A l'aide d'exemples précis, vous expliquerez et discuterez cette phrase d'un critique contemporain sur la création littéraire : « On n'écrit pas parce qu'on sait, on écrit pour tenter d'éclairer la part d'ombre qui nous échappe. »
Extrait du document
«
A l'aide d'exemples précis, vous expliquerez et discuterez cette phrase d'un critique contemporain sur la création
littéraire : « On n'écrit pas parce qu'on sait, on écrit pour tenter d'éclairer la part d'ombre qui nous échappe.
»
La formule proposée a le mérite de nous permettre de distinguer la littérature du langage scientifique.
Un savant
n'écrit que pour faire connaître le résultat de ses recherches, une fois que celles-ci sont achevées.
Le texte qu'il
rédige est l'expression d'une pensée préalablement élaborée.
Mais le poète, lui, écrit parce qu'il ne sait pas : il
cherche et sa recherche n'est autre que son oeuvre.
Il ne peut prévoir quelle découverte elle lui apportera.
Comme
le dit Ionesco, le véritable écrivain n'est pas celui qui énonce des réponses, c'est celui qui pose des questions.
D'ailleurs, si l'oeuvre littéraire avait pour rôle de formuler un savoir préexistant, elle ne se justifierait pas, car un tel
savoir pourrait être exprimé d'une manière plus concise et plus claire.
Point ne serait besoin d'un long roman ni de
cent poèmes s'il ne s'agissait que d'énoncer une vérité totalement maîtrisée.
Mais le langage littéraire est un
langage indirect qui, par approximations successives, essaie de cerner une vérité difficile et rebelle qui se dérobe à
la claire conscience.
C'est la nature de cet objet fuyant qui justifie les formes qu'emprunte la littérature : images,
symboles, fictions, etc.
Plusieurs exemples peuvent illustrer ce caractère de la démarche littéraire.
En premier lieu l'oeuvre de Proust dont le
titre à lui seul (A la recherche du temps perdu) est assez éclairant.
Proust poursuit la chimère d'une éternité qui
serait la vérité secrète du temps.
Rien n'est gagné d'avance dans cette tentative.
Ni Proust ni son lecteur ne
savent si cette longue quête aura un terme, ni quel en sera le succès.
Gérard de Nerval, en interrogeant ses
souvenirs, en scrutant les significations mystérieuses des moindres actes de sa vie, cherche à cerner le sens de sa
destinée.
Qui suis-je? Où vais-je? telles sont les questions qu'il se pose par toute son oeuvre.
Dernier exemple :
Kafka.
Nul écrivain n'est allé plus loin que lui dans l'interrogation métaphysique et l'exploration du fantastique.
Tels sont l'écrivain et le poète véritables.
Mais il faut dénoncer les imposteurs : ceux qui mettent une poésie factice
au service d'une idée
ou d'une doctrine qui préexiste à leur oeuvre.
Rien n'est plus contraire à la véritable littérature que la littérature
didactique..
»
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