CHAPITRE H5 : L’AFFIRMATION DE L’ETAT DANS LE ROYAUME DE FRANCE I-
Publié le 24/06/2024
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CHAPITRE H5 : L’AFFIRMATION DE L’ETAT DANS LE
ROYAUME DE FRANCE
I-
La construction du premier absolutisme royal (1515-1653)
A- Un Royaume encore féodal à l’avènement de François Ier ?
Au début du 16ème siècle, le Roi est un roi-suzerain, seigneur de différents territoires parfois enchevêtrés.
Dans le
cadre de la féodalité, le roi est un primus inter pares.
Pourtant, il y a déjà deux siècles d’affirmation de majestas
royale.
Les grands féodaux ont déjà perdu les grands droits régaliens face à l’intervention croissante des hommes
du Roi pour lever l’armée, les impôts, juger.
Certaines zones du pays sont encore sous souveraineté étrangère :
Calais jusqu’en 1558 aux Anglais, le Comtat Venaissin et Avignon au Pape… Néanmoins, le territoire français
fascine ses voisins par sa taille importante et son aspect compact de 450 000 km².
Le problème est que chaque espace (province, ville, groupe social…) conserve ses lois et ses privilèges qu’il
défend contre les « novelletés ».
Dans ce cadre, le rôle du Roi est de les protéger.
Il y a ainsi environ 60 coutumes
générales et plus de 300 locales.
En 1454, l’ordonnance de Montils-lès-Tours impose que les coutumes soient
écrites pour les fixer et éviter les flous, la loi royale comblant les « trous ».
B- L’affermissement du pouvoir royal sous François Ier et Henri II
1- Les bases théoriques du pouvoir royal au début du XVIème siècle
Le pouvoir royal a plusieurs légitimités :
-il est un suzerain féodal, ce qui le met au sommet de la pyramide seigneuriale.
-il est « empereur en son royaume » selon les juristes, c’est-à-dire qu’il n’y a aucun pouvoir supérieur au sien en
son royaume même venu du Pape.
Néanmoins, beaucoup estiment qu’il est limité par le respect de la foi, les
Parlements et les coutumes.
-il est le « Très Chrétien » des clercs.
Il est placé sur le trône de France par la volonté de Dieu dont il est le
lieutenant sur terre.
Son pouvoir divin est issu du sacre à Reims et visible dans son pouvoir thaumaturgique, de
la « grâce de guérir les écrouelles » exercé à Pâques, à la Pentecôte, à la Toussaint et à Noël où il dit « le Roi te
touche, Dieu te guérit » (« te guérisse » à partir de 1722).
-il est le « beau Prince » des Humanistes : on exalte son corps comme image de la perfection du corps de l’Etat
(François Premier grâce à sa haute stature est le parfait chevalier… en dehors de ses défaites) ; on exalte sa
puissance par la beauté de sa Cour et de ses châteaux.
2- Les moyens de l’affirmation du pouvoir royal
Il se renforce d’abord par la mise au pas progressive des aristocrates :
féodale en Italie.
-par la guerre qui déplace leur violence
-au travers de la Cour qui les éduque
au travers de ses fêtes, de ses codes.
-par la punition : ainsi, le connétable
de Bourbon voit ses terres confisquées et incluses dans le domaine royal après sa trahison pour Charles Quint.
-grâce au Concordat de Bologne
d’Août 1516 qui donne au roi la nomination aux plus hautes charges ecclésiastiques et donc des moyens de
fidéliser la noblesse grâce à ces postes.
Parallèlement, le Roi crée une nouvelle noblesse dite de robe à côté de la noblesse traditionnelle dite d’épée.
Ainsi, il multiple les charges royales anoblissantes (offices).
Les officiers sont 10 000 sous Henri II.
Cela lui
donne de nouvelles ressources, des fidèles promus parmi les notables et diminue le pouvoir des Grands qui
méprisent ce chemin d’anoblissement (« savonnettes à vilains »).
Le pouvoir royal se renforce aussi par une action législative accrue.
Les actes royaux se multiplient : sous
François 1er 32 000, sous Louis XV 250 000.
Parmi les plus marquants, il y a l’ordonnance de Villers-Cotterêts
d’Août 1539.
Avec 192 articles, elle est un véritable arsenal juridique royal : elle impose la rédaction des actes
notariés en français ; la généralisation de l’enregistrement des baptêmes par les curés.
Les lits de justice imposent
par leur cérémonial l’autorité royale.
Il se renforce également grâce au développement et à la structuration de l’Etat central.
Le Conseil du Roi se divise
en conseil privé (Cour d’appel et de Cassation) et en conseil restreint (politique générale, diplomatie, paix,
guerre).
4 secrétaires d’Etat sont créés et donnés à des nobles de robe pour s’occuper de finances.
A partir de
1548, des commissaires sont envoyés en chevauchées pour vérifier le déroulement de la justice et des finances
dans les provinces.
Les Etats-Généraux ne sont plus réunis après 1484.
Les Grands, les Princes de sang sont écartés des conseils
royaux et sont remplacés par des conseillers nommés en raison de leurs compétences.
Il se renforce de même grâce au développement des finances royales pour couvrir les dépenses qui ne cessent de
monter.
Le roi féodal est un roi dépensier qui doit donner des largesses.
Mais, c’est la guerre qui grève fortement
les finances royales.
Le roi a donc recours régulièrement aux impôts et à l’emprunt forcé.
De plus, le pouvoir royal se consolide avec la guerre.
François 1 er combat la puissance des Habsbourg qui
« encercle » le royaume, mais échoue en Italie devant l’Empereur Charles Quint lors de la défaite de Pavie, le 24
février 1525 où il est fait prisonnier.
Henri II obtient, lui, Calais et Boulogne à la paix du Cateau-Cambrésis en
1558.
Enfin, il se renforce grâce à la propagande royale qui se développe autour de l’image du Roi.
Les rois multiplient
les châteaux ou les rénovent : Amboise, Blois, Chambord et Fontainebleau pour François 1er.
Le cérémonial
autour de la personne royale se développe.
La vie de Cour de plus en plus raffinée magnifie la personne royale,
mais le cérémonial reste simple avec une Cour itinérante.
3- Les résistances au développement du pouvoir royal
Le pouvoir royal a des limites traditionnelles : la primogéniture mâle, la non aliénation du domaine royal et la
majorité à 14 ans.
Mais, il doit aussi être fidèle à la religion catholique et la défendre.
Les limites du premier absolutisme sont aussi liées à la faiblesse des moyens humains de l’Etat pour faire
appliquer les décisions royales : 7/8 000 hommes au 16ème siècle.
Cela permet aux nobles de résister à la loi royale
sur leurs terres ou au sein des parlements.
La crise religieuse de la Réforme met plus conjoncturellement à mal l’autorité royale.
Les idées de Luther sont
présentes à la Cour dans l’entourage de François Premier (sa sœur Marguerite d’Angoulême), mais l’affaire des
Placards change tout : dans la nuit des 17/18 octobre 1534, des affiches sont placardées à Paris, dans plusieurs
villes de province et jusque sur la porte de la chambre du Roi à Amboise.
Pour le roi, c’est une atteinte sacrilège
à sa personne et à sa foi.
Le 24 juin 1539, il prend un édit répressif.
La répression culmine en 1546, mais Henri
II se montre encore plus dur.
Il crée la « Chambre ardente » spécialement pour juger les protestants : entre 1547
et 1550, il y a 38 hérétiques brûlés vifs.
C- Les troubles religieux sous les derniers Valois et Henri IV (1552-1610)
1- Le pouvoir royal affaibli par les guerres de religion
Malgré la répression royale, le protestantisme français s’organise dans la Confessio gallica ou « confession de
La Rochelle » en 1539.
Le protestantisme touche peu les paysans sauf dans les Cévennes et le Poitou.
La noblesse
se convertit plus volontiers et tend à s’organiser en « parti » dans le cadre de seigneuries ou d’oligarchies urbaines
face à l’affaiblissement du pouvoir royal après la mort d’Henri II.
S’ensuit donc une longue période de guerres de religion qui opposent le pouvoir royal aux pouvoirs nobiliaires
et locaux.
En janvier 1562, un édit de tolérance autorise le culte protestant hors des villes fortifiées.
Mais, la 1 ère guerre de
religion de mars 1562 à mars 1563 aboutit à l’édit d’Amboise par Catherine de Médicis qui affirme la liberté de
conscience, mais limite la pratique et l’interdit à Paris.
La 2ème guerre de religion de septembre 1567 à mars 1568
aboutit à la paix de Longjumeau qui confirme l’édit d’Amboise.
La 3ème guerre de religion de 1569 à août 1570
mène à l’édit de Saint-Germain plus favorable aux protestants avec le don de 4 « places de sûreté » (La Rochelle).
Le mariage du protestant Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, fille d’Henri II, le 18 août 1572 à Paris
relance les hostilités.
Des chefs protestants sont assassinés dans la nuit du 23/24 (nuit de la Saint-Barthélemy).
Le lendemain matin une deuxième Saint-Barthélemy « populaire » imprévue fait 2000 morts.
La 4ème guerre de
religion qui s’ensuit aboutit à l’édit de Boulogne qui confirme celui de Saint-Germain.
Charles IX endosse la responsabilité du massacre, mais cela désacralise son pouvoir royal, car il est
traditionnellement un roi de justice.
Dans le Midi, les villes protestantes forment un véritable contre-Etat dont
Henri de Navarre est le....
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