).



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