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Fiche de lecture - La cantatrice chauve, Ionesco

Publié le 13/08/2023

Extrait du document

« Eugène Ionesco, La cantatrice chauve Citations : - - - - « M.

Smith : Il y a une chose que je ne comprends pas.

Pourquoi à la rubrique de l'état civil, dans le journal, donne-t-on toujours l'âge des personnes décédées et jamais celui des nouveau-nés ? » « Un médecin consciencieux doit mourir avec le malade s'ils ne peuvent pas guérir ensemble.

Le commandant d'un bateau périt avec le bateau, dans les vagues.

Il ne lui survit pas.

» « Un médecin consciencieux doit mourir avec le malade s'ils ne peuvent pas guérir ensemble.

Le commandant d'un bateau périt avec le bateau, dans les vagues.

Il ne lui survit pas.

» « Je voyageais en deuxième classe, Madame.

Il n'y a pas de deuxième classe en Angleterre, mais je voyage quand même en deuxième classe.

» « Quand je dis oui, c'est une façon de parler.

» « Mme Martin : Ce matin, quand tu t'es regardé dans la glace tu ne t'es pas vu.

- M.

Martin : C'est parce que je n'étais pas encore là...

» « Elle [la pendule] marche mal.

Elle a l'esprit de contradiction.

Elle indique toujours le contraire de l'heure qu'il est.

» « La vérité ne se trouve d'ailleurs pas dans les livres, mais dans la vie.

» « Mme SMITH : Cela est vrai en théorie.

Mais dans la réalité, les choses se passent autrement.

Tu as bien vu tout à l'heure.

» « M.

SMITH : C'était le plus joli cadavre de Grande-Bretagne ! Il ne paraissait pas son âge.

Pauvre Bobby, il y avait quatre ans qu'il était mort et il était encore chaud.

Un véritable cadavre vivant.

Et comme il était gai ! » Analyse : Les personnages parlent avec des lieux communs, des truismes, sans qu’il n’y ait aucune profondeur dans les dialogues.

Dans un environnement familier Mr et Mme Martin reçoivent Mr et Mme Smith, ou vice versa (les hôtes changent à la fin de la pièce). L’idée de la pièce lui vint d’un manuel d’apprentissage de l’anglais, dans lequel il apprend par exemple qu’il y a sept jours dans la semaine, et où Mme Smith explique à son mari qu’ils avaient plusieurs enfants, habitaient dans la banlieue de Londres, que leur nom était Smith, qu’ils avaient une domestique nommée Mary… Cette « anti-pièce » parodie autant les banalités du langage que les codes du théâtre traditionnel.

Elle sera représentée pour la première fois en 1950. I. Une « anti-pièce » « C'est alors que j'eus une illumination.

Il ne s'agissait plus pour moi de parfaire ma connaissance de la langue anglaise.

M'attacher à enrichir mon vocabulaire anglais, apprendre des mots, pour traduire en une autre langue ce que je pouvais aussi bien dire en français, sans tenir compte du « contenu » de ces mots, de ce qu'ils révélaient, c'eut été tomber dans le péché de formalisme qu'aujourd'hui les maîtres de pensée condamnent avec juste raison.

Mon ambition était devenue plus grande : communiquer à mes contemporains les vérités essentielles dont m'avait fait prendre conscience le manuel de conversation franco-anglaise.

D'autre part, les dialogues des Smith, des Martin, des Smith et des Martin, c'était proprement du théâtre, le théâtre étant dialogue.

C'était donc une pièce de théâtre qu'il me fallait faire.

» Notes et contre-notes, Eugène Ionesco. Ionesco, par l’application systématique du nonsense, déroge à toutes les lois de la dramaturgie classique.

La scène d’exposition devient alors une simple énumération des éléments nécessaires pour comprendre l’intrigue, même si relativement inexistante.

Les interventions de la bonne servent de leurres, puisqu’elle semble essayer de ramener la pièce dans un cadre plus connu : une pièce policière (« Mon vrai nom est Sherlock Holmes ») ou une histoire d’amour (Mary et le pompier semblent entretenir une relation), sans que les autres personnages ne la suivent dans ces directions : ils vont même jusqu’à la chasser lorsqu’elle déclare son poème en l’honneur du capitaine, et reprennent leur discussion vide de sens ensuite. Le temps et l’espace, éléments clefs de toute pièce, sont complètement distordus : l’horloge sonne aléatoirement au cours de la pièce, le pompier parle de « trois quarts d’heure et seize minutes ») ; l’espace est quant à lui qualifié « d’anglais » dans les premières didascalies.

Les personnages n’ont pas de personnalité et des noms d’une banalité surprenante, ils sont complètement interchangeables (c’est ce qui arrivera d’ailleurs à la fin de la pièce).

Dans certaines mises en scène, comme celle de Jean Luc Lagarce en 1991, Mme Smith et Mme Martin, ainsi que Mr Smith et Mr Martin, portent les mêmes costumes pour souligner cette interchangeabilité. Le personnage qui donne son nom à la pièce n’est mentionné qu’une fois et n’apparaît jamais sur scène, se moquant ainsi de la tradition selon laquelle le personnage éponyme se doit d’être central. Les personnages semblent contingents, ils n’ont pas de sens : le pompier n’a pas d’incendies à éteindre, le mari et la femme se reconnaissent par hasard… L’arrivée du pompier est un véritable coup de théâtre, un deus ex machina, qui souligne les procédés utilisés par les dramaturges pour débloquer arbitrairement une situation : ici l’arrivée du pompier va permettre aux Smith et aux Martin de sortir de leur conversation stérile. Ionesco respectent néanmoins certaines règles du théâtre classique :.... »

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