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synérèse synesthésie synonymie syntagmatique (axe) / paradigmatique (axe)

synérèse (n. f., du grec sunairesis, « rapprochement »). Phénomène inverse de la diérèse, qui consiste à prononcer en une seule syllabe une suite i, u ou ou + voyelle, quelconque. C’est que la première voyelle écrite est en fait prononcée en semi-consonne (ou semi-voyelle). C’est un phénomène très courant dans la langue parlée : « dixième » compte ainsi deux syllabes [di-zjem] parce qu’il se prononce en synérèse. Dans la poésie traditionnelle, les cas de synérèse étaient liés à des faits étymologiques très précis :
— Diphtongaison d’une voyelle latine unique : ainsi « fier » a toujours été prononcé en synérèse, parce qu’il vient' du latin férus avec e bref qui en français s’est diphtongué en -ie Il en va ainsi également pour des mots comme « pied », « pierre », « bien », « vieux », « ciel », « dieu », « tiède », « vierge », et des formes verbales comme « viens », « tiens »... — Vocalisation d’une consonne originelle : ainsi « nuit » est prononcé en synérèse, dans la mesure où le yod s’est dégagé de la vocalisation d’un c entravé, d’où la diphtongaison : latin noctem > « nuit ». Il en va de même pour des mots comme « fruit », « lieu »...
NB. : 1. « hier » venant du latin heri avec un e bref devrait être en synérèse, or il est le plus souvent, même en poésie traditionnelle, prononcé en diérèse. 2. Jusqu’au XVIIe siècle, des mots en [occlusive + 1 (l)/r + i + voyelle + consonne] étaient prononcés en synérèse (ils sont prononcés en diérèse désormais aussi bien dans la poésie depuis le XVIIe siècle que dans la langue courante) : « sanglier » compte aujourd’hui 3 syllabes, alors que dans la poésie du XVIe siècle, par exemple, il n’en compte que deux ([sa-glje]).

synesthésie. Liaison subjective par laquelle l’excitation d’un sens (par exemple l’ouïe) fait naître des impressions d’un autre sens (par exemple la vue). Le romantisme et le symbolisme ont accordé à ce phénomène une attention particulière, y voyant parfois un témoignage de l’unité secrète de la nature. « Lorsque j’entends de la musique, écrit E.T.A. Hoffmann, je trouve une analogie et une réunion intime entre les couleurs, les sons et les parfums. Il me semble que toutes ces choses ont été créées par un même rayon de lumière » {Kreisleriana, cité par Baudelaire, Salon de 1846). De même Nerval : « Des couleurs, des odeurs et des sons je voyais ressortir des harmonies jusqu’alors inconnues » (Aurélia). Les tercets du sonnet Correspondances de Baudelaire et le sonnet Voyelles de Rimbaud sont les exemples les plus célèbres de l’exploitation poétique des synesthésies.

synonymie. Relation qui unit deux mots ou deux expressions de même sens : vélo/bicyclette, chuchoter/ murmurer... Les cas de synonymie absolue sont fort rares ; vélo et bicyclette,' par exemple, ne sont pas du même niveau de langue. On parle alors de parasynonymie ou de quasi-synonymie. Par ailleurs, deux mots ne sont généralement synonymes que pour une seule de leurs acceptions : « nom » et « substantif » sont des synonymes et peuvent donc commuter dans «vélo est un nom », mais pas dans « Jean est mon nom ». La hantise de la répétition ayant longtemps été une contrainte stylistique majeure, tant dans les pratiques d’écriture scolaires que littéraires, le travail sur la (para)synonymie a dès lors été considéré comme un gage fondamental du « bien écrire » : L'abbé Fuchs était étendu sur le carrelage, face au plafond, bras en croix. Biaise Kappel s'accroupit auprès de l'ecclésiastique. Le curé n'avait pas perdu connaissance (P. Véry, L'Assassinat du Père Noël, 1934).

syntagmatique (axe) / paradigmatique (axe). Les deux procédures fondamentales dans la production d’un énoncé sont la sélection d’un élément et sa combinaison avec les autres éléments sélectionnés. Chaque élément d’un énoncé est en effet à considérer dans un double système de relations : d’abord, par rapport aux éléments qui le précèdent et le suivent (le choix de « nous » comme sujet va entraîner telle terminaison verbale), ensuite par rapport à l’ensemble des éléments qui pourraient prendre sa place (dans « le beau poème », poème pourrait ainsi commuter avec roman, livre... beau avec magnifique, bref...). L’énoncé croise donc à chaque instant deux axes : celui des combinaisons, ou axe syntagmatique (organisation hiérarchique des composants de l’énoncé) ; celui des substitutions, ou axe paradigmatique (sélection des composants parmi toutes les possibilités offertes par la langue). L’analyse stylistique met en évidence le travail du texte sur ces deux axes.

syntaxe. Organisation des mots et des groupes de mots dans la phrase et, par métonymie, étude de cette organisation. Longtemps conçue comme une simple liste de contraintes grammaticales ne permettant pas le jeu littéraire, la syntaxe, depuis la fin du XIXe siècle, est perçue comme le constituant le plus important du style. Par extension métaphorique, on parle de syntaxe narrative, dramatique, etc., pour désigner l’organisation des unités narratives ou dramatiques dans les textes. L’analyse littéraire considère le plus souvent les mots syntaxe et grammaire comme des synonymes, alors que les linguistes donnent au terme de grammaire un sens beaucoup plus large.