Alfred de MUSSET (1810-1857) (Recueil : Poésies complémentaires) - Sur une morte
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Alfred de MUSSET (1810-1857) (Recueil : Poésies complémentaires) - Sur une morte Elle était belle, si la Nuit Qui dort dans la sombre chapelle Où Michel-Ange a fait son lit, Immobile peut être belle. Elle était bonne, s'il suffit Qu'en passant la main s'ouvre et donne, Sans que Dieu n'ait rien vu, rien dit, Si l'or sans pitié fait l'aumône. Elle pensait, si le vain bruit D'une voix douce et cadencée, Comme le ruisseau qui gémit Peut faire croire à la pensée. Elle priait, si deux beaux yeux, Tantôt s'attachant à la terre, Tantôt se levant vers les cieux, Peuvent s'appeler la Prière. Elle aurait souri, si la fleur Qui ne s'est point épanouie Pouvait s'ouvrir à la fraîcheur Du vent qui passe et qui l'oublie. Elle aurait pleuré si sa main, Sur son coeur froidement posée, Eût jamais, dans l'argile humain, Senti la céleste rosée. Elle aurait aimé, si l'orgueil Pareil à la lampe inutile Qu'on allume près d'un cercueil, N'eût veillé sur son coeur stérile. Elle est morte, et n'a point vécu. Elle faisait semblant de vivre. De ses mains est tombé le livre Dans lequel elle n'a rien lu.
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