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Symétrie Synecdoque Synesthésie Synonymie

Symétrie. Au sens strict, régularité dans la construction de la phrase qui fait que se répondent de part et d’autre d’un point donné des éléments identiques ou analogues. Ce n’est guère que dans le vers, de part et d’autre de la césure par exemple, que l’on peut parler de symétrie en ce sens. Ainsi, dans ce vers d’Apollinaire (La Cueillette) :
Des pétales de rose ont chu dans le chemin.
on peut établir une symétrie entre les mesures syllabiques 4s+2s / 2s+4s. Le chiasme représente donc aussi un cas de symétrie stricte par rapport au point que dessine la séparation des groupes. Cependant, comme il est difficile de définir de tels points dans la phrase, on entend au sens large par symétrie un équilibre entre plusieurs membres de phrase, fondé sur une identité de construction ou une identité de volume : Le vent du soir qui brisait les réseaux tendus par l’insecte sur la pointe des herbes, l’alouette de bruyère qui se posait sur un caillou, me rappelaient à la réalité : je reprenais le chemin du manoir, le cœur serré, le visage abattu. (Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe).


Synecdoque. Figure de signification ou trope qui joue sur les relations de contiguïté entre objets (individus, événements) existant dans le monde et qui remplace le nom d’un des deux objets par celui de l’autre. Les deux objets, à la différence de ce qui se passe dans la métonymie, ne sont pas indépendants l’un de l’autre et sont liés par un lien de type définitionnel : — Définition par le genre donnant lieu à la synecdoque de l’espèce (le nom de l’espèce est pris pour celui du genre) : la saison du lilas pour la saison des fleurs ou du genre (le nom du genre est pris pour celui de l’espèce) : Un vagabond entra. L’homme était livide. Lorsque le nom de l’individu est pris pour celui de l’espèce, on parle parfois d’antonomase : C’est un Judas pour c’est un traître. — Définition par énumération des parties donnant lieu à la synecdoque de la partie pour le tout : Ma main, sous votre nom, répandait ses largesses. (Racine, Britannicus) On rencontre les synecdoques dans les mêmes types de textes que les métonymies. La synecdoque joue souvent sur les rapports du concret et de l’abstrait : Tout était juste alors : la vieillesse et l’enfance En vain sur leur faiblesse appuyaient leur défense [...] (Racine, Andromaque) Dans cet exemple, vieillesse et enfance sont employés respectivement pour vieillards et enfants. Synesthésie. Association de sensations relevant de domaines perceptifs différents, odorat et vue, toucher et ouïe, etc. Ce phénomène est à la base de nombreuses métaphores d’usage : une voix chaude (ouïe et toucher), un son rond (ouïe et vue)... Les écrivains de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe ont beaucoup utilisé les synesthésies, comme Rimbaud dans le fameux sonnet des Voyelles. Huysmans a décrit dans A Rebours « l’orgue à bouche», ensemble de liqueurs, qui procurent à des Esseintes la même impression que la musique : Il était parvenu [...] à se jouer sur la langue de silencieuses mélodies, de muettes marches funèbres à grand spectacle, à entendre, dans sa bouche, des soli de menthe, des duos de vespetro et de rhum.

Pour les poètes symbolistes, à la suite de Baudelaire, elles participent aux correspondances qui relient les différents aspects du monde :
Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies [...] (Baudelaire, Correspondances') Synonymie. Relation lexicale entre deux signes de sens identique : châtiment et punition. La synonymie est rarement totale et il existe peu de mots qui soient substituables dans tous les contextes, soit que les mots n’appartiennent pas au même registre ou au même niveau de langue : ictère et jaunisse, se moquer de et se foutre de, soit qu’ils comportent des différences sémantiques, même légères, comme joie et gaieté, soit qu’ils entrent dans des collocations : ainsi homme de couleur admet comme synonyme homme noir, ce que n’admet pas crayon de couleur. La plupart des synonymes sont donc des synonymes partiels qui n’ont le même sens que dans un contexte particulier : relever une chaise = redresser une chaise relever une erreur = repérer une erreur La synonymie peut s’établir entre phrases, par exemple à la suite de transformations grammaticales, comme entre la tournure active et la tournure passive : On a repeint la maison. La maison a été repeinte. On parle alors plutôt de paraphrase. Tous les mots ou expressions substituables dans un contexte ne sont cependant pas synonymes. Ainsi la périphrase peut-elle se substituer à un terme simple, mais bien que les deux aient le même référent, leur sens n’est pas identique. De même la métaphore dit-elle autre chose que le terme propre, dont elle n’est pas à proprement parler synonyme.