Albert SAMAIN (1858-1900) (Recueil : Au jardin de l'infante) - Les colombes
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Albert SAMAIN (1858-1900) (Recueil : Au jardin de l'infante) - Les colombes Partout la mer unique étreint l'horizon nu, L'horizon désastreux où la vieille arche flotte ; Au pied du mât penchant l'Espérance grelotte, Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu. Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu, L'Ame assise à la barre, immobile pilote, Regarde éperdument dans l'ombre qui sanglote Ses colombes s'enfuir vers le port inconnu. Elles s'en vont là-bas, éparpillant leurs plumes A travers le vent fou qui les cingle d'écumes, Ivres du vol sublime enfermé dans leurs flancs ; Et, chaque lendemain, au jour blême et cynique, L'arche voit surnager leurs doux cadavres blancs, Les deux ailes en croix sur la mer ironique.
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