Aimé Césaire
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On peut être tenté de considérer Aimé Césaire comme le dernier et le plus brillant épigone de l'école surréaliste française, tout au moins si l'on se réfère au témoignage d'André Breton lui-même : " La poésie de Césaire, comme toute grande poésie et tout grand art, vaut au plus haut point par le pouvoir de transmutation qu'elle met en oeuvre... On y reconnaîtra ce mouvement entre tous abondant, cette exubérance dans le jet et la gerbe, cette faculté d'alerter sans cesse de fond en comble le monde émotionnel jusqu'à le mettre sens dessus dessous, qui caractérisent la poésie authentique. "
Mais il est infiniment plus judicieux de situer Césaire à sa vraie place de fondateur de la nouvelle littérature africaine, au sein du mouvement de la négritude qui prit naissance en France aux environs de 1932. C'est alors, en effet, qu'un groupe d'étudiants noirs, mené par Léopold Senghor, Léon Damas et Aimé Césaire, jeta les bases de l'émancipation tant politique que culturelle de l'Afrique.
Césaire n'est cependant ni Français, ni Africain.
A la Martinique, rien ne le différenciait des milliers d'autres négrillons qui grouillaient sur cette île surpeuplée : case de bois, six frères et soeurs, parents pauvres et laborieux. Mais l'enfant arrive à suivre l'école, à obtenir une bourse pour la France, à entrer à Normale Supérieure. Dès lors, sera-t-il simplement un diplômé et aussitôt embourgeoisé, comme il est d'usage chez ces descendants d'esclaves qui arrivent à sortir des rangs et passent alors du côté des maîtres ? Non, car cet enfant est un poète, extra-sensible et extra-lucide. Que voit-il, que sent-il donc que personne n'ait vu et ni senti encore en ce premier tiers du XXe siècle ?
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