Les fausses confidences de Marivaux
Publié le 12/05/2024
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«
Les fausses con dences - Marivaux
biographie
Marivaux: 1688-1763
a) Une vie consacrée à la littérature:
- Bon élève et grand lecteur, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux
-
abandonne ses études de droit pour se vouer à l’écriture.
Journaliste à partir
de 1717, il est ruiné et devient alors avocat sans cesser d’écrire
Ses revenus sont souvent minces, véritables selon le succès de ses
pièces
b) La tentation du roman:
- Marivaux débute sa carrière littéraire par le roman avec les effets surprenants de la
-
sympathie (1713).
En 1717, il écrit, sans le publier, un télématique travesti, parodie
burlesque du très sérieux télématique de Fenelon
De 1731 à 1741, il écrit, sans la terminer, la vie de Marianne, à la fois un roman
d’analyse et une autobiographie imaginaire le paysan parvenu, également inachevé,
relate avec réalisme l’histoire d’une ascension sociale
c) la passion du théâtre
- Cependant, c’est par ses comédies que Marivaux accède à la notoriété.
Il en compose
accueil et succès
fi
-
une trentaine entre 1720 (Arlequin poli par l’amour) et 1755 (la femme fidèle).
Nombre
d’entre elles sont des « surprises de l’amour », c’est à dire des analyses de la naissance
du sentiment amoureux: la double inconstance (1723), le jeu de l’amour et du hasard
(1730), le triomphe de l’amour (1732) ou l’heureux stratagème (1733) sont, avec les
fausses confidences, les oeuvres les plus connues
D’autres pièces sont d’inspiration philosophique ou sociale comme l’île des esclaves
(1725) ou l’île de la raison (1727)
a) un accueil froid
Créée en mars 1737, la pièce n’est jouée que 6 fois avant de disparaitre de l’affiche: 5 fois
à Pairs sur la scène du théâtre-italien, le principal concurrent de la comédie-française et
une fois au château de Versailles.
C’est peu, même si on prend en compte que 13 à 15
représentation constituent un beau succès.
Ce n’est donc ni un triomphe ni un naufrage,
c’est un entre-deux.
Entre la 1ère et la 5ème représentation, les recettes elles,
s’effondrent de moitié, passant de 1175 livres à 534.
b) les raisons de l’insuccès
d’Arlequin poli par l’amour (1720) au Jeu de l’amour et du hasard (1730), Marivaux a
consacré 5 pièces à la « surprise de l’amour », à sa naissance.
Les fausses confidences
sont venues comme une nouvelle variation de ce thème, sans grande originalité.
La
construction de la pièce paraît à beaucoup déséquilibrée avec un 1er acte jugé trop lent,
le jeu des acteurs médiocre.
Enfin, la programmation de la pièce en fin de saison
théâtrale, qui cette année là s’achève en avril, ne lui laissant aucune chance de s’installer
dans la durée.
c) l’éclatante reprise de 1738
Les fausses confidences sont jouées un an plus tard, en juillet 1738 par les mêmes
comédiens, sur la même scène.
Servie par un très subtil jeu des acteurs, la pièce apparait
dans toute sa nouveauté et son originalité.
Le succès dès lors ne se démentira plus.
C’est l’une des comédies les plus jouées de Marivaux, régulièrement reprise par la
comédie-française, au théâtre de la commune ou de l’odéon, ainsi qu’en province.
Elle a
fait l’objet d’un film (de Daniel Moosmann en 1984), d’un téléfilm (de Luc Bondy) et a été
reprise de nombreuses fois (notamment par Didier Besace)
contexte
a) le XVIIIème siècle: une époque de renouveau
- louis XIV meurt en 1715: Marivaux à 27 ans: régence de Philippe d’Orléans marqué par
l’émancipation des moeurs: une « morale du plaisir » commence à s’imposer
- La banqueroute de Las est propice à un brassage social: enrichissement des bourgeois
-
qui côtoient les aristocrates dans des salons: la fortune, le méritent tendent
progressivement à remplacer la naissance comme critères de qualité
Marivaux, même s’il n’est pas révolutionnaire, s’interroge sur la structure pyramidale de
la société qui peut provoquer des injustices sociales
b) le théâtre au XVIIIème siècle
- grâce au triomphe de Molière, Racine, Corneille… le théâtre reste le genre le plus
important du XVIIIème
- Abondante floraison d’oeuvre dynamiques (Diderot, Voltaire, Rousseau…), mais la
-
scène française n’a reconnu que 2 véritables génies: Beaumarchais et Marivaux.
La
comédie domine !
Dans la 2ème moitié du XVIIIème, une évolution se dessine, révélatrice des tendances
philosophiques et politiques du siècle.
Le théâtre a davantage la tâche de diffuser un
véritable enseignement moral
c) une pièce dans la lignée de l’oeuvre marivaudienne
- très tôt, Marivaux se distingue par son goût prononcé pour la peinture de la
psychologie amoureuse
- Il excelle à analyser la surprise de l’amour: « j’ai guetté dans le coeur humain toutes les
-
niches différentes où peut se cacher l’amour lorsqu’il craint de se montrer, et chacune
de mes comédies à pour objet de le faire sortir d’une de ses niches » (Marivaux)
Ce n’est plus le père qui constitue l’obstacle de l’amour (comme pour Molière), mais
l’amour-propre, les personnages ne voulant pas reconnaitre qu’ils sont amoureux
d) un titre programmatique
- titre pose d’amble la question d’une dialectique entre le « faux » (fausses) et le « vrai »
-
-
(confidences), la duplicité et la sincérité.
Il semble mettre sur le même plan, la
thématique du masque, du faux semblant et celle de la révélation des sentiments
De nombreuses pièces exploitent cette dialectique par le biais du travestissement (le
jeu de l’amour et du hasard), mais dans les fausses confidences, les personnages ne
sont pas travestis: c’est par la fausse confidence qu’ils vont tout à tour éprouver l’autre:
la parole devient manipulation
Ce titre a donc aussi pour fonction d’avertir le spectateur, invité à se méfier de cette
parole mensongère
Enfin, le titre peut aussi être appréhendé dans sa dimension métathéatrale: le théâtre,
par essence, nous fait entendre de « fausses confidences », c’est par le faux, par
l’illusion qu’on parvient au vrai.
théâtre et stratagème
Les mots « stratagème » et « stratégie » appartiennent à l’origine au vocabulaire militaire.
Dans l’Athènes du Vème siècle aven notre ère, les « stratèges » étaient des généraux en
chef chargés de concevoir et de conduire des opérations de grande envergure.
La « stratégie » était l’art de préparer des plans de campagne, et les « stratagèmes »
constatent en des manoeuvres ou des ruses de guerre destinées à surprendre l’ennemi.
Ces 2 mots de la langue grecque passent en français au XVIème siècle.
S’il y conservent,
et encore de nos jours, leur coloration militaire, ils y prennent des significations plus
larges, plus civiles, moins guerrières.
Simple valet dans les fausses confidences, Dubois
peut ainsi être qualifié de « stratège » dans la mesure où il passe par la ruse pour
éprouver Araminte.
Les procédés et subterfuges qu’il utilise pour parvenir à ses fins sont,
eux, des « stratagèmes » soigneusement calculés.
Au théâtre, tout stratagème est un jeu, une fiction.
Or ce jeu s’inscrit dans un univers qui
est lui-même fictif.
Le stratagème est ainsi un révélateur de ce qu’il est convenu d’appeler
la théâtralité, c’est à dire, l’essence même du théâtre.
I - les objectifs de la tragédie:
Il n’y a pas de stratégie ni de stratagème sans définition précise du but a atteindre.
C’est
une des fonctions de l’exposition que de présenter ce but.
Celui-ci varie naturellement
d’une comédie à une autre.
Certains d’entre eux reviennent toutefois plus fréquemment
que d’autres:
a) organiser une escroquerie
Genre théâtral très ancien, la farce est toujours l’histoire d’une tromperie.
Destinée avant
tout à faire rire, elle connu un vif succès jusqu’au milieu du XVIème siècle, puis un
nouveau départ dans le 1er tiers du XVIIème siècle.
Molière lui-même ne dédaigna pas
d’y recourir dans les précieuses ridicules par exemple.
b) démasquer un imposteur
Un autre objectif, également fréquemment dans la comédie est de démasquer un
charlatan ou un hypocrite.
Même si elle ne l’atteindra pas, c’est ce que madame Argante
tente de faire.
Celle-ci soupçonne Dorante de ne pas être un « honnête homme »n c’est à
dire qu’elle le soupçonne d’être un coureur de dot, plus intéressé par l’argent de sa fille
que par sa fille elle-même.
Autre exemple: Tartuffe ou l’imposteur - Molière
c) entreprendre une conquête amoureuse
Rares sont les comédies qui ne possèdent pas d’intrigue amoureuse.
Souvent, dans
presque toutes les comédies de Molière par exemple, un obstacle empêche un mariage
de se concrétiser, parce qu’il se heurte à l’opposition d’un père ou d’un tuteur.
Le but est
alors de lever cet obstacle.
Dans les fausses confidence, l’obstacle est l’amour propre
d’Araminte, sa raison, qui l’empêche de constater son amour pour Dorante.
Autre
exemple: Cyrano de Bergerac - Edmond Rostand
II - les formes dramaturgies des stratagèmes
Le but à atteindre étant fixé, reste à imaginer les stratagèmes permettant de l’atteindre.
Leur mise en oeuvre constitue le fil principal de l’action, notamment dans la comédie
d’intrigue.
3 stratagèmes revient souvent parce qu’ils sont sources de quiproquos, donc
de comique:
a) le changement d’habit comme manipulation des apparences
Changer d’habit, c’est changer son apparence et les apparences.
Ce stratagème se
retrouve dans le médecin malgré lui ou les fourberies de Scapin de....
»
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