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SAND George [Aurore Dupin, baronne DuDEVANT] 1804-1876

SAND George [Aurore Dupin, baronne DuDEVANT] 1804-1876
Romancière, née à Nohant, dans le Berry. Élevée à la campagne, puis dans un couvent à Paris (1817-1820), elle épouse le baron Dudevant, d'avec qui elle divorce en 1830. Dès lors elle va vivre (et défendre dans ses romans) l'amour libre et sans frein: Indiana (1831), Lélia (1833), etc. Soudain, lasse de prêcher le « droit à l'amour pour la femme », elle tonne contre « l'exploitation de l'homme par l'homme » : ses admirations amoureuses ne vont plus vers les artistes (Sandeau, Musset, Chopin), mais vers les prophètes socialistes, Pierre Leroux, Victor Considérant, l'abbé de Lamennais; et, tour à tour, elle se penchera sur le sort cruel de l'ouvrier (Le Compagnon du tour de France, 1840, Le Péché de M. Antoine, 1847), ou donnera en exemple la vie calme et patriarcale des paysans: La Mare au diable (1849), La Petite Fadette (1849) et surtout Les Maîtres sonneurs (1853) - qui sont en l'espèce les sonneurs de cornemuse ; cette dernière série reste d'ailleurs la part la plus vivante et la plus attachante de son œuvre : il semble que George Sand, romancière «sensible», est plus à son aise lorsqu'elle décrit des sensations que lorsqu'elle exprime ses propres sentiments. Mais en dehors de ces deux périodes (la «lionne» des années 1830-1837; la romancière populiste, 1837-1853) se situe à mi-chemin Mauprat (1837), son chef-d'œuvre, peut-être : histoire d'une famille « farouche » et d'un beau tortionnaire, apprivoisé par l'amour; conte fantastique davantage que roman, moins simpliste dans son art, et moins complaisant dans son style que tous les autres ouvrages de George Sand, et qui nous fait mesurer ce dont elle est capable sur le plan de l'imagination dès lors qu'elle renonce à défendre une cause, « immorale » (libération sexuelle) ou morale (libération sociale).


Mais toute sa vie durant, dans son idée, l'œuvre d'art ne fut que l'enveloppe, séduisante par nécessité, d'un contenu plus noble et plus enrichissant pour l'âme (notons que la spiritualité réelle et profonde de cette romancière socialiste se donne libre carrière, à l'occasion; par exemple - en 1842 - dans une œuvre quasi mystique, le récit de Consuelo) : Le roman d’aujourd’hui doit remplacer la parabole,... affirme-t-elle. Et encore: L’art n’est pas une étude de la réalité positive, c'est une recherche de la vérité idéale. Aussi bien cette vérité, chez George Sand, n'est-elle guère vraisemblable, qu'il s'agisse du pauvre Grand-Louis qui souffre sans mot dire (dans Le Meunier d’Angibault, 1845) ou de la riche baronne de Blanchemont qui sacrifie son château pour que Grand-Louis épouse la jeune Rose, fille du méchant patron Bricolin, réglant du même coup ce funeste problème de classe qui divise le patron et l'ouvrier. Il faut reconnaître, en tout état de cause, que l'idéalisme professé par la« bonne dame de Nohant » (tout autant qu'en sa jeunesse la revendication de la liberté sexuelle au-delà des préjugés sociaux) se doublait d'une très courageuse activité de militante.
Révolutionnaire dans ses mœurs, puis - ce qui est mieux encore -dans ses idées, George Sand n'apparaît pas moins à l'homme du XXe siècle comme très en arrière dans sa « portée », dans son influence sur le plan historique ou social, en comparaison d'un Balzac, par exemple, qui fut théocrate et légitimiste cependant. Tout se passe comme si les thèses que l'un et l'autre ont soutenues dans la vie (socialisme, ici ; ou là, conservatisme) avaient moins de poids en définitive, que les thèmes (réconciliation dans l'universel Amour, ici ; et là, omniprésence cynique de l'argent) qui les ont exaltés sur le plan de l'art.