Commentaire composé Chant d'amour VI, Lamartine
Publié le 30/11/2022
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«
Alphonse de LAMARTINE
1790 - 1869
Chant d'amour (VI)
Un jour, le temps jaloux, d'une haleine glacée,
Fanera tes couleurs comme une fleur passée
Sur ces lits de gazon ;
Et sa main flétrira sur tes charmantes lèvres
Ces rapides baisers, hélas ! dont tu me sèvres
Dans leur fraîche saison.
Mais quand tes yeux, voilés d'un nuage de larmes,
De ces jours écoulés qui t'ont ravi tes charmes
Pleureront la rigueur ;
Quand dans ton souvenir, dans l'onde du rivage
Tu chercheras en vain ta ravissante image,
Regarde dans mon coeur !
Là ta beauté fleurit pour des siècles sans nombre ;
Là ton doux souvenir veille à jamais à l'ombre
De ma fidélité,
Comme une lampe d'or dont une vierge sainte
Protège avec la main, en traversant l'enceinte,
La tremblante clarté.
Et quand la mort viendra, d'un autre amour suivie,
Éteindre en souriant de notre double vie
L'un et l'autre flambeau,
Qu'elle étende ma couche à côté de la tienne,
Et que ta main fidèle embrasse encor la mienne
Dans le lit du tombeau.
Ou plutôt puissions-nous passer sur cette terre,
Comme on voit en automne un couple solitaire
De cygnes amoureux
Partir, en s'embrassant, du nid qui les rassemble,
Et vers les doux climats qu'ils vont chercher ensemble
S'envoler deux à deux.
COMMENTAIRE COMPOSE : CHANT D’AMOUR VI
Le romantisme est un mouvement littéraire apparut au XIXe siècle, il prône
l’exaltation de l’âme et l’expression des sentiments s’opposant ainsi au goût et à la
tradition classique, ce mouvement a permis à plusieurs auteurs d’exprimer leur
sentiments et leur souffrances tel que Victor Hugo ou encore Alfred de Musset.
C’est
dans cette perspective que s’inscrit Alphonse de Lamartine, un célèbre écrivain et
homme politique français dont l’œuvre poétique, d’inspiration lyrique, apparut
comme une révélation à la jeune génération romantique en France, il participa à la
révolution de 1848 et proclama la deuxième république.
Ce dernier est largement
admiré pour son œuvre monumentale Nouvelles méditations poétiques et compte
indiscutablement parmi les plus grands poètes français du XIXe siècle.
Cette œuvre
est un recueil de poèmes paru en 1823 traitant des thèmes lyriques, religieux,
1
nostalgiques ou encore naturels.
Le poème à analyser fait partie de la vingt-quatrième
méditation, il s’intitule « Chant d’amour VI ».
Le poète aborde ainsi des thèmes tel
que l’amour éternel, la mort ou encore la nostalgie.
En quoi l’auteur, à travers les
différents thèmes abordés dans son poème, parvient-il à exprimer ses sentiments ?
Pour ce faire, nous analyserons dans un premier lieu la fuite du temps présente dans
ce poème puis nous verrons dans un second lieu l’éloge de la femme faite par le poète
et pour finir nous étudierons un paysage qui reflète l’état d’âme du poète.
Tout au long du poème, Alphonse de Lamartine nous montre le temps qui passe,
et cela tout d’abord à travers un temps maître des lieux incontrôlable.
En effet, dès la
première lecture du texte, on s’aperçoit que le poème est parsemé d’un champ lexical
du temps : « temps »v.1, « jours »v.8, « siècles »v.13, l’auteur ainsi insiste sur ce
temps, il lui donne une importance aux yeux du lecteur et va jusqu’à le
personnifier :« le temps jaloux », il lui attribue ainsi des caractéristiques humaines tel
que la jalousie pour mettre en évidence son effet sur la beauté de la femme et surtout
son pouvoir.
Ce pouvoir provient d’une jalousie synonyme du temps qui passe que
nous pouvons voir avec l’adjectif « jaloux » présent à la coupe du premier vers.
L’auteur accentue sur ce pouvoir à travers l’usage de multiples verbes au future
simple : « fanera »v.2 et « flétrira »v.4, on s’aperçoit que ces verbes sont des actions
réalisées par « le temps » et sont inévitables par la femme, on peut même penser que
c’est un ordre venant du « temps », ce dernier possède donc un pouvoir important sur
la beauté de cette femme.
Ainsi le « temps » parait comme un maître face à des hommes impuissants et
soumis.
Cependant, dans ce poème, la femme est soumise aux ordres du « temps », ce
dernier semble être bien défini par le poète comme on le voit à travers l’article défini
« Le », on peut penser que l’auteur a bien été déjà une victime du temps et maintenant
c’est au tour de cette femme d’en être une.
Le poète accentue le fait que cette femme
sera victime avec l’emploi des verbes au futur : « pleurerons »v.9 et
«cherchera »v.11.
Ces verbes montrent ici l’état d’âme de la femme plus tard, un état
de tristesse, cette tristesse est une émotion qui traduit la douleur émotionnelle de la
femme, une douleur caractérisée par des sentiments d’impuissance, ainsi la femme se
manifeste par des pleurs comme on peut le voir avec l’expression « nuage de
larmes »qui signifie que la femme va beaucoup pleurer car elle perdra sa beauté
lorsqu’elle « fanera comme une fleur passée ».
A travers cette dernière comparaison
l’auteur nous montre plus explicitement l’état physique de la femme, un état desservi
voir laid avec rides causé par les multiples « jours écoulés », l’auteur insiste sur ce
temps qui passe et qui est dévastateur pour les personnes qui plus tard ne trouverons
pas la beauté qu’ils avaient avant.
Cette dernière ne peut alors pas échapper à son
sort, elle finira par perdre sa beauté « ravissante » et devenir vieille.
Pour finir sur ce
point, la femme ainsi présentée dans le poème finira donc par perdre sa beauté et être
vieille à cause du temps.
Le poète parvient donc à montrer l’impuissance de l’homme face au temps qui
est lui maître des lieux, toutefois il fait un éloge de cette femme.
De plus, le poète illumine cette femme en lui faisant une description minutieuse
et avantageuse.
On relève ainsi plusieurs adjectifs mélioratifs tel que :
« charmantes »v.4 et « ravissante »v.11 qui caractérisent la femme, ces adjectifs nous
traduisent ainsi la beauté de cette dernière.
Elle semble d’ailleurs être parfaite aux
yeux du poète, on s’aperçoit qu’elle a pénétré son cœur comme on le voit à travers la
phrase exclamative : «regarde dans mon cœur ! ».
Cette phrase montre ainsi que la
2
femme possède un lien intime avec le poète puisqu’elle a le droit de voir dans son
cœur.
Cette phrase peut d’ailleurs être considérée comme un paradoxe, elle pousse le
lecteur à formuler un raisonnement illogique car on ne peut pas regarder dans un
cœur, le poète pousse ainsi le lecteur à réfléchir sur cette phrase, il cherche à lui
montrer à quel point il a été atteint par cette beauté.
Le poète continue à illustrer cette
femme comme on le voit avec le terme au pluriel : « charmes » qui souligne le fait
que cette femme est séduisante et attrayante, elle exerce en effet un vif attrait sur le
poète.
Ce dernier use....
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