AFRIQUE (le théâtre et l')

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Le théâtre est-il ~un genre '.occidental,- importé- en Afrique, ou au contraire est-il l'essence même de l'Afrique? Une telle a1temative ne laiss.e que peu de place à la recherche.

historique (précisons ici qu'il ne sera question que de !!Afrique subsaharienne, souvent dénommée Afrique noire).

Peut-on raisonner en termes généraux sur ce continent? Et d'abord est-il légitime d'en exclure le Nord ? Nous le ferons pour la commodité de notre propos et de nos références, sans oublier que les langues sémitiques appartiennent au groupe ;afroasiatique qui est représenté! jusque dans le centre de l'Afrique par les Haoussas, qui sont sans doute le groupe le plus important et le plus dynamique de l'Afrique de l'Ouest.

l'islam, religion dominante :du Nord;';est présent:'partout jusqu'à l'extrême Sud.

Religion du livre, il n'est pas religion de la scène, alors que le christianisme insiste beaucoup auprès des catéchumènes.;,sur la représentation figurée de scènes extraites de la Bible.

On ne_,saurait alors s'étonner de trouver des spectacles analogues à notre théâtre dans -iles régions en contact .avec l'.Oecident, certaines depuis plus de quatre siècles I ~ ~- c t - -t • -· .....

1 Rite et théâtre 7 ... '-._ Le théâtre est le dispositif qui met un texte et des comédiens face à un public.

Les conventions de la représentation établissent ,que.

les comédiens jouent des .rôles et ndn leur rôle, même s'ils peuvent à 1 l'occasion l'assumer.

C-es 1 conventions garantissent la liberté des.

comédiens en procurant la distance nécessaire entre eux et ce, qu'ils figurent.~ Cette distance fait de la scène le lieu d'une libération par rapport au rite :.

là où s~iachève le rite commence le théâtre.

Nous ne savons pas grand-chose des liturgies· dionysiaques, qui n'intéressaient pas Aristote*. En revanche, les Bacchantes d'Euripide*, en figurant la transe des adeptes, portent un regard sur cette folie religieuse, regard qui, en ilui-même, est distance libératrice, voire .libérée.

Les religions de la transe, si présentes en -Afrique noire, comme en témoignent les beaux films c!e Jean Rouch, sont justiciables d'un tel regard.

En Afrique noire il y a des comédiens, des spectacles, mais il n'y a pas le dispositif de représentation que nous désignons sous le nom de théâtre.

Pourtant .de;nombreuses formes de spectacles_ font appel à la figuration mimétique ~ les rites des classes d'âge, les associations de mascarade, les récitations historiques. Joel Adedeji, premier professeur d'histoire ·du théâtre à l'université d'Ibadan, a produit .une analyse historico-anthropologique de la naissance du théâtre chez les Yoroubas*.

Il voit dans les associatioB.s de danseurs masq~és, censés· honorer les ancêtrest les Egungun,..., les premiers comédiens.

Il date du milieu du siècle passé les ·premiers acteurs qui détachent leur jeu scénique, la figuration mimétique présente dans beaucoup de danses masquées; du contexte rituel: Il fallait en ,,, }! 1 1 somme la cour du roi d 0yo,.

les· grandes vil- n est pas exempte de complaisance.

pour les les que furent les cités yor0ubas dès le modes du jour.-:·· •'Lj , -~' ,.

i } r '? XIXe siècle pour que des mascarades s'émanLe problème demeure: comment faire un cipent de la tutelle des prêtres et deviennent théâtre, du théâtre, à partir de spectacles des troupes de comédiens.

Est-ce 1suffisant issus de,rites auxquels les jeunes générations pour fonder un théâtre? Sans doute pas, car n'adhèrent plus? Comment ne pas se couil faut des textes, un répertoire, voire une peri des sources vivantes de la musique, de mise en scène.

Des performances éclatéès, la lpoésie, de la danse que chaque culture aussi talentueux que soient les acteurs, aussi africaine porte en elle ? Comment en faire spécialisés soient-ils ne font pas un théâtre. un texte pour des comédiens et ,un public Le travail de J.

Adedeji est une contribution pris dans une histoire souvent violente et 1 positive à l'histoire du, théâtre ; 1auteur toujours1._chaotique ? ~ , ·\, • s'égare quand il cherche à retrouver le nom ' ' du premier comédien, mais cela ne remet L'invention du théâtre • ,= ; pas en cause la validité de son entreprise. • • l 0 Contexte urbain, pouvoir éentralisé, tVitalité La conscience des ressources de la tradides associations, dynamisme des sculpteurs tion, - de ce qu'elle demandait à chaque font des cités yoroubas un lieu unique en homme comme capacité :à jouer un rôle Afrique où a très bien pu se produire la mise social, du fait, dans la plupart des cas, des en place d'un dispositif original de figura- hiérarchies dans lesquelles il était inséré, tion, indépendant des religions traditionnel- peut donner= forme à certains aspects du les, et en même temps en attente de textes théâtre ·contemporain: elle ne saurait, en neufs. , aucun cas, l'informer entièrement. Ici se place la rencontre avec la Bible : elle Toute quête des origines du théâtre, est fournit~ un répertoire quasi inépuisable de mythique, autant chez Nietzsche* que chez récits, dont la mise en scène donnera un Wole Soyinka* qui fait d'Ogoun, dieu exutoire aux talents des amuseurs et des yorouba, le premier comédien.

Ces mythes comédiens ambulants.

Ces mouvements sont dynamiques : ils donnent sens à une sont sans doute parallèles: ils se sont pour- expérience de la création dramatique, à tun tant succédé dans la carrière d'Hubert rapport à la culture.

La dramaturgie r Ogunde*, qui constitue la .démonstration d'Ogoun, emblème de Soyinka, èst .d'abord remarquable de la possibilité de combiner la celle d'une mort, d'une rupture avant une ' verve populaire, le message biblique, ,et la reconstruction.

Mort d'un monde où les création d'un répertoire national original au ancêtres vivaient de la vie des hommes ; 1 Nigeria*.

Ces rencontres n ont pas eu lieu en naissance d'un.

·monde où.

l'homme doit 1 d autres points du continent.

La pénétratio~ inventer la cité, jouer sa liberté.

Le théâtre de l'islam et du christianisme a détaché les n'a rien d'autre à dire. 1.... »