Les regimes totalitaires
Publié le 26/01/2025
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«
H1-2 LES REGIMES TOTALITAIRES
A LA RECHERCHE D’UNE NOUVELLE GEOPOLITIQUE EUROPEENNE
Introduction : La Première Guerre mondiale, par la brutalisation des sociétés, est un bouleversement profond pour
les pays européens.
Si en Russie, les révolutions aboutissent à la mise en place progressive d’un régime communiste,
la Première Guerre mondiale fragilise les démocraties.
Par ses traités, elle fait naître en Allemagne et en Italie des
mouvements politiques antidémocratiques violents qui prospèrent sur les difficultés économiques et la montée du
communisme.
Des régimes que l’on qualifiera plus tard de totalitaires se mettent en place en Russie, en Italie et en
Allemagne.
Problématique : Pourquoi qualifier les régimes russe, allemand et italien de totalitaires et comment ont-ils fait
basculer l’Europe et le monde dans la guerre ?
I.
Des racines et des pratiques communes.
A.
Des régimes issus de la brutalisation des sociétés.
L’impact de la Grande Guerre : Le régime communiste qui s’installe progressivement en Russie est né dans le contexte
de la Première Guerre mondiale, avec le soulèvement de la population et des mutineries qui aboutissent à la chute du
Tsar Nicolas II, remplacé par un gouvernement provisoire qui est à son tour renversé par un coup d’état construit par
les Bolcheviks, mouvement minoritaire communiste dirigé par Lénine (octobre 1917).
En Italie, Benito Mussolini prend
les rênes du PNF, parti national fasciste dans un pays qui se sent trahi par la « victoire mutilée » et réclame les terres
irredente qu’elle n’a pas obtenu à l’issue des traités de paix.
Alors que les grèves se multiplient, Mussolini s’appuie sur
les Squadre ou chemises noires (groupe paramilitaire majoritairement composé de soldats démobilisés qui mènent
des opérations violentes) pour créer un climat de violence favorable à sa nomination à la tête de l’Italie (marche sur
Rome en octobre 1922).
En Allemagne, la République de Weimar, née en 1918, est considérée par les partis politiques
d’extrême droite comme responsable de la défaite et de l’humiliation de Versailles.
Le poids de la crise économique : L’autre racine commune à ces régimes totalitaires est la misère.
En Russie, la
Première Guerre mondiale, puis la guerre civile qui oppose les communistes aux « Blancs » entre 1917 et 1922, créé
les conditions nécessaires à l’établissement d’un régime violent dans un pays déjà marqué par une grande misère.
La
crise économique très grave que connaît l’Italie après la Première Guerre mondiale est aussi un facteur expliquant
l’arrivée au pouvoir de Mussolini.
Mais c’est en Allemagne que le poids de la crise économique est le plus fort dans la
mise en place du régime totalitaire.
Si le NSDAP, le parti nazi est présent dès les années 20 en Allemagne, il reste
marginal et ne connaît pas de succès politiques majeurs avant l’arrivée de la crise économique de 1929 en Allemagne
qui créé les conditions favorables à la nomination d’Hitler comme chancelier en janvier 1933, dans un contexte de
violence extrême organisée par les SA (sturmabteilung, organisation paramilitaire issue du parti nazi) et de lutte avec
leurs principaux opposants, le parti communiste allemand.
B.
Une société contrôlée.
Un culte du chef organisé par une propagande puissante : Dans les régimes totalitaires, la place du chef est centrale
et un véritable culte se met en place autour de ces guides, de ces leaders qu’il faut écouter et suivre aveuglément.
De
manière différente, ils occupent chacun l’espace médiatique grâce à une propagande savamment orchestrée par des
hommes comme Joseph Goebbels, le ministre allemand de l’information et de la Propagande.
Le Duce, le Vojd ou le
Führer sont omniprésents, ne se trompent jamais et se sacrifient pour leur nation, invitant les populations à faire de
même.
De grandes manifestations sportives ou politiques sont organisées, mettant en scène cette adhésion populaire
comme à Nuremberg ou bien encore lors des festivités de la révolution d’octobre sur la Place Rouge à Moscou.
Des sociétés encadrées : Dans les états totalitaires, l’individu doit s’effacer au nom de la construction d’une société
nouvelle, d’un homme nouveau.
Chaque moment de la vie sociale est encadré par une organisation issue du parti
unique : les organisations de jeunesse (Jeunesses hitlériennes, Balilla et Avant-gardistes, Pionniers et Komsomols), le
travail (Front du travail, soviet), la vie sociale et politique au sein du parti qui devient un ascenseur social (PCUS, parti
fasciste, parti nazi).
En Allemagne, l’organisation Kraft durch Freude (la Force par la joie) organise les temps libres et
les vacances des travailleurs.
L’ensemble de la vie politique est politisé et les résistances restent faibles, malgré
certaines tentatives au sein des milieux catholiques en Italie et en Allemagne et orthodoxes en URSS.
C.
Une économie dirigée.
Le dirigisme d’état allemand et italien : En Italie, Mussolini lance des programmes ambitieux pour faire de son pays
une grande puissance industrielle et agricole autour de l’assèchement des terres insalubres.
Avec le contrecoup de la
crise économique, le dirigisme italien s’accentue.
L’IRI (institut pour la reconstruction industrielle) est créé en 1933 et
contrôle une large part de l’industrie italienne.
En Allemagne, le même schéma de politiques de grands travaux se met
en place, mise en lumière par une propagande intensive.
L’autre chemin choisi par l’Allemagne et l’Italie est celui de
l’autarcie, c’est-à-dire d’une économie fermée.
La bataille de l’emploi n’est gagnée en Allemagne que dans la cadre du
réarmement (en 1939, les 2/3e du revenu national sont consacrés au réarmement) et au prix d’une baisse importante
du pouvoir d’achat et d’un pillage industriel des pays annexés.
Mais le recul du chômage explique en partie l’adhésion
de la population aux régimes totalitaires.
La politique économique de Staline : En 1929, Staline lance son pays dans une grande réforme économique : il s’agit
de faire de l’URSS une grande puissance industrielle.
Pour y arriver, l’État nationalise l’ensemble de l’économie et fixe
des objectifs de production (planification) à l’industrie lourde.
Dans un pays largement agricole, l’agriculture est
sacrifiée pour financer l’industrialisation forcée.
La propriété privée est supprimée et les terres sont regroupées dans
des fermes collectives d’État (sovkhozes).
La désorganisation totale du monde agricole entraîne des famines,
attribuées aux koulaks (paysans opposés à la collectivisation) mais le régime glorifie les nouveaux héros comme
Stakhanov, mineur qui aurait produit 14 fois plus que les objectifs.
II.
Des idéologies différentes qui légitiment la violence.
A.
Le socialisme soviétique.
Le socialisme soviétique : Le parti bolchevik qui prend le pouvoir à partir de 1917 sous la tutelle de Lénine s’appuie
sur le communisme.
Il s’agit d’une idéologie qui vise à la création d’une société égalitaire sans classe.
Pour y parvenir,
les ouvriers (les prolétaires) doivent faire la révolution et imposer des réformes : c’est la dictature du prolétariat.
Pour
les soviétiques, le communisme doit s’établir dans le monde entier et l’URSS doit aider à la mise en place d’une
révolution mondiale.
C’est le rôle du Komintern, organisation internationale communiste dont le siège est à Moscou.
Staline, qui s’empare progressivement du pouvoir en 1927, pousse à la naissance de l’Homme nouveau.
La Terreur stalinienne au cœur de l’idéologie : Tous ceux qui s’opposent au pouvoir sont considérés comme des
ennemis de la classe ouvrière.
Le pouvoir soviétique met en place dès 1918 des premiers camps dans lesquels il s’agit
de « rééduquer » par le travail.
Ce sont en fait des camps de travail forcé administré par le Goulag.
Staline, qui arrive
au pouvoir en éliminant ses opposants, s’appuie sur la police politique, le NKVD, pour traquer ceux qu’il appelle « les
ennemis de l’intérieur », en fait tous ceux qui s’opposent, même et surtout au sein du Parti Communiste.
Entre 1936
et 1938, la Grande Terreur s’abat sur l’URSS.
La violence d’état devient systématique, des objectifs sont fixés dans les
provinces.
Entre 1,5 et 2 millions de personnes sont arrêtées, condamnées à mort (750 000) ou envoyées dans des
camps.
Les principaux opposants à Staline sont jugés en public pendant les Procès de Moscou, et sont généralement
condamnés à la peine de mort.
B.
Le fascisme italien.
Définir le fascisme : Avec les lois fascistissimes de 1925-1926, Mussolini met en place les outils nécessaires à
l’encadrement de la société.
Le fascisme se base sur une double référence au passé glorieux de l’Italie (L’Empire
romain) et sur la volonté de construire un état moderne autour de son chef.
Il s’appuie donc sur un fort nationalisme
et un rejet de la démocratie et du communisme.
La culture de guerre, visible dans l’encadrement militaire de la société,
tout comme dans la propagande après la guerre en Éthiopie, est un élément central du fascisme.
Le fascisme intègre
de manière incomplète un racisme d’état, affirmant la supériorité du peuple italien.
En 1938, une série de lois
antijuives complètent la définition du fascisme.
Une violence d’état antidémocratique : Si le nombre de victimes du régime de Mussolini n’est pas comparable avec
l’Allemagne et l’URSS, l’Italie est un état policier dans lequel les opposants politiques sont systématiquement
pourchassés.
Après l’assassinat de l’opposant Matteotti (1924) et les lois fascistissimes, Mussolini utilise la violence
pour asseoir son autorité.
L’OVRA, police politique mise en place en 1927, traque les opposants politiques,....
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